«On arrête pas le progrès» pourrait-être le mantra de l’humanité avec tout ce que cela comporte de bon et de mauvais. Depuis que l’on a découvert que l’on pouvait marcher sur nos pieds et faire du feu, nous avons fait beaucoup de chemin.
Nos outils se sont complexifiés à souhait et l’informatique est sans aucun doute la quintessence du génie humain. Cependant, même avec nos machines et nos réseaux, les plus évolués soient-ils, nous devons continuer à les améliorer par nous même, «à la main», afin qu’ils ou elles ne tombent pas dans l’obsolescence et puissent suivre le rythme soutenu que nous leur imposons pour mille et une raisons, toutes plus valables les unes que les autres.
Avec «pas de mise à jour»
L’objectif ultime? Permettre à un logiciel de rouler durant un siècle sans intervention humaine. Vous avez bien lu, 100 ans sans mise à jour!
La Defense Advanced Research Projects Agency vient de lancer un nouveau projet de recherche de quatre ans qui risque de rendre de nombreux utilisateurs d’informatique (c’est-à-dire à peu près tout le monde) très heureux. Nommé BRASS, l’acronyme de Building Resource Adaptive Software Systems, ce projet a pour objectif d’éliminer les mises à jour dans les logiciels grâce à des algorithmes permettant à ces derniers de s’adapter d’eux même aux modifications des ressources requises pour les faire fonctionner ainsi qu’aux environnements dans lesquels ils évoluent.
L’objectif ultime? Permettre à un même logiciel de rouler durant un siècle sans intervention humaine. Oui, vous avez bien lu, 100 ans sans mise à jour!
S’adapter c’est survivre
Pour reprendre l’exemple de l’humanité, c’est sans aucun doute notre propension à nous adapter à notre environnement et à trouver les ressources là où elles se trouvent qui nous a permis de survivre dans les pires conditions. Comme à son habitude, l’être humain va donc essayer de copier la nature pour mettre au point le logiciel ultime, celui qui n’a pas besoin de son intervention pour «survivre», et ce, quelles que soient les conditions.
Une représentation d’un logiciel conçu pour s’adapter aux changements d’un écosystème informatique opérationnel (Image : DARPA).
Le gestionnaire du programme de recherche, Suresh Jagannathan, a justifié ce défi en déclarant : «La technologie évolue inévitablement, mais les changements dans les bibliothèques, les formats de données, les protocoles, les caractéristiques d’entrée et de modèles de composants dans un écosystème logiciel handicapent très souvent le comportement des applications.»
Il est vrai que l’armée doit elle aussi mettre ses logiciels à jour sous peine d’être la cible de hackers exploitant des failles détectées tardivement. Le temps et l’argent nécessaires au maintien des infrastructures représentent évidemment un coût, mais aussi un risque.
L’ingénieur poursuit : «L’incapacité de s’adapter parfaitement aux nouvelles conditions d’exploitation sape la productivité, entrave la mise en place sécuritaire et pérenne de défenses cybernétiques et augmente le risque à long terme que l’accès au contenu numérique important soit perdu une fois que le logiciel qui génère et interprète celui-ci ne soit plus à jour.»
Bref, comme on l’aura compris, c’est un projet qui a une envergure colossale et qui pourrait révolutionner l’informatique telle qu’on la conçoit.
Et Skynet, c’est pour quand?
La terrifiante introduction du film Terminator 2 : Judgment Day (Image : Tri-Star Pictures).
Évidemment, dès que l’on commence à parler de systèmes informatiques autonomes, arrive alors le spectre, justifié ou non, du robot ou d’une intelligence artificielle qui échappe au contrôle humain. Il est vrai que si la DARPA réussi à intégrer ces algorithmes dans des logiciels contrôlant des drones autonomes ou autres machines de guerre à faire froid dans le dos, il y a de quoi se poser des questions. Avec un peu d’imagination, on imagine aisément la machine refuser que son code soit modifié en s’adaptant de son propre chef, mais là, heureusement, on est encore dans le domaine de la science-fiction.
Cependant, je dois avouer que je ne serai pas contre la fin de ses maudites mises à jour constantes qui nous forcent continuellement à relancer nos logiciels et parfois même nos ordinateurs.