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J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.9)

Publié le 08 mai 2015 par Philostrate
J’étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.9)

Vainqueur du Tour de France cycliste 1909, le jovial François Faber était avant la Grande Guerre un champion populaire. Grandi en banlieue parisienne, le « Géant de Colombes », généreux et bon vivant, avait opté pour la nationalité luxembourgeoise de son père, mais était considéré par le public comme un enfant du pays. Quand la guerre éclate pendant l’été 1914, il s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la France, qui avait fait « sa fortune ». Un siècle après sa disparition, c’est en hommage à son parcours et à celui de tous ses frères d’armes qu’il nous raconte à sa manière ses derniers jours.

« Ah mes aïeux, quelle journée ! J'vais m'en souvenir longtemps de ce 8 mai 1915 ! Ça y est, je suis papa. J'ai enfin reçu une lettre d'Eugénie. C'est une petite Raymonde, elle est née le 5 mai. Je l'avais dit à Nini, ce sera une fille et tu feras une belle petite maman ! Tu pourras l'éduquer et la parer à ta façon, alors que si ça avait été un gars, il se serait pas passé longtemps avant que je le mette à la bicyclette. Enfin, mon tour viendra hein ! Quand j'ai annoncé la nouvelle au bataillon, les gars étaient presque aussi heureux que moi. C'est bath de les voir ! Un qui arrive une bouteille de picton sous le bras pour trinquer, un autre qui, verse sa larme en s'rappelant lui aussi le grand jour, mes deux sergents qui se battent à qui sera le parrain… Faut pas croire, on est des sentimentaux nous les légionnaires ! D'ailleurs, on avait un peu anticipé la bonne nouvelle en liquidant cinq bouteilles de champagne. Ah, on était frais ! Pourtant, ce matin, on a bien cru que ça y était. le bataillon était préparé pour l'assaut et puis il y a eu un nouveau contre ordre. Les nuits et les petits matins se suivent : grêle d'obus sur les Boches puis rassemblement dans les tranchées en attendant l'offensive. C'est pas encore pour aujourd'hui, mais j'crois que le grand déclenchement approche. Tant mieux, ma bonne fortune a contaminé tous les hommes. Remonté comme un coucou le bataillon C, les Fritz ne vont pas avoir beau jeu ! Bon, j'vous laisse, papa Faber a encore une tournée à honorer. Ah c'que je suis heureux…A la revoyure !"


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