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L'Homme Qui Rétrécit (Vers l'infiniment petit)

Publié le 01 mai 2015 par Olivier Walmacq

homme qui rétrécit

genre: fantastique
année: 1957
durée: 1h21

l'histoire : A la suite d'une contamination radioactive, un homme voit avec effarement son corps diminuer de taille. A tel point qu'il devient la proie d'un chat puis d'une araignée. Courageusement, il part à la découverte de son univers

La critique :

A l'origine, L'Homme Qui Rétrécit, réalisé par Jack Arnold en 1957, est l'adaptation d'un roman de Richard Matheson, The Incredible Shrinking Man. Soucieux de réaliser un film qui soit le plus respectueux possible du matériel original, Jack Arnold fait appel à Richard Matheson lui-même pour écrire le scénario. Avant L'Homme Qui Rétrécit, Jack Arnold s'est déjà forgé une solide réputation dans le cinéma fantastique et de science-fiction. On lui doit, entre autres, Le Météore de la Nuit, Tarantula ! et L'étrange créature du lac noir. Indéniablement, L'Homme Qui Rétrécit reste le chef d'oeuvre absolu du cinéaste.
Aujourd'hui, le film appartient aux grands classiques du cinéma fantastique. Hélas, le long-métrage reste encore assez méconnu et sous-estimé.

Au niveau de la distribution, le film réunit Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey et William Schallert. En l'état, L'Homme qui rétrécit reste le tout premier film qui aborde le thème de la miniaturisation au cinéma. Par la suite, il va inspirer de nombreux avatars, notamment Attack of the Puppet People, Le Voyage Fantastique, L'Aventure Intérieure ou encore Chéri, j'ai rétréci les gosses. Tous ces films n'ont qu'une seule référence : L'Homme qui rétrécit.
Bien que le film compte désormais soixante années (58 pour être exact) au compteur, il reste un modèle en termes d'effets spéciaux, d'ingéniosité et d'inventivité.

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D'ailleurs, les amateurs de films fantastiques ont tendance à ne retenir que les effets spéciaux et les qualités techniques et esthétiques du chef d'oeuvre de Jack Arnold. C'est clairement réducteur, tant le film interroge sur la condition humaine, mais pas seulement... Attention, SPOILERS ! À quelques semaines d’intervalle, Scott Carey (Grant Williams) entre en contact direct avec un pesticide, puis avec un mystérieux brouillard radioactif lors d’une sortie en bateau.
Peu de temps après, il constate qu’en plus de perdre du poids, il perd significativement en taille. Scott perdant des centimètres chaque jour ; s’engage alors une course contre la montre et une série de tests médicaux pour tenter d’inverser le processus.

Certes, le scénario suit un cheminement logique : un nuage radioactif, un homme contaminé qui constate les effets sur son propre corps, puis la perte inévitable de plusieurs centimètres, jusqu'à atteindre la taille d'un vulgaire insecte. Ainsi, le film suit les aventures de Scott Carey, qui doit désormais lutter pour survivre dans un monde de plus en plus gigantesque à ses yeux.
Réduit à vivre dans une maison de poupée, Scott développe des sentiments de plus en plus hostiles envers sa condition d'être humain et envers son proche entourage, en particulier sa femme. Sur ce dernier point, le film met aussi l'accent sur le regard de notre société moderne.

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Le cas de Scott Carey intéresse évidemment les médias et le monde entier. Scott est devenu un phénomène de foire, mais surtout une curiosité et un objet d'étude pour la science moderne. Heureusement, Jack Arnold ne sombre jamais dans le pathologique. L'analyse médicale du cas de Scott Carey n'est pas la priorité du scénario. Sur ce dernier point, le film se divise clairement en deux parties.
La première nous raconte le cas étrange de Scott Carey, avec toutes les conséquences médicales et psychologiques. La seconde s'intéresse davantage à la façon dont notre héros va survivre dans un monde de plus en plus hostile. Les choses s'accélèrent sérieusement lorsque notre petit homme doit affronter les griffes d'un chat un peu trop gourmand. 

Scott atterrit alors dans sa cave. C'est dans cet endroit isolé que va se jouer son destin... Poussé par la faim, Scott doit se résoudre à combattre une araignée géante pour récupérer les restes d'un morceau de fromage traînant quelque part dans la cave. Désormais, chaque petite planche à monter devient un mur infranchissable. Et chaque petite goutte d'eau représente un fleuve à traverser.
Pour Scott, le monde, tel que nous le concevons, a radicalement changé. Parallèlement, son état ne s'améliore pas. Scott continue de rétrécir. Dans cette nouvelle partie du film, Scott est ramené malgré lui aux conditions de la vie primitive. C'est aussi le combat d'un homme pour maîtriser un nouvel environnement qu'il ne connaît pas. Et plus le temps passe, plus Scott doit s'adapter à un monde en perpétuelle évolution. 

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Résigné et accablé par une situation cruelle et désespérante, Scott va devoir se battre, pour non seulement maîtriser son espace, mais aussi pour lutter contre la nature elle-même. A travers le combat de Scott, le film souligne un étrange paradoxe, qui est celui de la nature humaine, à savoir cette lutte incessante pour maîtriser son nouvel espace, même dans un monde de plus en plus chaotique.
En reliant le monde microscopique à un univers en perpétuelle expansion, Jack Arnold transcende le concept métaphorique et nous propose une oxymore sur la condition humaine. Mais pas seulement... Plus que jamais, dans ses dix dernières minutes, L'Homme Qui Rétrécit prend les allures d'un film cosmologique et philosophique. Le long combat de Scott Carey pour survivre l'amène à développer une réflexion sur la nature de notre vaste univers.
De l'atome juqu'à nos étoiles et nos galaxies dominant notre ciel immense et obscur, existe-t-il une force supérieure et invisible qui gouverne à la fois notre planète, le monde microscopique et même l'infinité de notre cosmos ? On peut presque y voir ici une vision quasi révolutionnaire sur la matière noire et l'énergie sombre, à savoir l'univers invisible.
Plus qu'un tour de force, L'Homme Qui Rétrécit reste un film plus complexe qu'il n'y paraît. Un vrai classique à réhabiliter de toute urgence !

Note : 20/20

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