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Faces Of Death (Quand la mort n'est pas du cinéma !)

Publié le 21 avril 2015 par Olivier Walmacq

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genre: horreur, gore, trash, "Mondo" (interdit aux - 18 ans)
année: 1978
durée: 1h45 ou 2h31 selon les versions

l'histoire: Le Docteur Gröss est fasciné par la mort. Pour renforcer une thèse qu'il écrit sur la mort, Gröss a parcouru le monde, caméra à la main pour filmer différentes morts ou autres éléments reliés à la mortalité.  

La critique :

Vous cherchez le film d'horreur extrême ? Celui qui a été le plus censuré à travers le monde ? Il est sous vos yeux et se nomme Faces Of Death, réalisé par John Alan Schwartz en 1978. En France, le film est aussi connu sous le nom de Face à la Mort. En l'occurrence, John Alan Schwartz sévit sous le pseudonyme de Conan Le Cilaire et a aussi produit et co-écrit le long-métrage.
Réalisé avec des moyens modestes, environ 450 000 dollars, Faces of Death rapportera un joli pactole à John Alan Schwartz, soit 35 millions de dollars. A l'époque, le film n'est évidemment pas sorti en cinéma. Il se taillera sa réputation de production gore, trash et extrême dans les vidéos clubs.

Au moment de sa sortie, Faces of Death fait l'effet d'une bombe atomique dans le cinéma horrifique. Très vite, les amateurs de sensations fortes se précipitent dessus, ce qui n'est pas chose aisée, puisque le film n'est pas forcément facile à trouver. Pour la première fois, la mort réelle est visible au cinéma. C'est ce que nous annonce l'affiche de Faces of Death : "Quand la mort n'est pas du cinéma !".
Evidemment, toute cette publicité autour du film est en partie mensongère, mais j'y reviendrai... Pourtant, tout le monde marche dans la supercherie. En 2000, Faces of Death est même répertorié dans le top 50 des films cultes de tous les temps par un magazine américain.

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John Alan Schwartz a gagné son pari. C'est aussi la raison pour laquelle il réalisera plusieurs suites, soit une véritable saga de sept épisodes au total. Faces of Death est-il un film révolutionnaire pour autant ? La réponse est évidemment négative. En vérité, Faces of Death est un descendant de Mondo Cane, de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi.
Sorti en 1962, Mondo Cane suit les différents rites culturels à travers le monde. Tourné comme un documentaire, le film multiplie les séquences chocs et provoque un énorme scandale au Festival de Cannes la même année. Le long-métrage fait lui aussi l'effet d'une bombe dans le monde du Septième Art et inspire de nombreux avatars.

Faces of Death est de ceux-là. Influencé par Mondo Cane, John Alan Schwartz reprend exactement le même concept, à savoir le pseudo documentaire, à la seule différence que le film suit les différentes pratiques culturelles autour de la mort. Attention, SPOILERS ! Le Docteur Gröss est fasciné par la mort. Pour renforcer une thèse qu'il écrit sur la mort, Gröss a parcouru le monde, caméra à la main pour filmer différentes morts ou autres éléments reliés à la mortalité.
C'est ainsi qu'il nous présente un amalgame de morts ponctué de ses commentaires. Pourtant, encore une fois, le concept de Faces Of Death est mensonger. Rassurez-vous, toutes les morts ne sont pas réelles. Bien des années plus tard, John Alan Schwartz avouera que 60 % des scènes étaient truquées et donc jouées par des acteurs.

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C'est par exemple le cas de toutes les séquences montrant des meurtres, des suicides et même des exécutions sadiques. Seules les scènes avec des animaux torturés et tués sont effectivement réelles. C'est ainsi que Faces of Death commence. Autant dire que les vingt premières minutes du film sont extrêmement choquantes avec des phoques qui sont tabassés puis dépecés.
Vient également s'ajouter la mise à mort d'un chimpanzé, dont le crâne est ouvert puis dévoré par quelques fins gourmets. Bref, vous l'avez compris. Faces of Death n'y va pas avec le dos de la cuillère ! Même encore aujourd'hui, le film reste extrême et justement interdit aux moins de 18 ans.

En résumé, malgré son côté voyeuriste et mensonger, Faces of Death reste un gros uppercut en pleine tronche. Le film va très loin dans l'abomination, le gore, le trash et l'horreur. Le long-métrage n'a donc pas usurpé sa réputation. C'est aussi la raison pour laquelle le film est interdit dans 49 pays au moment de sa sortie. Reste à savoir si le film est intéressant ou non à regarder...
C'est là que se situe le véritable paradoxe de Faces of Death... Certes, le film est volontairement choquant et outrancier. Certes, il est idéologiquement douteux et flatte notre voyeurisme. Pourtant, il est aussi le reflet, et plus précisément le miroir, de notre société capitaliste et consumériste.

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Vrai ou faux, force est de constater que le spectateur est amené à regarder des images extrêmement violentes, à éventuellement les rejeter ou les apprécier. Qu'on le veuille ou non, le film exerce un grand pouvoir de fascination. Il s'agit de voir la polémique et l'énorme scandale qu'il a suscités au moment de sa sortie. Certes, Faces of Death a tout de même souffert du poids des années.
A l'heure actuelle, nous sommes abreuvés d'images violentes et d'exécutions (parfois en direct) à la télévision. Sur ce dernier point, Faces of Death est assez novateur à l'époque puisqu'il annonce le concept de zapping qui sert à satisfaire un public de plus en plus exigeant et surtout, de moins en moins impressionnable, notamment en termes de sadisme et de violence gratuite.

Ensuite, le film propose tout de même une certaine réflexion sur la mort. Les crimes, la guerre, les suicides ou encore la mort d'un proche... Dans tous les cas, la mort survient toujours de façon brutale et nous interroge sur notre propre destinée. Pourtant, elle fait partie intégrante de la vie, semble nous dire John Alan Schwartz. A ce sujet, le réalisateur effectue une véritable analyse tautologique sur la mort. Néanmoins, le long-métrage est loin d'être irréprochable et peut être critiqué sous différents aspects, principalement sur son concept (mensonger ou non), qui reste répugnant.
Malgré ses nombreux défauts, Faces of Death est loin d'être inintéressant pour autant. Pour de nombreux réalisateurs, il reste indéniablement une référence et un tournant majeur dans le cinéma horrifique. Un tel film ne pourrait plus être réalisé aujourd'hui. Pour l'anecdote, il existe deux versions du film. La première est d'une durée de 105 minutes, l'autre d'une durée de 151 minutes. Impossible de vous évoquer la seconde version puisque je ne la connais pas...

Note: ?

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 Alice In Oliver


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