genre: fantastique/science fiction (interdit aux -12 ans)
année: 1983
durée: 1h29
l'histoire : Le patron d'une petite chaîne érotique sur le câble capte par hasard un mystérieux programme-pirate dénommé Vidéodrome, qui met en scène tortures et sévices sexuels. Son visionnage provoque peu à peu des hallucinations et autres altérations physiques. La frontière entre réalité et univers télévisuel devient bien mince, et la folie guette...
la critique :
"Voila un film sur lequel on ne s'attardera pas ! C'est du n'importe quoi, manifestement réalisé par un fou." Voila comment un critique de cinéma qualifiait le film Vidéodrome, à sa sortie au début des années 80. L'anecdote, relatée dans le numéro 118 de Mad Movies, a le mérite de mettre en lumière le dédain public dont fait preuve David Cronenberg à l'époque. Et le journaliste d'enfoncer le clou : "Ailleurs, l'accueil ne sera pas plus élégant. Le spectateur potentiel peut alors se faire deux idées du film. Soit le long métrage de David Cronenberg est un lamentable navet, soit c'est un sale film de merde qu'il faudrait interdire !
Il y a bien deux ou trois obscurs canards pour lever timidement le doigt et oser suggérer qu'il s'agit d'un authentique chef d'oeuvre, peine perdue. C'est bien là l'essence même des artistes visionnaires, que de ne pas être compris, voire carrément de ne pas être écoutés".
Heureusement, à l'instar d'autres oeuvres de la même époque, Vidéodrome bénéficie très justement aujourd'hui d'une aura de film culte au point qu'en 2009, les studios Universal annoncèrent l'arrivée d'un remake écrit par Ehren Krueger, responsable des scripts du second Transformers et de Scream 3. Heureusement, le projet tomba rapidement à l'eau.
Pour son second film américain, David Cronenberg réunit James Woods, Debbie Harry et Sonia Smith dans une histoire de sexe et de meurtres, le tout sur fond de dangers de la multiplicité des images, tout cela à une période où le magnétoscope commence à s'imposer dans les foyers.
Max Renn, le responsable des programmes d'une petite chaîne de télévision faisant son beurre sur tout ce qu'il y a de plus racoleur (soit du cul et de la violence), est à la recherche du programme qui pourrait lui assurer le succès d'audience assurée. Grâce à son ami et collègue, Harlan, un spécialiste du piratage, il découvre quelques minutes d'un tout nouveau programme ou des gens se font torturer.
Max Renn part alors à la recherche de la source de ce programme baptisé Vidéodrome, sans imaginer ou cette quête va le mener.
Avec Vidéodrome, David Cronenberg dépeint l'être humain dans ses instincts les plus primitifs : La procréation par le sexe, la domination par la territorialité et la survie par la mise à mort. Mais, surtout, il s'attaque à la perception que chacun de nous a de sa propre réalité. Quoi qu'on fasse, la réalité se base toujours sur notre point de vue personnel.
Et quand cette réalité devient manipulatrice, nous ne sommes plus que des pantins, à l'instar de Max Renn qui tombe sous influence hypnotique, et devient un robot obéissant aux ordres. On retrouve ici le thème fétiche du cinéaste, à savoir la mutation du corps humain et de l'esprit, le programme s'apparentant finalement à une tumeur cancéreuse.
Dans le rôle principal, James Woods demeure impérial. Mais, il ne faudrait pas oublier la troublante Debbie Harry, où les effets saisissants du génial Rick Baker dans des scènes restées mythiques et inégalées (la cassette vidéo vivante, la télévision jouissant sous les coups de fouet de Max Renn, James Woods devenant un magnétoscope humain et s'enfoncant des vidéos dans le ventre).
Au final, si Vidéodrome est sans doute une des oeuvres les plus difficiles d'accès de David Cronenberg, par son côté déstabilisant et abstrait, ça reste un film culte fascinant, qui n'a rien perdu de son impact, surtout à l'heure où les images ont pris encore plus d'ampleur dans notre vie quotidienne.
Note: 18/20
TITI70