Mon métier d’accompagnante en relation d’aide me conduit à m’interroger souvent sur la relation que j’entretiens avec les personnes que j’accompagne.
Je vous propose aujourd’hui quelques réflexions sur cette relation qui s’engage dans toute démarche thérapeutique ou plus largement dans un travail d’accompagnement. Cette relation entre une personne en demande d’aide et le professionnel qui se propose de l’accompagner.
Comme vous le savez, une relation a toujours deux extrémités. Chacune des personnes tient un bout de cette relation et est responsable de son extrémité.
Dans une relation d’aide et d’accompagnement, que se passe-t-il à chacune de ces extrémités ?
- Voyons d’abord ce qui se passe du côté de la personne accompagnée.
Pour beaucoup de personnes, il est difficile de demander de l’aide, de reconnaître que quelque chose ne va pas et d’admettre qu’on est dans l’impossibilité de résoudre ce problème seul.
On me demande parfois : « est-ce que j’ai besoin de venir vous voir, est-ce que j’ai besoin d’être aidé? »… or je crois que la réponse appartient à chacun : il revient à chacun de savoir quel est son besoin et s’il souhaite être accompagné.
D’expérience, les personnes viennent souvent consulter un praticien quand les difficultés deviennent vraiment insurmontables et qu’elles ont acquis la certitude qu’elles ne s’en sortiraient pas par elles-mêmes… Et elles attendent ensuite que ce travail devenu urgent porte ses fruits de façon immédiate… or les changements peuvent mettre du temps à se mettre en place, ce qui peut engendrer de la déception chez l’accompagné.
Pour moi, le critère qui devrait amener à faire un travail sur soi-même est double : il y a d’abord la conscience que quelque chose chez nous ou dans notre vie ne va pas tout à fait comme on le souhaiterait… et donc une forme de gêne ou de souffrance vis-à-vis de cette situation. Il n’est pas nécessaire, je le rappelle, d’être au bord du suicide pour consulter… Car même s’il n’est jamais trop tard, il est plus difficile de sortir d’une dépression sévère que d’une baisse de régime passagère…
Cette conscience de la difficulté, si elle s’accompagne par ailleurs d’un désir de changement, peut amener la personne à réaliser ce travail sur soi.
Travailler sur soi est en effet un processus de changement et celui-ci ne peut se faire qu’à condition d’en être volontaire.
Comme le dit Jacques Salomé : « La porte du changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur ».
Bien sûr, les résistances sont au programme de toute démarche d’introspection et de changement, et c’est à travers la relation avec le praticien que ces résistances vont être traversées et dépassées.
Travailler sur soi est courageux, cela implique de remettre en cause des schémas, des modes de fonctionnement, des croyances… de lâcher certaines choses pour en créer d’autres, plus adaptées à la personne que nous sommes devenue. Le changement, c’est l’inconnu, et cela peut nous renvoyer à des peurs. C’est pourquoi j’ai un respect profond pour toutes ces personnes qui me font l’honneur et la confiance de venir me voir, de me raconter leur vie, leurs difficultés…
- Que se passe-t-il du côté de l’accompagnant ?
L’accompagnant tente, à l’aide de l’outil auquel il s’est formé, de permettre à la personne de s’entendre… et de s’autoriser à changer.
Il y a de son côté également parfois des doutes, des incertitudes… Chaque rencontre est unique et nous engage pleinement en tant que professionnels.
De façon plus personnelle, je voudrais vous témoigner de ce qui est selon moi le vrai moteur du changement, bien au-delà des outils et des méthodes utilisés par le praticien.
Ce moteur, c’est l’Amour.
L’Amour au sens de l’acceptation inconditionnelle de l’autre… celui qui permet de regarder l’autre comme un être unique et exceptionnel et de se sentir relié à lui.
Je suis devenue accompagnante en relation d’aide car je me sens nourrie et portée par les rencontres vraies, je me sens éblouie par les possibles de chacun et cette puissance de vie présente en chaque personne.
Voici ce que j’ai envie de dire et de transmettre aux personnes que je reçois :
« Tu as le droit d’être là, avec tes difficultés et tes ressources… et je t’accueille tel que tu es.
Je ne vais pas te demander de changer, mais si tu as envie de changer, je suis là pour t’accompagner sur cette route vers l’inconnu. Je n’ai pas de désir sur toi, j’ai juste celui de te rencontrer tel que tu es vraiment, derrière tes masques, et tes paroles, derrière ce que tu as appris, derrière le paraître.
Je n’ai pas de réponse pour toi, cela peut t’insécuriser parfois.
Je ne suis pas au-dessus de toi car je suis humaine, traversée aussi d’ombre et de lumière…
Je ne prendrai pas de décision pour toi, même si parfois je te partagerai mon ressenti.
C’est peut-être la première fois que quelqu’un t’accueille ainsi.
Je crois en toi, car je crois que chacun a les ressources en lui pour faire son chemin.
Mon rôle est simplement de te permettre de voir que tu es suffisamment puissant pour faire face à ce qui t’arrive….et créer ta vie. »
Voilà la façon dont j’ai aimée être accompagnée et la manière dont j’aspire à accompagner les personnes que je reçois au quotidien.
C’est en tous cas une aventure dont on sort transformé, tant du côté de l’accompagnant que du côté de l’accompagné
Si vous avez envie de témoigner ou de poser des questions sur ce sujet, je vous invite à laisser un commentaire.
Si ce thème vous intéresse, je vous invite à visionner la vidéo de Jacques Salomé que j’ai postée dans cet article.
A bientôt !