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Si le projet de loi en discussion à l'Assemblée nationale est adopté on pourra poser des micros chez vous sans l'aval ni le contrôle d'un juge !
Publié le 14 avril 2015 par GezaleLe projet de loi sur le renseignement suscite une unanimité à gauche et à droite. Que la droite donne son aval à un texte jugé dangereux par un collectif d’associations de défense des droits de l’homme n’est pas surprenant. Que l’idée vienne d’un gouvernement de gauche nous paraît un tantinet bizarre. Le juge d’instruction antiterroriste Trévidic, invité du Grand journal de Canal Plus, hier soir, a mis en garde les citoyens contre cette loi, par bien des aspects, liberticide. Elle ressemble étrangement au Patriot act de Georges Busch, une loi américaine approuvée par le Congrès 45 jours après les attentats contre les tours jumelles de New York en septembre 2001. Ce Patriot act, prévu pour une durée de cinq années, a été systématiquement renouvelé et Barack Obama s’en est très bien accommodé. Il n’a pas tenu sa promesse de fermer le centre de Guantanamo qui héberge toujours plusieurs dizaines de prisonniers soupçonnés, suspects…ou innocents.
Le problème de toute loi vient du fait qu’elle peut être appliquée par n’importe quelle majorité et n’importe quel gouvernement. Il faut donc que le législateur s’interroge sur l’avenir des textes qu’il présente et approuve et réfléchisse sérieusement aux conséquences des lois qu’il propose.
Une loi qui permet de poser des balises sur les automobiles de n’importe quel citoyen, autorise la pose de micros aux domiciles privés et le décryptage des téléphones portables de quiconque sans aucun contrôle d’un juge mais sur simple volonté des policiers ou des gendarmes est une loi qui ne laisse pas de m’intriguer. Manuel Valls, Premier ministre et Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois de l’Assemblée nationale jurent que les libertés individuelles ne seront pas menacées…mais comme 63 % des Français se disent d’accord avec une restriction de celles-ci s’il s’agit de lutter contre le terrorisme, je n’ai aucune confiance dans un peuple peureux prêt à sacrifier sa liberté au bénéfice d’une autorité administrative. C’est aussi pour ces raisons que je m’oppose à la vidéosurveillance dont je ne nie pas certains avantages moins grands cependant que les inconvénients pour des principes supérieurs.
Terrorisme ? Qu’est ce qu’un terroriste ? S’il est facile de qualifier les frères Kouachi et Amély Coulibaly de terroristes à la fois pour l’entreprise individuelle et la volonté collective, je crains que l’extension de la définition soit porteuse d’un danger non mesuré. Imaginons Marine Le Pen au pouvoir. Les militants de gauche, notamment, ne seront-ils pas tous les terroristes en puissance puisque le propre des régimes autoritaires à la Poutine, c’est de nier l’existence de toute opposition et de qualifier ses membres de gêneurs. On sait ce qu’il advient des opposants politiques en Russie : journalistes, militants des droits de l’homme, internautes critiques, tous sont soumis à la même traque du FSB, aux mêmes brimades voire aux mêmes assassinats.
Trente députés ont écouté Manuel Valls leur vanter son projet de loi. C’est dire combien la représentation nationale a peu d’estime pour des questions aussi essentielles que les libertés fondamentales inscrites dans la déclaration des droits de l’homme. Il est sain que des organisations, des associations, des syndicats de journalistes, par exemple, soulèvent des objections crédibles et invite le gouvernement à y regarder à deux fois avant de commettre l’irréparable.