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LE MONDE DE SOPHIE > Boxing Movie !

Publié le 30 avril 2015 par Fab @fabrice_gil
La boxe est sans doute la plus cinématographique des pratiques, avec ses affrontements, la description des milieux, la gloire, la déchéance… Même haut niveau, il existe une fragilité, une quête d'absolu et de recherche de la perfection. Tout cela crée des tensions exacerbées I Entraînement.
par Sophie Faucillion /

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Dessins inédits sur le sport, collection particulière Edouard Dermit I ©Jean Cocteau

Jamais je n’avais abordé le "Noble Art" autrement qu’à travers le cinéma : James Jim Corbett ?  Errol Flynn en gentleman boxeur ;  Jack La Motta ? De Niro dans le poing de l’infaillible taureau du Bronx ; Rocky Craziano ? Paul Newman marqué par la haine avant d’exceller dans de splendides arnaques ; Rubin Carter ? Denzel Washington en Hurricane du Ring, victime d’un acharnement racial judiciaire alors qu’il aurait dû devenir "The Champion Of The World". Il était un jour… un mercredi. En allant au palais des sports Marcel Cerdan assister au championnat WBA des "Supers Coqs" opposant Mahyar Monshipour à Jairo Tagliaferro, j’avais l’étrange impression d’aller faire de la figuration pour une production Canal+. La thématique de l’émission ? Pourquoi pas le Tigre Persan ! Délire journalistique ou  hibernation mentale ? Je ne sais pas. En tout cas fossilisée, je m’immergeais dans un KO cinématographique qui me propulsait dans un rocambolesque scénario intemporel : alors qu’à Londres, John Gully enjambait définitivement le ring pour affronter les gentlemen du parlement ; à Paris Jean Cocteau s’acharnait délicatement à ranimer Al Brown, une "libellule noire" déchue alors que Chevalier défiait Carpentier dans un combat de coqs. A New York au night club The Versailles, Piaf tentait de rejoindre Cerdan pendant que Mike Tyson soudain éprit d’une terrible passion pour Ruddock férocement lui murmurait : "Tu es un travesti. Je t’aime. Je vais faire de toi ma petite amie. J’ai hâte que tu viennes m’embrasser avec tes grosses lèvres."
Arrivée à Levallois, il n’était plus question de rêvasser. Etrangement je me sentais observer. Egarée dans un roman d’Orwell lorsque les feux se couvrent. Moi qui pensais retrouver le même brouhaha que celui bourdonnant les soirs de grands matchs aux alentours de la verrière de Grenelle. Non impossible de trouver un petit bar convivial grouillant de potins percutants. Il me faut au plus vite rejoindre le lieu même du tournage : Le Palais des sports Marcel Cerdan. Arrivée aux abords du lieu-dit bousculant, qui fut un jour le lieu enivrant de l’amour de la vie d’Edith Piaf, je me questionne. Me serais-je trompé de plateau ? Bondé d’élus engoncés dans un costume trois pièces, le parterre ressemblait plus à une place de marché en pleine période électorale qu'aux traditionnels abords de ring. Les deux premiers affrontements : un récapitulatif didactique des règles du marquis de Queensberry. Levallois sanguinolant se réveille. Figée juste derrière les caméras de Canal+, j’étais directement au fait des commentaires de Denisot (heureusement, je ne pouvais regarder...) : "Une victoire aux poings pour le super-coq Medjkoune face à Sequera. Un jet d’éponge au premier round pour la demi-finale WBA des lourds-légers opposant le russe Brudov à l’australien Roswsell…" Ma prestation restait jusque là acceptable, mais radicalement démunie du sens de la nation, il me fut impossible de me dresser pour célébrer la fierté des hymnes. Soudain la foule afflue, se précipite et se querelle. Le champion WBA des super-coqs opposant Monshipour, champion en titre, à Tagliaferro est annoncé. A 21 heures précises, écartant les cordes, les champions rentrent en ring. Des le premiers round mes mains se crispent, mes traits se tendent et mes qualités de figurantes se délitent sous la vivacité et la puissance des coups. "Drivé" par Benama, son entraîneur, lui-même "coatché" par un ancien boxeur hystérique : "Dis lui, toi, Momo, dis lui qu’il doit taper au foie". Monpshipour entama  progressivement un sauvage travail au corps, pour ensuite lâcher ses crochets du gauche, souvent doublés, parfois triplés et complétés de terriblesuppercuts du droit. Huitième round, n’en pouvant plus Tagliaferro se couche. L’hymne sonne le glas, je m’assois.

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