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Trois entreprises chinoises intéressées par Areva

Publié le 04 mai 2015 par Blanchemanche
#Areva #nucléaire #Chine
Par Jean-Michel Bezat
Chantier de la centrale de Taishan, en Chine.Que la Chine s’intéresse à l’industrie nucléaire française n’est pas nouveau. Qu’elle profite aujourd’hui de la faiblesse de la filière nationale – notamment des grandes difficultés financières et industrielles d’Areva – n’est pas une surprise. Et qu’elle entre au capital de l’entreprise n’est plus une hypothèse d’école.Cette situation ne sanctionne pas seulement l’affaiblissement d’un secteur qui fut longtemps une fierté française ; il signe aussi l’irrésistible montée en puissance de l’industrie atomique chinoise et l’importance de son marché, le premier du monde avec près de la moitié de la soixantaine de nouveaux réacteurs construits sur la planète. « Les Chinois sont incontournables », répète à raison Philippe Varin, le président du conseil d’administration d’Areva.Trois entreprises chinoises s’intéressent donc à Areva NP, la branche chargée de la conception-fabrication des réacteurs et des services associés, qui devrait passer en partie sous le contrôle d’EDF dans le cadre de la refonte de la filière tricolore et du sauvetage d’Areva, selon Le Journal du dimanche.China General Nuclear Power Corporation (CGN) et China National Nuclear Corporation (CNNC), les deux plus grands producteurs d’électricité partenaires d’Areva et d’EDF en Chine et au Royaume-Uni sur la construction des réacteurs EPR, le retraitement du combustible et le transport des déchets, pourraient prendre environ 10 % d’Areva, aujourd’hui détenu à 87 % par l’Etat. DongFang Electrical Corporation (DEC), spécialiste des équipements dans l’énergie, créerait une coentreprise avec Areva dans la fabrication des pièces maîtresses (cuves, générateurs de vapeur, etc.).

Négocier de solides contreparties


Faut-il s’effrayer de cette arrivée dans un secteur aussi sensible ? La France n’a plus les moyens d’une ambition solitaire. Le groupe public CGN a déjà accès aux technologies de l’EPR puisqu’il en construit deux dans le sud de la Chine, à Taishan, avec EDF tout en négociant âprement (avec CNNC) son entrée dans le projet des EPR britanniques.Et il faudra bien aussi qu’Areva transfère une partie de sa technologie du traitement-recyclage des combustibles usés – comme il l’a fait au Japon – pour décrocher la vente à la Chine d’une réplique de l’usine de la Hague (Manche), un contrat d’environ 10 milliards d’euros.Le premier ministre, Manuel Valls, l’a redit, fin janvier, en Chine : le gouvernement est favorable à l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’histoire nucléaire franco-chinoise. Il devra négocier de solides contreparties, notamment une ouverture plus large du colossal marché chinois.Mais après des années de guerres intestines et une perte de savoir-faire encore illustrée par les graves défauts découverts sur les cuves de l’EPR de Flamanville (Manche) forgées en France, les industriels français ne sont pas en position de force face à des « partenaires » qui ont un puissant Etat derrière eux, des savoir-faire, des capitaux. Et, plus que tout, une ambition sans faille.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/04/areva-jamais-sans-la-chine_4626952_3234.html
  •  Jean-Michel Bezat 
    Journaliste au Monde
  • Le Monde | 04.05.2015

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