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Critique Ciné : La Belle Vie, vie sauvage

Publié le 30 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

La Belle Vie // De Jean Denizot. Avec Zacharie Chasseriaud et Solène Rigot.


L’affaire Fortin n’a finalement pas inspiré un seul film en 2014. Il y a eu deux films : celui-ci et Vie Sauvage (de Cédric Kahn avec Matthieu Kassovitz). Jean Denizot, le jeune réalisateur du court-métrage Mouche (2006) signe ici son premier long métrage qui puise ses forces dans l’histoire dont il s’inspire. Ce film s’attarde sur l’adolescence tourmentée de ces deux garçons enlevés et élevés à l’écart du monde par leur père. Le film de Cédric Kahn s’était axé sur le récit du père et de sa cavale, La Belle Vie se concentre beaucoup plus sur les enfants et c’est au fond ce qu’il y a de plus important. Ce qu’il y a d’intéressant avec ce premier film c’est qu’il réussi à sortir du fait divers afin de nous raconter quelque chose de légèrement différent, peut-être de beaucoup plus attachant, surtout quand il s’agit de mettre en scène tout ce que le mot liberté peut signifier de bon comme de mauvais (dans le sens où l’idée de liberté a toujours ses propres limites). Jean Denizot a également le charme de ne pas vouloir bousculer les mentalités mais simplement de raconter l’histoire qui lie ces deux frères avec leur père et ce qui les a embarqué dans cette aventure à mi chemin entre cavale et découverte du monde.

Yves vit dans la clandestinité avec ses fils, Sylvain et Pierre. Il y a dix ans, il les a soustraits à leur mère à la suite d'une décision de justice. Mais les garçons grandissent et la cavale sans fin les prive de leurs rêves d'adolescents. Caché sur une île de la Loire, Sylvain, le cadet, rencontre Gilda : premiers regards, premier amour et première étape sur le chemin de la belle vie, la sienne.

Car l’adolescence c’est aussi ça, une certaine forme d’éveille. La Belle Vie choisi alors le road-movie qui met en scène différents paysages français du bord de la Loire qui sans être exceptionnels rappellent justement le caractère terrible de vivre en cavale et de ne pas pouvoir vivre pleinement ce que l’on veut faire de sa propre vie. Là où La Belle Vie pèche vraiment c’est dans les dialogues. Ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus subtile, on ne peut donc que préférer la mise en scène de Jean Denizot qui maîtrise du début à la fin l’histoire qu’il raconte. Ce n’est pas facile de laisser de côté son opinion sur un tel fait divers mais je trouve que dans sa mise en scène Jean Denizot a réussi à complètement occulter le fait que le père a enlevé ses enfants afin de se concentrer sur l’aventure qu’ils vivent en famille au milieu de la nature. C’est forcément quelque chose d’important et même de touchant. Certains moments du film sont même plutôt sympathiques (notamment la rencontre entre l’un des frères et une fille alors qu’il se retrouve cul nu dans la rivière) et d’autres un peu moins (dès que le film dialogue, il commence légèrement à me perdre car l’équilibre n’est pas trouvé entre la mise en scène et les dialogues).

Cela manque donc cruellement de subtilité. Le scénario est clairement le point noir de ce film qui avec sa brochette d’acteurs inconnus parvient à réellement nous donner l’impression que cette historie existe vraiment, que les acteurs ne sont pas des acteurs mais les vrais membres de cette histoire. La musique très country, donnant parfois une impression cartoonesque de western champêtre, tente d’apporter une petite originalité à un film qui n’est pourtant pas ce qui se fait de plus original. S’inspirer d’un fait divers ne veut pas dire raconter le fait divers en long et en large. C’est quelque chose d’intéressant que de tenter de nous embarquer dans une telle aventure sans en faire des caisses. Je me demande si au fond le but de Jean Denizot n’est pas de nous offrir son Mud à lui. Cela se ressent encore plus avec la musique country et l’utilisation de la Loire comme les abords du Mississippi. Je trouve donc dommage que le scénario manque à certains moments de bons dialogues pour aller avec ce tout qui aurait clairement pu nous surprendre. La Belle Vie est à la fois une bonne surprise et une légère déception, un peu comme l’autre adaptation de l’histoire : Vie Sauvage.

Note : 5/10. En bref, intéressant mais péchant du point de vue du scénario.

Date de sortie : 9 avril 2014


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