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On veut un mot à dire à Ottawa pour être écouté

Publié le 29 avril 2015 par Jclauded
L’histoire du parti conservateur du Canada est particulière. Voilà un grand parti national qui n’a pas réussi à s’implanter solidement dans le cœur des Québécois. 

Tout a commencé en 1854 lorsque John A. Macdonald et Georges-Etienne Cartier fondent le parti libéral-conservateur pour faire l’union de députés conservateurs et libéraux modérés du Canada-Ouest et de députés du parti bleu du Canada-Est, les libéraux radicaux ayant refusé de joindre les rangs du parti de Macdonald. À ce moment-là, Macdonald et Cartier dirigent ensemble, comme premiers ministres conjoints, le Canada-Uni. Ce n’est que vers les années ’30 que le parti utilisera le nom « Parti conservateur ».

En 1867, la confédération canadienne est créée et Macdonald devient le premier ministre (PM) du nouveau Canada. A la surprise de tous, le chef libéral Alexander Mackenzie réussit, en 1874, à défaire le gouvernement Macdonald grâce au « scandale du Pacifique ». Mais à l’élection de 1878, Macdonald regagne le pouvoir.

Suite à la rébellion des Métis dans l’Ouest Canadien, leur leader Louis Riel est condamné à mort pour trahison et Macdonald refuse que la peine soit commuée ou rejugée. Il déclare même : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ». Le député libéral Wilfrid Laurier exprime sa colère et prend vigoureusement la défense de Riel à la Chambre des Communes. Ce dernier est exécuté le 16 novembre 1885. Macdonald ne démissionnera qu’en 1891.

Laurier devient le premier Canadien-Français au poste de PM du Canada en 1896. Pour lui, « le Canada est le pays du 20e siècle ». Il le dirigera durant 5 ans jusqu’au moment où il est défait en 1911 par le libéral-conservateur Robert Borden.

La première guerre mondiale éclate et Borden, réalisant que le nombre de volontaires canadiens pour aller au front ne rencontre pas les quotas qu’il avait promis au Royaume-Uni, réclame la conscription obligatoire. La plupart des Canadiens-Français, menés par Henri Bourassa, ne ressentent aucune loyauté particulière envers le Royaume-Uni et la France. Bourassa s’oppose à la conscription et affirme que « les Québécois ont un pays : le Canada, tandis que les Canadiens anglais en ont deux : le Royaume-Uni et le Canada ». Cartier exprime aussi son opposition.

Afin de consolider sa position lors de l’élection de 1917, Borden accorde le droit de vote aux soldats à l'étranger, aux infirmières et aux femmes ayant des membres de leur famille à la guerre. Mais, il se donne le pouvoir de distribuer ces votes dans n'importe quelle circonscription, sans égard au lieu de résidence habituel du soldat. Des manifestations de masse sont tenues au Québec pour protester et l’armée tire sur la foule. Quatre morts.

Borden réélu, la loi du service militaire est adoptée, 125 000 individus sont conscrits, 25 000 sont envoyés au front. Heureusement, la guerre prend fin après quelques mois.

Ces évènements majeurs de la conscription et la pendaison de Riel marquent profondément les Canadiens-Français qui n’oublieront jamais ces coups-bas des conservateurs et plusieurs s’en rappelleront à chaque élection, de père en fils. Macdonald et Borden ont oublié que « Je me souviens » est la devise des Canadiens-Français.

En 1921, le parti libéral-conservateur d’Arthur Meighen est défait par le libéral Mackenzie King qui devient PM, aucun conservateur n’est élu au Québec. Mais cinq ans plus tard Meighen prend sa revanche, grâce aux misères suscitées par la grande dépression, il se présente sous le vocable « Parti conservateur » mais ne fait élire que quatre députés au Québec.

En 1930, King est surpris par le nouveau chef conservateur Richard B. Bennett qui prend le pouvoir grâce à 24 députés ruraux du Québec. Les cultivateurs aiment sa politique agricole protectionniste et votent pour ses candidats. Mais dès 1935, King, qui n’a pas dit son dernier mot, revient au pouvoir. Il y restera jusqu’à 1948 alors qu’il le cède à Louis Saint-Laurent
Entre temps, le parti conservateur devient le parti progressiste-conservateur (PPC) en 1942 lorsque le premier ministre manitobain John Bracken, longtemps chef du Parti Progressiste de sa province, pose cette condition pour accepter la chefferie. L’union des deux philosophies politiques, libérale et conservatrice, donne au nouveau parti une orientation centre-droite.
A l’élection de 1957, John Diefenbaker, chef du PPC depuis un an, remporte le pouvoir contre King. Il forme un gouvernement minoritaire n’ayant fait élire que huit députés du Québec. 
En 1958, après une alliance avec Maurice Duplessis, PM du Québec, sur la question des impôts québécois, John Diefenbaker obtient une majorité écrasante qui comprend 50 députés québécois. Un résultat impensable. Enfin, les Canadiens-Français ont un mot à dire dans le parti et le gouvernement progressiste-conservateur. Mais, Diefenbaker désappointe. Le nouveau chef libéral, Lester Pearson reprend le pouvoir à l’élection suivante alors que seulement 14 députés conservateurs du Québec (DCQ) sont réélus. Pierre-Elliott Trudeau lui succède, en 1968, seuls 4 DCQ sont élus. Il est réélu en 1972, deux DCQ sont élus. En 1979, il est défait par le progressiste-conservateur Joe Clark qui ne remporte que deux sièges au Québec. Quelques mois après, en 1980, Trudeau revient au pouvoir pour quatre ans, alors qu’un seul DCQ est élu. John Turner prendra sa succession pendant quelques mois.

Puis, Brian Mulroney nouveau chef du parti progressiste-conservateur est élu en 1984 et réélu en 1988. En 1993, le libéral Jean Chrétien est le nouveau PM, un DCQ est élu. En 1997, il est réélu et à nouveau un DCQ est élu. Paul Martin lui succède en 2004 et encore un seul DCQ est élu.

En 2006, le nom du parti redevient le Parti Conservateur et Stephen Harper est élu PM mais ne fait élire que 10 députés au Québec. Il est réélu en 2011 mais le nombre de ses députés québécois baisse à cinq.

En résumé, depuis les 148 ans de la Confédération, les Conservateurs de différents noms et les libéraux ont partagé le pouvoir également. Mais depuis Borden, les libéraux ont été au pouvoir durant 54 ans et les conservateurs 32 ans.

Sauf pour les élections de Diefenbaker en 1958 (50 sièges), de Mulroney en 1984 (58 sièges) et 1988 (63 sièges), les Québécois n’ont pas voté pour les conservateurs. Depuis 1957, en 14 autres élections générales fédérales, la moyenne de DCQ élus à la Chambre des communes s’établit à moins de neuf députés sur 75 et huit en trois élections avec Harper depuis 2006.

Il est quand même remarquable que les seuls gouvernements majoritaires « non-libéral » comprenant un grand nombre de députés du Québec l’ont été lorsque le parti portait le nom Progressiste-Conservateur. Cela démontre clairement que les gens du Québec ne sont pas majoritairement de droite et que le Parti Conservateur ne correspond pas à leurs attentes.

Comment les Québécois peuvent-ils espérer avoir un mot à dire dans ce parti avec une représentation aussi faible ? Doivent-ils mettre de côté leur orientation politique pour le pouvoir politique ?

Et on se demande pourquoi il y a un fossé si profond entre le gouvernement Harper et les Québécois. Il me semble clair, qu’avec lui, l’influence québécoise ne pèse pas sur la politique nationale. Quant aux nombreux projets particuliers que le PM Harper annonce dans la région de Québec, ils sont en réalité des gestes de patronage envers la région de la capitale qui lui a donné quelques députés. Et, en plus, Québec a un maire pragmatique qui sait être ami-ami avec le PM. Ça ça paye !

Par contre, Montréal ne reçoit pas la même attention. Harper visite peu la métropole, sauf pour des funérailles. Il ne tient pas compte des demandes du nouveau maire Denis Coderre qui est d’allégeance libérale ayant été député et ministre du parti libéral durant de nombreuses années à Ottawa. Pour Harper, Coderre est un adversaire politique. Et Harper, qui a la mémoire longue, n’aime pas les ennemis de son parti.

Malheureusement, Montréal n’a pas en son sein un leader PC avec suffisamment d’influence pour faire bouger le gouvernement conservateur en faveur des Montréalais. Ces derniers ont manqué une opportunité lorsque l’ex-sénateur Michael Fortier, candidat à l’élection de 2008, a été bêtement défait. Ce dernier, un homme d’action, a démontré sa capacité et son intelligence lors des négociations pour renouveler le contrat du Grand Prix du Canada à Montréal avec Bernie Ecclestone. Malheureusement, suite à sa défaite, Fortier a quitté la politique.

Nous, Québécois, avons aussi la mauvaise habitude de voter pour un chef ou un parti. La dernière élection fédérale est un exemple probant alors que nous avons élu 59 députés du NPD en raison de la sympathie que nous avons ressentie soudainement pour son chef Jack Layton. Il aurait mieux fallu que nous choisissions le meilleur candidat dans notre comté respectif. Ainsi des gens comme Fortier aurait été élu et aujourd’hui Montréal s’en porterait mieux car l’un d’eux serait le porteur influent de nos demandes et besoins à Ottawa.

Qui peut devenir ce chef de file conservateur, ce phare, à Montréal, suite à la prochaine élection, si Harper est reporté au pouvoir ?

Je soumets un nom, une candidature prometteuse. Celle d'Eric Girard dans la circonscription électorale montréalaise de Lac-Saint-Louis. Homme de conviction, il a choisi son tracé et est devenu candidat officiel du parti Conservateur du Canada pour l’élection d’octobre 2015.

Bien éduqué, il est économiste de formation et détient un « Bachelor joint honours in Economics and Finance » de l’université McGill et une maîtrise en économie de l’UQAM.

Pour devenir candidat, Éric Girard a demandé et obtenu un congé civique de son poste de trésorier de la Banque Nationale du Canada où il était responsable des liquidités, du financement et du risque de taux d’intérêt de la Banque et de ses filiales. Il était aussi président du comité de la caisse de retraite de la Banque.

Il a démontré ainsi qu’il est prêt à mettre de côté sa carrière pour servir ses concitoyens en contribuant au développement économique et social du Canada.

À tous ses futurs commettants, je suggère de le rencontrer, d’apprendre à le connaître, à partager avec lui leurs idées, d’écouter les siennes et de décider de l’appuyer dans son trajet vers les plus haut sommets de la politique canadienne.

Ainsi, Montréal sera bien servi.

Claude Dupras


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