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Les investisseurs face au défi du rendement

Publié le 16 avril 2015 par Vincentpaes
C’est un constat qui impose bien des défis aux investisseurs : les taux de rendement des emprunts d’Etat ne cessent de se replier. L’inflexion de cette tendance n’est pas envisageable avant au moins un à deux ans, compte tenu de la politique monétaire très accommodante (voire agressive) menée en zone euro, où le programme de rachats d’actifs de la BCE ne fait que débuter. Dans ces conditions inédites, les investisseurs doivent aborder les marchés financiers en intégrant de nouveaux référentiels. Crédit : rendement par Shutterstock Crédit : rendement par Shutterstock Alors que les taux souverains français et allemands sont en territoire négatif sur les maturités allant jusqu’à respectivement 4 et 7 ans, l’enjeu de la « quête de rendement » soulève deux problématiques. Tout d’abord, celle de la redéfinition de l’objectif de performance (et l’exposition au risque qui y est associée) souhaitable par les investisseurs, mais aussi des moyens pour y parvenir, c’est-à-dire le choix des solutions d’investissement les plus adaptées au contexte actuel.

L’adéquation entre les niveaux des taux, qui servent communément de benchmark, et les exigences de rendement des investisseurs implique inexorablement une révision à la baisse des objectifs de performance : 3 à 4% de valorisation annuelle pour un portefeuille équilibré est aujourd’hui un objectif plus réaliste que les 5 à 10% communément visés il y a quelques années. Pour les investisseurs institutionnels (les assureurs, mutuelles et instituts de prévoyance) qui sont tenus, par la réglementation prudentielle, de détenir une part majoritaire d’obligations souveraines dans leur allocation, ce nouvel objectif nécessite de piloter quelques poches d’actifs, de diversification, capables de compenser la faiblesse du rendement des emprunts d’Etat (l’OAT à dix ans française rapporte 0,5%) pour pouvoir atteindre in fine un rendement global de 3 à 4%. Autres articles Un écueil est à éviter. Au motif que les actifs de taux ont progressé de façon constante ces derniers trimestres (la baisse continue des taux entretenant le rallye obligataire), les détenteurs d’obligations ne doivent pas céder à la tentation de prises de profit sur les titres souscrits il y a quelques trimestres ou quelques années. Car la politique offensive de la BCE va continuer à entretenir la convergence des taux souverains. Autrement dit, les détenteurs d’obligations doivent se contenter du rendement qui leur est assuré plutôt que de sortir de l’obligataire pour se reporter sur des placements d’attente. L’attente peut être longue, nous sommes encore très loin d’une remontée des taux !

En revanche, il est recommandé d’augmenter la poche allouée aux actions (ou d’initier l’exposition si ce n’était pas déjà le cas). Malgré le début d’année tonitruant des indices boursiers européens, la hausse du prix des actifs n’est pas terminée. Là encore, le quantitative easing de la BCE est un puissant soutien aux marchés, au même titre que le maintien durable des cours de l’euro et du pétrole à des niveaux bas, qui dopent les résultats des entreprises. En bourse, l’année 2015 pourrait bien être l’année du siècle ! Après +20% en trois mois pour l’EuroStoxx50, il n’est pas ahurissant d’imaginer l’indice afficher une performance annuelle de +40%, à l’image des résultats obtenus par l’indice S&P 500 ces dernières années aux Etats-Unis, dans un environnement d’amorçage de la reprise économique comparable.

Attention toutefois, la progression boursière ne devrait pas être linéaire et il ne faut pas écarter quelques pauses correctives dans la progression des marchés européens, pauses qui seraient autant d’opportunités pour renforcer les positions. Les valeurs de rendement offrent de beaux profils rendement-risque au regard du contexte de taux et devraient permettre de capter un surplus de performance pour dynamiser les portefeuilles des investisseurs. D’autres classes d’actifs peuvent représenter de bonnes sources de performance. Il existe des opportunités au sein du crédit corporate high yield, en particulier européen (ex : Air France callable 2020). Certes les spreads se sont resserrés ces derniers mois, mais il existe encore un potentiel de repli et les taux de défaut sont actuellement très bas, compte tenu des fondamentaux relativement robustes des émetteurs. Les dettes subordonnées bancaires des établissements les plus solides (ex : Société Générale callable 2023) et la dette émergente en monnaie locale (Brésil, Turquie), à condition d’être sélectif dans le bond-picking, sont aussi des alternatives intéressantes.

Citons enfin la dette infrastructures, en particulier lorsqu’il s’agit de concessions dont les revenus sont lisibles à long terme et qui ne dépendent pas exclusivement de décisions gouvernementales. Les concessions portuaires et aéroportuaires sont par exemple de remarquables « machines » à cashflows, source de rendement pour les créanciers. La combinaison de ces différentes classes d’actifs est possible dans le cadre d’une gestion diversifiée flexible, qui a traditionnellement pour but de délivrer des performances dans toutes les configurations de marché, tout en maitrisant l’exposition au risque. Tout ce qui est plébiscité par les investisseurs aujourd’hui.

A propos de l'auteur : Christian Jimenez est président de Diamant Bleu Gestion.

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