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Le Sale Con de l'Agriculture

Publié le 26 février 2008 par Decrauze
Quel paradoxe : les mêmes qui se sont ingéniés, depuis quarante ans, à désacraliser la fonction présidentielle, se courroucent aujourd’hui d’avoir un chef d’Etat aux écarts de buvette. Personne, pourtant, ne peut se déclarer foncièrement étonné sur sa façon d’être : il est à l’aune de ce qu’il a montré, des années durant, comme ministre de l’Intérieur où il bénéficiait d’un pistage médiatique inégalé pour un tel poste. Même le Pasqua de 1986 respire la doucereuse naphtaline si on le compare à l’activiste Sarko-Beauvau.
Les premiers à jubiler de cette involution : les journalistes qui multiplient les gros plans, les débats, les retours en triple couches sur les bruyantes tribulations de l’Elysée-Sarko-Show.
Les Américains ont eu leur Bush, innommable vulgarité politique pour les condescendants Français qui, pour une large moitié, ont porté au pouvoir celui dont il connaissait sans ombre le Cirque d’Etat permanent. Au premier rang, une droite traditionaliste qui, ces dernières semaines, plombent les sondages sur le Frénétique.

En outre, que le premier des Français verse dans le franchouillard mauvais ton relève presque de l’obsession consubstantielle à la fonction depuis la mort de Pompidou, et ceci avec la bénédiction implicite du peuple électeur. Plonger un peu dans les à-côtés comportementaux du fringant Giscard d’Estaing, souillant sa particule et son phrasé guindé sur l’estrade d’Yvette, l’accordéon en bandoulière pour se convaincre qu’il a quelque chose en lui de populeux, relativise le gainsbarrien « casse toi ! (…) Pauvre con » du sanguin Président. Jauger les brenneuses casseroles du mesuré Fanfan Mité, que les médias institutionnels (publics et privés) comme la grande presse ont occultées pendant plus d’une décennie alors que Le Crapouillot (feu magazine étiqueté d’extrême droite) les livrait sur la place publique dès le début du premier septennat, édifie sur la gravité d’une vulgarité existentielle face à quelques excès grossiers du peu agreste Sarkozy.
Renifler les incongruités langagières et les familiarités redondantes du dégingandé Chirac ne fait que souligner la tendance outrancière de son Brutus politique.
L’Internet s’ébroue ou se goberge face à l’échange entre le citoyen de base qui, par une périphrase sans ambiguïté, traite de merde le président de la République, lequel le tutoie et l’insulte, le renvoyant à son insondable insignifiance.
Fallait-il le mépriser par le silence, à la façon d’un Balladur (digne héritier de Pompidou, le dernier de nos présidents ancienne manière) dont les Français, après l’avoir porté au pinacle comme Premier ministre, n’ont pas voulu comme locataire feutré de l’Elysée ? Fallait-il l’ignorer pour les caméras et demander au service d’ordre de l’intimider en coulisse par quelques arguments musclés dont le pouvoir exécutif a le secret ? Fallait-il, sinon, lui signifier un immédiat dépôt de plainte pour injure envers le chef de l’Etat ? Autant de voies raisonnables ou traditionnelles qui ne traduiraient plus l’instinctive personnalité du schismatique Sarkozy.
Alors oui, la dignité de la fonction est foulée aux pieds, selon les critères vieille France ; oui, il a fait du talion verbal sa marque réactive. Mais, finalement, qu’attendaient ceux qui l’ont élu (pour ses adversaires, l’indignation entretenue est on ne peut plus logique, banale) ? D’avoir un Président sans écart de langage, bien ripoliné aux entournures, pondéré dans toute situation, même celle où un scrogneugneu l’insulte ?
Croit-on à de la stratégie politique ? Encore parler de lui pour le traîner dans la boue, quel fin tacticien ! Son
problème : dès qu’il se replace dans le réfléchi, le complexe, le retenu, par exemple lors de son récent discours sur l’Union européenne, il est inaudible, sans relais, sans aucune agitation médiatique enthousiaste ou fustigeante. Ses penchants caractériels le poussent alors à de sporadiques coups d’éclat qui le remettent en scène sous les feux de Big Média.
Devait-il passer du politique boutefeu au Président flagellé se drapant dans la majesté de la fonction pour laisser couler le jus des projectiles pourris ? La haine attisée le rendra plus vulnérable à la folie d’un citoyen pressé d’en finir… Là est le risque majeur. Nous reviendrions alors à du feutré, du bien hypocrite, du sans vagues comme on l’aime, tant qu’on ne l’a pas comme interminable quotidien.
Toujours insatisfait, toujours à s’en prendre à ceux qui ont la charge de gouverner ce pays, le peuple de France entretient son ancestral penchant à brûler ses idoles, même lorsqu’elles lui ressemblent jusqu’au bout des mots.
Cet article est égalementparu sur le site Agoravox

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