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Alexandre Voisard, invité de Tulalu!? au Lausanne-Moudon

Publié le 13 avril 2015 par Francisrichard @francisrichard
Alexandre Voisard, invité de Tulalu!? au Lausanne-Moudon

Ce soir, Tulalu!? reçoit Alexandre Voisard. Et, bien entendu, comme on ne change pas un lieu de rencontres qui marche, c'est au Lausanne-Moudon que Pierre Fankhauser lance à l'invité du jour son désormais célèbre: "Comment ça va?". Alexandre Voisard va bien. Il a bon pied bon oeil et il le prouve en répondant avec bonheur à l'animateur attitré de l'association littéraire romande et en lisant lui-même les extraits de son dernier livre choisis par ce dernier.

Alexandre Voisard aurait voulu être philosophe, mais, à défaut, il est devenu poète. Il dit même qu'il n'est que poète. Et pourtant son dernier livre est un roman, Oiseau de hasard. Enfin, un roman à sa façon. Car dans ce roman il a voulu ressusciter la figure de son grand-père paternel, oubliée à dessein par sa famille. Or, pour ce faire, il ne disposait que de très peu d'éléments.

Il savait seulement que Jacques Louis dit Louis Voisard s'était marié une première fois, à 20 ans, avec Marie, de trois ans plus âgée que lui - ce qui était incongru à l'époque - et que Marie était morte six mois après leur mariage. Cette mort paraissait brutale. Il ne pouvait s'agir d'une fausse-couche puisque Jacques Louis dit Louis s'était enfui.

Louis s'était enfui. Etait-il pris d'un remords? Quoi qu'il en soit, il était passé en France voisine et s'était engagé dans la Légion Etrangère, comme en témoigne son livret militaire retrouvé par hasard. Avait-il déserté? Toujours est-il qu'il avait repassé la frontière dans l'autre sens et s'était retrouvé en Suisse, où il avait épousé Cécile, la grand-mère de l'auteur.

A ces maigres éléments s'ajoutaient quelques anecdotes, glanées ici ou là, malicieusement, auprès de membres de la famille. Sa grand-mère ne chantait pas, mais grand-papa ne chantait-il pas puisqu'il était musicien? Grand-papa était mort, mais n'avait-il pourtant pas une bonne santé? Il était mort d'un remède prescrit par un médecin...

Alexandre Voisard, sans être historien, fait alors quelques recherches sur l'époque, sur les événements qui s'y sont produits, sur la vie des habitants de la région. Comme il a l'âme d'un villageois, il arpente les villages par lesquels son grand-père est passé et les regarde avec des yeux qui auraient pu être ceux de ce dernier pour les lui raconter.

Mis bout à bout, ces éléments et ces anecdotes constituent une trame mince. Comme dit Alexandre Voisard, il ne reste plus qu'à remplir l'intervalle entre le début et la fin, puisque l'état-civil fournit ces deux termes de l'existence de l'aïeul. Alors, il se met à la tâche, non sans mal. Par deux fois, il est sur le point de renoncer, mais il persévère.

D'ordinaire, il écrit dans l'urgence et il n'y a pas d'heure pour cela, que ce soit le jour ou la nuit. Mais, cette fois, il se fait assidu, consacre ses matinées à l'achèvement de ce texte, qui lui aura demandé plusieurs années de mûrissement. Ce qui le meut, c'est certainement cette volonté qu'il a de partager avec les autres, comme il aime que les autres partagent avec lui.

Alexandre Voisard écrit pour trouver des réponses à des questions et se donne des réponses pour trouver les questions auxquelles elles correspondent. Cette dialectique lui permet d'avancer dans la vie. S'il est poète, il n'en garde pas moins les pieds sur terre. Il éprouve le besoin d'exprimer toujours la matérialité des choses.

Pour Alexandre Voisard poète, le choix du mot est un jeu cruel. Parce qu'une fois que le mot est écrit, il s'échappe, il acquiert son indépendance. Celui qui le reçoit peut en effet le comprendre bien différemment de celui qui l'emploie. Il n'empêche qu'un seul mot vient souvent tout naturellement sous la plume et qu'il n'est pas possible d'en employer un autre.

A la fin d'Oiseau de hasard, dont le titre vient du sobriquet donné par un colonel suisse à l'auteur qui prononçait son patronyme "oisard", l'auteur parle des étoiles où se retrouvent après leur mort, autour de celle du berger, tous les disparus de la famille. Jacques Louis dit Louis les rejoindra, après sa période de purgatoire. Car tous s'y rendent, mais pas toujours directement.

Et son petit-fils, Alexandre, les rejoindra-t-il quand il sera mort? lui demande Pierre Fankhauser. Alexandre Voisard lui répond: "Je n'ai pas encore choisi l'itinéraire..."

Francis Richard

Oiseau de hasard, Alexandre Voisard, 208 pages, Bernard Campiche Editeur (2013)

Au cours du repas qui a précédé la rencontre avec Alexandre Voisard, un SMS est parvenu, demandant qu'il récite un poème et que cette récitation soit enregistrée. Avec mon smartphone, voici le modeste enregistrement que j'ai réalisé et posté sur YouTube:  


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