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La révolution des nouveaux désherbants «bio»

Publié le 10 mai 2015 par Blanchemanche
#Herbistop #Finalsan #Katoun  #100%naturel
L'acide pélargonique agit en détruisant la cuticule qui recouvre, comme une peau, les tiges et les feuilles. En quelques heures la plante sèche et meurt. Crédit photo: Jim Fleenor sous licence Creative Commons.
©Jim Fleenor sous licence Creative Commons
Cette fois c'est du sérieux. Les jardiniers soucieux de contrôler la propagation des «mauvaises» herbes sans recourir à des désherbants «chimiques» vont pouvoir le faire en mariant efficacité et protection de l'environnement. Fini les pseudo recettes à base d'eau bouillante ou de vinaigre blanc (une calamité pour les sols acides!) déversés sur les indésirables -qui repoussent d'ailleurs aussi sec. Sans parler des lance-flammes, outils dangereux, gourmands en énergie et grands pourvoyeurs de CO2, ou encore de la corvée du désherbage manuel. N'y a-t-il pas mieux à faire, quand on arrive à dégager du temps pour son jardin, que de gratter la cour et les allées à la binette? Autrefois, avant l'apparition des herbicides totaux comme le glyphosate, cette besogne était fréquemment confiée aux enfants dont on ne sollicitait pas autant l'avis qu'aujourd'hui. Résultat: des générations entières ont été dégoûtées à tout jamais des «joies» du jardinage...

100% naturel


Comme son nom l'indique, l'acide pélargonique existe à l'état naturel dans le géranium ou pélargonium, de son vrai nom. Crédit photo: Paul van de Velde.©Paul Van de Velde
Plusieurs spécialités à base d'acide pélargonique, une substance naturelle aux effets herbicides que l'on retrouve dans le géranium, viennent, en effet, de faire leur apparition sur le marché comme Herbistop de Clairland, Finalsan de Neudorff et Katoun mis au point par Jade, une PME bordelaise. Contrairement aux deux précédents, Katoun a l'avantage d'être 100 % naturel: l'acide pélarnogique est extrait d'huile de colza et bientôt de tournesol et les adjuvants sont eux aussi «bio sourcés» comme on dit dans le nouveau jargon. Surtout, il est trois fois plus dosé en matière active, ce qui permet d'en utiliser moins au mètre carré. Seul problème, il n'est, pour l'instant, autorisé que dans les espaces publics gérés par les collectivités (trottoirs, terrains de sports, parcs et jardins de ville, cimetières…).

Cuticule cireuse

L'acide pélargonique agit par contact en détruisant la cuticule cireuse qui recouvre, comme une peau, les tiges et les feuilles. Privée de cette protection, la plante sèche en quelques heures et meurt sous l'action des rayons ultra-violets solaires. Les expérimentations menées sur Katoun et Beloukha (spécialité de Jade destinée au monde agricole et viticole) dans le cadre de leur homologation (procédure officielle de contrôle obligatoire pour obtenir une autorisation de mise sur le marché) montrent une efficacité comprise entre 85 et 90% de celle du désherbant chimique utilisé comme référence.

Deux applications par an

Le tout sans la moindre écotoxicité aussi bien pour l'Homme, que pour l'eau, l'air et le sol. À noter que l'acide pélargonique marche aussi contre les mousses et pour l'épamprage de la vigne et desarbres fruitiers. «Deux applications par an suffisent pour obtenir un contrôle satisfaisant à un prix comparable à celui du marché», assure Alain Chemin, le président fondateur de Jade qui espère obtenir l'homologation de Katoun pour les jardins amateurs en 2016.
Les désherbants représentent les Ÿ du marché des produits phytosanitaires.©Olaf Speier / Fotolla
Quelques conditions sont tout de même requises pour que l'opération réussisse: les mauvaises herbes ne doivent pas avoir dépassé le stade 4 à 5 feuilles (mais le produit semble agir quand même au-delà), la température extérieure doit être de 15°C minimum (10°C avec Finalsan) et la pulvérisation sur les plantes-cibles doit être régulière et bien homogène. Bien évidemment l'application soit s'effectuer par temps sec.

Avancée majeure

L'arrivée de ces produits dits de «biocontrôle» constitue, indiscutablement, une avancée majeure dans la démarche de réduction des pesticides de synthèse engagée au niveau national depuis le Grenelle de l'environnement (-50% à l'horizon 2025). A fortiori quand on sait que les désherbants représentent, à eux seuls, les Ÿ du tonnage de substances actives utilisées dans les jardins amateurs. Du coup, il est parfaitement incompréhensible, et incohérent, que ces produits, fortement encouragés par le ministère de l'Agriculture dans le cadre du plan Ecophyto 2, soient exclus du label «Terre saine, communes sans pesticides» lancé par le ministère de l'Écologie. Même la bonne vieille bouillie bordelaise qui n'est pas, il est vrai, sans danger pour l'environnement (toxicité pour les sols et les organismes aquatiques) mais que les «bios» s'autorisent quand même à utiliser pour lutter contre des maladies comme le mildiou de la tomatela cloque du pêcher ou latavelure du pommier, est victime de cette fatwa écolo. Ce jusqu'auboutisme de mauvais aloi ne risque-t-il pas de jeter inutilement le doute sur des innovations pourtant prometteuses?Pour ma part, je vais tester dès cette année l'acide pélargonique et vous ferai par de mes observations le moment venu.

Au potager


Chenille de carpocapse du pommier.©Milos Luzanin / Fotolla
• Semez les haricots. Dès qu'ils auront séché des dernières pluies, les sols seront suffisamment chauds pour accueillir lesgraines de cette formidable légumineuse ramenée d'Amérique par Christophe Colomb, à raison d'une tous les 4 à 5 cm en lignes espacées de 40 cm.Qu'ils soient nains ou grimpants, il existe une grande diversité de types et de variétés de haricots. Du fait de leur grande hauteur, les seconds doivent être soutenus par des supports: branchages, bambous ou plants de maïs doux que vous sèmerez sur le rang afin que leur tiges volubiles puissent s'enrouler autour.• Protégez vos carottes. Si vous ne voulez pas manger decarottes «vermoulues», autrement dit parsemées de galeries creusées par les minuscules asticots d'une mouche (Psila roasae) particulièrement amatrices de ce légume et de ses cousins (céleri, persil) vous devez agir sans tarder. La ponte commençant dès ce mois-ci posez des filets anti-insectes à maille fine (moins de 1 millimètre) qui protègeront vos carottes contre ce ravageur.

Au verger

• Piegez les carpocapses. Ce terme, à la consonnance quelque peu barbare, désigne un modeste papillon nocturne dont les chenilles, improprement appélées «vers», ont le mauvais goût de se développer au détriment des poires, des pommes (Cydia pomonella) ou des prunes (C. funebrana) de votre verger où elles peuvent occasionner d'importantes pertes de récolte. Le piégeage par confusion sexuelle est un bon moyen de détecter les vols nuptiaux et de traiter au moment opportun soit avec un insecticide classique de type pyréthrinoïde, soit avec un produit bio, à base de carpovirusine, un virus végétal sans danger pour l'homme et les animaux domestiques. Attention, toutefois, sauf si vous disposez d'un grand verger (un hectare minimum), les pièges à phéromones qui capturent les mâles en émettant une odeur semblable à celle émise par les femelles, ne permettent pas de lutter efficacement contre ce parasite. En effet, si vous n'avez que quelques arbres, les femelles fécondées chez ceux des voisins viendront pondre sur les vôtres! À moins que vous ne parveniez à convaincre tout votre entourage de poser des pièges en même temps que vous, seule façon de capturer assez de mâles pour que l'essentiel des femelles carpocapses du secteur ne soient pas fécondées.AU JARDIN CE WEEK-END- Chaque week-end, Marc Mennessier, journaliste au Figaro, ingénieur agricole et amoureux des plantes vous livre ses conseils et astuces pour faire de votre jardin un Éden.http://www.lefigaro.fr/jardin/2015/05/08/30008-20150508ARTFIG00228-la-revolution-des-nouveaux-desherbants-bio.php

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