Magazine
Les sphères du pouvoir politico-médiatiques se sont ébrouées pour le plus puissant impact. Lorsque le premier des politiques invite à l’Elysée le premier des médias, tranchant en cela avec le conventionnel entretien partagé entre France Télévision et TF1, cela incite à aiguiser son sens critique pour passer au-delà du contentement réciproque affiché.
Certes, Poivre d’Arvor tente quelques taquineries ad hominem, sans doute, Claire Chazal aurait-elle souhaité se lancer dans de plus mordantes interrogations, mais la petite musique de cet échange convenu ne dépareillait pas de l’usage habituel des interventions présidentielles à la télévision.
L’allant, le volontarisme, la combativité venaient uniquement de Sarkozy, parfaitement à l’aise avec ses deux faire-valoir journalistiques. Doit-on mettre cela sur le bénéfice du doute accordé à un président qui va enfin pouvoir s’adonner à l’action réformatrice du pays ? Rien de plus normal alors... Les mois passants, nous pourrons apprécier si la tonalité journalistique rappelle toujours les belles heures de Michel Droit face à de Gaulle.
Le rajeunissement d’une pratique du pouvoir ne doit pas leurrer sur le filigrane réflexe d’être le mieux servi par ceux auxquels vous réservez vos apparitions. De la télévision étatiquement contrôlée, nous sommes désormais pleinement passé au média privé économiquement bénéficiaire de sa complaisance sous-jacente. On titille pour la forme, laissant les attaques de fond à la presse, à l’impact bien plus circonscrit.
Pour le reste, rien de nouveau puisque tout gravite autour d’un programme présidentiel suffisamment claironné et légitimé (ou tout du moins légalisé) par le scrutin.
Face à ce rouleau pourfendeur légèrement freiné par le résultat victorieux, mais pas triomphant, des législatives, le feuilleton socialo-royaliste a rajouté un acte vaudevilesque avec chambres à part et cornes en guise de couronne.
D’une vraie-fausse victoire socialiste, la soirée des dépouillements électoraux a très vite résonné des épuisements de l’alcôve chez la rose bicéphale. Même Feydeau n’eut pas osé cette culbute événementielle. Rien pour rassurer sur la crédibilité d’une rénovation annoncée de la gauche. On savait cette dernière obsédée par les questions de personnes, quitte à s’obstiner à l’individualisme suicidaire (l’extrême gauche se hissant comme parangon dans cette pratique) ; on découvre son principal parti dirigé ou inspiré par une détonante proximité tête-cœur dans ce qu’il a de plus aléatoire.
Apprendre, enfin, que la candidate a porté des propositions auxquelles elle ne croyait pas, dans une posture électorale mensongère sur de symboliques mesures (Smic à 1500 euros brut et 35 heures généralisées), achève le tableau apocalyptique du socialisme version Ségolène.
A suivre avec délectation et en fanfare !