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Pourcentage magique

Publié le 24 avril 2015 par Malesherbes

Les journalistes sont prompts à céder à la magie des pourcentages. Il y a quelques jours, ils n’ont pas hésité à déclarer que 100% des femmes avaient été victimes d’attouchements ou de propos graveleux dans les transports en commun. C’est sans doute parce qu’annoncer ce pourcentage leur paraissait plus démonstratif que d’énoncer plutôt que toutes les femmes avaient subi des agressions de cette nature. Dans une expression comme l’autre, il suffit de mettre la main sur, pardonnez-moi, de trouver, une femme qui se déclare indemne de semblable pratique pour invalider une telle information.

Le recours au pourcentage est manifestement fait pour accréditer l’idée qu’il résulte d’une étude scientifique. Comme il est évidemment impossible de consulter toutes les femmes, il convient de s’en remettre à la statistique. Il faut définir un échantillon représentatif de la population féminine. Il devra donc présenter la même distribution des âges que celle des femmes utilisant les transports en commun. On se heurte là à une première difficulté parce qu’on ne sait pas repérer, parmi les femmes présentes sur notre territoire, quelles sont celles qui sont usagères des transports en commun. On ne peut donc que s’appuyer sur une distribution très approximative. Une deuxième difficulté est que si l’on part pour cette étude de la distribution des âges dans la population française féminine, il faut aussi prendre en considération comment se répartissent les âges de femmes étrangères, originaires d’un grand nombre de pays, et qui utilisent aussi largement nos transports en commun. On pourrait aussi, pour la validité de l’échantillon, classifier ces femmes selon la nature du déplacement, travail, achats ou loisir. Vous imaginez sans peine combien il est difficile de constituer un échantillon représentatif. Ceux qui ont avancé de tels nombres seraient bien en peine de nous communiquer les éléments qui leur ont permis d’avancer un résultat aussi fantaisiste.   

En fait, les journalistes qui racontent de telles balivernes se trouvent devant l’alternative suivante : ou bien, ils sont conscients de nous raconter des billevesées et il importe qu’on leur enseigne au plus tôt ce qu’est la déontologie de leur profession. Ou bien, ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils diffusent et on ne peut que leur conseiller de changer de métier.


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