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Les dernières nouvelles du réchauffement font froid dans le dos… mais ce n’est pas une raison pour désespérer. Jean Gadrey

Publié le 24 avril 2015 par Blanchemanche
#réchauffement
Le catastrophisme est paraît-il à proscrire. Il n’inciterait pas à l’action. Je veux bien, mais comment voulez-vous que les gens se mobilisent s’ils n’ont pas conscience des périls et si, pour ne pas « sombrer dans le catastrophisme », on ne leur dit pas que, sauf réaction collective déterminée, ce qui va se produire sera gravissime dès les prochaines décennies et que nous assistons déjà aux premières manifestations d’une « catastrophe humanitaire planétaire » sans précédent ?Le catastrophisme pur et dur est fondamentalement pessimiste (c’est fichu, on n’échappera pas à l’effondrement), et en effet, il est démobilisateur, donc accélérateur d’effondrement. Tel n’est pas le cas si l’on prend simultanément conscience des risques et de l’existence de solutions crédibles, humainement et socialement non régressives, du local au mondial. C’est en « jouant » sur ces deux registres que l’on peut convaincre et inciter à agir, à passer du « indignez-vous CONTRE » au « mobilisons-nous POUR ». Savoir par exemple qu’en combattant de façon ambitieuse le dérèglement climatique tout en sortant du nucléaire on peut créer massivement des emplois, c’est bon pour le climat… et pour le moral.Mettre en avant l’existence du « million de révolutions tranquilles » (excellent livre de Bénédicte Manier), des petites initiatives aux plus ambitieuses, permettant à la fois de CONTRER les tendances « catastrophiques » et de CONSTRUIRE des alternatives, est nécessaire pour CONVAINCRE les citoyens donc pour CONTRAINDRE les dirigeants politiques. C’est, entre autres choses, le sens des initiatives multiples qui seront prises par le réseau des « Alternatiba » au cours de l’année 2015, mais aussi de bien d’autres « coalitions » nationales et locales, et de réseaux mondiaux. J’en reparlerai, mais pour ce billet, voici quelques constats sur la montée des périls. Il ne s’agit ici que de quatre cas relatifs au climat et à l’influence des émissions de gaz à effet de serre, mais j’envisagerai plus tard d’autres risques.ÇA CHAUFFEInformation la plus récente (AFP) – Mars 2015 a été le mois de mars le plus chaud sur la planète depuis le début des relevés des températures en 1880, a annoncé vendredi l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA)… « Pendant le mois de mars, la température moyenne à la surface des terres et des océans a été de 0,85°C au-dessus de celle du 20e siècle »… Sur les trois premiers mois de l’année, la température moyenne a été de 0,82°C plus élevée que celle du 20e siècle. Le précédent record pour cette période datait de 2002.L’ACIDIFICATION DES OCEANS, UNE SERIEUSE MENACE POUR L’HUMANITE
D’accord, l’article de l’Express sur le sujet donne dans le catastrophisme racoleur (en faisant référence à « ce qui s’est déjà produit il y a 252 millions d’années… où plus de 90% des espèces animales marines et plus des deux tiers des espèces terrestres avaient été rayées du globe »), mais les études qui y sont citées, liens à l’appui, sont sérieuses. Cette acidification (qualifiée de « the other CO2 problem »), ou diminution du pH, est provoquée par l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’eau, elle-même très largement liée à l’absorption du CO2 atmosphérique surabondant. L’acidité a augmenté de 30% en 250 ans, depuis les débuts de l’ère industrielle.En quoi est-ce très inquiétant ? D’une part parce que les coquillages et les coraux se dissolvent progressivement, ce qui menace toute la chaine alimentaire issue de la pêche. D’autre part parce que la séquestration du carbone par les océans (qui absorbent actuellement environ le quart de nos émissions) devient moins efficace, renforçant donc le réchauffement. « Selon l’ONU et ses agences, le pompage océanique du carbone est, en 2013, 70% moins efficace qu’au début de l’ère industrielle, et il pourrait encore être réduit de 20% avant 2100… le taux actuel d’acidification des océans a déjà atteint un niveau sans précédent au moins pour les 300 derniers millions d’années » (Wikipédia)LE CHANGEMENT CLIMATIQUE VA-T-IL VIDER NOS NAPPES PHREATIQUES ?C’est le titre d’un article récent de Terra Eco. Je le résume très fortement. Il s’appuie sur une recherche d’une équipe du CNRS. Même en restant dans le cadre, qui semble aujourd’hui le plus « optimiste », d’un réchauffement global limité à +2° par rapport à l’ère préindustrielle, les nappes phréatiques seront affectées négativement 1) par l’évaporation de l’eau de pluie qui touche le sol et la transpiration des végétaux, un double phénomène qui renvoie une partie des précipitations directement dans l’atmosphère, et 2) par des pluies moins abondantes en moyenne, avec des différences selon les régions. Au total et en moyenne, la recharge en eau de nos sous-sols serait 10% à 25% moins abondante en 2070 qu’aujourd’hui, et jusqu’à 30% à 50% dans les zones les plus touchées, comme le Sud-Ouest.C’est considérable en termes de « niveau des nappes », qui devrait baisser d’un petit mètre dans les plaines à plusieurs mètres (jusqu’à 10 mètres) sur les plateaux. Avec des incidences sur les taux de pollution des eaux. C’est considérable aussi en termes de débits des cours d’eau en été, en période d’étiage : ils pourraient être réduits de 40% en moyenne, bien plus dans certains cas.QUAND LA MER MONTELes experts du GIEC ont fait preuve d’une extrême prudence, probablement excessive, en estimant en 2013 que le niveau des mers pourrait monter de 40 à 60 centimètres entre la fin du siècle précédent et la fin du siècle présent, et jusqu’à un mètre dans le scénario le plus pessimiste. Entre 2007 et 2014, leurs prévisions ont été presque doublées, notamment parce qu’en 2007 ils n’avaient pas intégré la fonte des glaces des régions polaires. On ne peut exclure d’autres révisions à la hausse vu que cette fonte semble s’accélérer : elle a triplé en dix ans dans l’Antarctique, où a été observé en mars dernier un record absolu de chaleur avec 17,5°.Que donnerait concrètement une élévation de « seulement » un mètre ? Le site http://www.floodmap.net/ fournit des cartes pour le monde entier. Voici celle de ma région, le Nord Pas de Calais, dont le littoral serait très largement sous les eaux, et pas seulement une étroite bande côtière, mais une bande très large de 5 à 10 kms, plus par endroits. En France, les autres territoires très touchés sont dans le Cotentin, sur la côte Ouest entre Saint-Nazaire et Bordeaux et en Camargue, C’est bien pire pour la Belgique et les Pays-Bas (carte suivante), et pour d’autres régions du monde comme le Bangladesh, la Louisiane, etc. Cliquer sur les cartes pour les agrandir.maplittoral.jpgpays-bas.jpg

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