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Critique Ciné : Taxi Téhéran, Jahar le taxi

Publié le 23 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Taxi Téhéran // De Jahar Panahi. Avec Jahar Panahi.


J’ai appris à l’issue de ce film iranien que le gouvernement islamique devait valider les génériques de fin des films avant qu’ils ne soient diffuser ce qui fait que Taxi Téhéran n’en a pas. Mais Jafar Panahi est connu dans son pays (il a même remporté la Caméra d’Or à Cannes en 1995 avec Le Ballon Blanc). Je dois avouer que je trouve le procédé assez intéressant, celui de nous plonger au coeur de Téhéran mais au travers de l’espace clos qu’est le taxi. C’est assez impressionnant car je ne m’attendais pas du tout à un film de cet acabit et j’ai été assez surpris dans le bon sens du terme. En tout cas, Jahar Panahi réalise ce film et n’hésite même pas à se mettre devant la caméra afin d’incarner ce chauffeur de taxi d’un jour. C’est probablement ce qui donne aussi à ce film ce goût si particulier. Ce film est intéressant aussi pour ce qu’il tente de porter. Tourné dans son pays, il n’a pas été autorisé et c’est probablement ce qui donne aussi à ce film toutes les cartes du succès dans le sens où le film n’est pas réprimé et qu’il laisse libre court aux dialogues très souvent plus naturels que l’on ne pourrait le penser. On découvre l’Iran sous un angle que l’on ne connaît pas. Après tout, je n’en ai que l’image que les médias veulent bien m’en renvoyer.

Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion...

Je suppose donc que le but de Jahar Panahi était de montrer que dans son pays il y a des tas de gens ordinaires qui ont des envies (ordinaires ou non) et qui font des voyages ordinaires. Le côté ordinaire de ce film est une façon de nous plonger au coeur d’une vie qui ne change pas de la notre. Sauf qu’à un moment, Taxi Téhéran bascule et nous introduit à une jeune fille et son appareil photo qui va elle aussi filmer certains moments. C’est elle qui nous permet de sortir du cadre que Jahar Panahi avait défini au début : deux caméras, une dirigée côté passager et l’autre côté conducteur. Sauf qu’elle apporte un angle de vue complètement différent, beaucoup moins fixe dont le réalisateur utilise certains passages afin de sortir de l’objectif qu’il s’était probablement fixé. C’est aussi un personnage problème dans ce film dans le sens où ce qui était justement passionnant c’était de rencontrer des gens différents, qui font des choses complètement différentes dans leur vie. Cette jeune fille ferme un peu le film. On sent que derrière ce personnage il y a une sorte d’introspection de la part du réalisateur qui se voit jeune (elle parle de ses études de cinéma, de tous les codes qui sont imposés, etc.). Sa réflexion n’est pas pauvre ou vaine, elle est un peu trop longue.

On a rapidement envie de retrouver des personnages du quotidien que l’on pourrait croiser n’importe quand, simplement car ce sont des personnages qui n’ont pas grand chose à raconter si ce n’est des passages de leur vie qui pourrait paraître insignifiant mais qui transmettent une certaine réalité d’un pays difficile encore à cerner et surtout très fermé. Le film est alors à mi chemin entre la fiction embarquée et le documentaire dans le sens où l’on ne sait pas vraiment s’il y a une part de réalité dans ce que le film cherche à nous raconter ou bien s’il y a simplement une envie de raconter quelque chose de complètement différent de ce que l’on aurait probablement pu imaginer au départ. Il y a de très jolies scènes, tout n’est pas forcément passionnant, mais le film est en tout cas encore plus intéressant pour ce qui fait de l’univers dans lequel il veut nous plonger. Un film extraordinaire pour des gens ordinaires, je pense que cela résume parfaitement ce que l’on ressent après avoir vu Taxi Téhéran. Jahar Panahi s’est même offert ses moments de gloire quand certains sont là pour le reconnaître au volant de son taxi, malgré son béret. Le film n’impose pas non plus de lecture politique, ce qui en fait au fond un film assez inoffensif. Mais bon…

Note : 6.5/10. En bref, à mi chemin entre le documentaire et la fiction, un film étrange et extraordinaire par moment, pour des gens ordinaires.


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