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J'étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.10)

Publié le 09 mai 2015 par Philostrate
J'étais François Faber, champion cycliste et légionnaire… (Vol.10)

Vainqueur du Tour de France cycliste 1909, le jovial François Faber était avant la Grande Guerre un champion populaire. Grandi en banlieue parisienne, le « Géant de Colombes », généreux et bon vivant, avait opté pour la nationalité luxembourgeoise de son père, mais était considéré par le public comme un enfant du pays. Quand la guerre éclate pendant l’été 1914, il s’engage dans la Légion étrangère pour défendre la France, qui avait fait « sa fortune ». Un siècle après sa disparition, c’est en hommage à son parcours et à celui de tous ses frères d’armes qu’il nous raconte à sa manière ses derniers jours.

« Cette fois, c'est la bonne ! 9 mai 1915, le gros coup c'est pour aujourd'hui. Depuis quatre heures du matin, nous sommes massés dans l'attente du coup de sifflet qui nous fera bondir hors de nos tranchées. Trois corps d'armée au grand complet, dont nozigue, le bataillon C du 1er Etranger. Le commandant Noiré nous l'a confirmé : avec le 7e Tirailleurs, on va devoir se coltiner les Ouvrages blancs. Objectif : la crête de Vimy et la cote 140. Depuis six heures du matin, le déluge d'obus sur les lignes des Alboches est encore plus terrible que les nuits précédentes. Nos artiflots s'en donnent à cœur joie ! Le terre tremble comme jamais. Ça fait un moment que même les plus costauds n'ont plus le cœur à la plaisanterie. Y'en a bien qu'essaient de donner le change en sifflotant, mais la plupart, moi compris, ont des bobines à faire peur. Le regard perdu, le teint verdâtre, quand ils ne dégueulent pas tripes et boyaux. La tension est terrible. Tous les commandants sont à leurs postes : Noiré, Muller, Gaubert… Plus loin j'aperçois les capitaines Leliagre, Boutin, Jourdeuil et Osmont. Ils encouragent leurs hommes, même si on sait bien qu'eux aussi ont sacrément les pétoches, comme nous. "Ceux de gauche fonceront sur Carency, à nous les cote 140 !" On se répète la phrase mécaniquement, comme pour se convaincre qu'on s'y retrouvera tous, là-haut, sur leur foutue crête, dans quelques heures. L'artillerie poursuit son récital : pourvu que les Fritz qui restent soient marmités à point. Il est bientôt dix heures, je crois qu'c'est pour bientôt. J'ai les tripes retournées. J'vous laisse. Maintenant on y est jusqu'au cou, advienne que pourra !"


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