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Philosophy Of A Knife (Dieu a créé le Paradis pour les hommes... Les hommes ont créé l'enfer sur Terre...)

Publié le 10 mai 2015 par Olivier Walmacq

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genre: horreur, gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
année: 2008
durée: 4h30

l'histoire: Mêlant images et film d'archives, ce film retrace l'histoire vraie de l'unité 731 ( 1932-1945 ), camp japonais destiné à faire des expériences sur des prisonniers de guerre. Le but était de fabriquer une arme bactériologique de destruction massive dans la guerre qui opposait les japonais aux russes, et également de rattraper leur retard dans le domaine spatial et scientifique

La critique :

Ce n'est pas la première fois que le cinéma trash et extrême s'intéresse de près au tristement célèbre Camp 731, un sujet qui reste toujours aussi tabou pour le gouvernement japonais, même encore aujourd'hui. Par le passé, Men behind the Sun, connu également sous le simple nom de Camp 731, de Mou Tun-Fei, avait déjà abordé ce sujet pour le moins très délicat, mais de façon manichéenne, voire même propagandiste. Pourtant, le réalisateur russe, Andrey Iskanov, décide d'apporte sa modeste pierre à l'édifice. Passionné par le cinéma expérimental et autres bizarreries filmiques, Andrey Iskanov est loin d'être un inconnu au bataillon. En effet, par le passé, le cinéaste s'est déjà distingué avec Nails et Visions of Suffering.

Pour Philosophy Of A Knife, Andrey Iskanow effectue un grand travail de recherches historiques sur le Camp 731. Il récupère ainsi des photographies, de nombreuses archives, ainsi que des vidéos sur les tortures pratiquées sur les prisonniers. Finalement, en 2008, Philosophy Of A Knife sort en dvd zone 1. Il s'agit donc d'un film rare, qui va néanmoins se tailler une solide réputation sur la Toile.
En effet, le trailer de Philosophy Of A Knife (POAK) annonce tout simplement le film le plus barbare, le plus choquant, le plus extrême et le plus violent jamais réalisé. Rien que ça ! Reste à savoir si la réputation de POAK est bel et bien justifiée.

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Evidemment, en cherchant bien, vous trouverez certaines "galettes" trash qui vont encore plus loin dans la violence, la débauche et la barbarie. Toutefois, dans son genre, POAK est bien la boucherie annoncée. Cependant, résumer le film à quatres heures et demie d'atrocités non-stop serait une grave erreur. Attention, SPOILERS ! Durant la seconde guerre mondiale, des scientifiques japonais utilisent des cobayes humains (essentiellement des prisonniers russes et chinois) pour commettre des exactions expérimentales. Encore faut-il rappeler à quoi correspond exactement l'Unité 731, à savoir un camp militaire et d'extermination massive, dirigé par le japonais Shirou Ishii dont le but officiel était la recherche bactériologique, entre les années 1920 à 1940.

Cependant, à partir du début de la Seconde Guerre Mondiale et avec l'apogée du nazisme en Europe, les choses s'accélèrent sérieusement. Il faut à tout prix progresser dans la recherche scientifique, en menant les expériences les plus abominables sur des êtres humains. A ce titre, l'Unité 731 est considérée comme le sommet de la barbarie humaine.
A la rigueur, et malgré leurs atrocités, les camps de la mort nazis passent presque pour des petits "enfants de choeur" (façon de parler...). Premier constat, POAK se distingue par sa tonalité à la fois sombre, nihiliste et morbide. C'est sûrement pour cette raison qu'Andrey Iskanov opte pour un long-métrage en noir et blanc. 

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Seuls les témoignages de ceux qui ont vu (de près comme de loin) les exactions commises dans le Camp 731 sont réalisés en couleurs. La première demi-heure du film correspond à un vrai documentaire historique et se concentre sur les origines de la construction du camp. Andrey Iskanov utilise de nombreuses images d'archives et s'appuie sur de véritables séquences vidéos de l'époque.
Même remarque concernant les tortures. Là aussi, un énorme travail a été réalisé. Pour Iskanov, le but est de proposer une reconstitution qui soit la plus réaliste possible, le tout suivi (une fois encore) par des photographies à l'appui.

Autrement dit, Andrey Iskanov ne fait que s'appuyer sur la réalité des faits, donc sur la réalité historique. Sur ce dernier point, Iskanov opte pour une réalisation clinique et chirurgicale. Ici, on se contrefout (un peu) de la psychologie des prisonniers. Pourtant, via ce procédé, Andrey Iskanov réussit son pari. Ce qui choque le plus, c'est la cruauté des bourreaux et leur acharnement à disséquer le plus possible des corps déjà atrocement mutilés. Ainsi, toutes les expériences sont possibles et imaginables.
Pire encore, la plupart ne présente, en réalité, aucun intérêt scientifique. C'est par exemple le cas lorsque les tortionnaires japonais forcent un prisonnier, atteint du choléra, à violer une jeune femme.

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Par la suite, celle-ci sera opérée, disséquée et trucidée, juste histoire de. Les séances de tortures se déroulent donc dans l'indifférence générale, parfois même avec une certaine hilarité. L'horreur se conjugue alors avec le sadisme et la perversité dans des proportions démesurées et indescriptibles. Ainsi, les cobayes deviennent des poupées ou des corps que l'on peut annihiler, calciner, exciser, démembrer jusqu'à atteindre l'hystérie, l'avilissement et la décripitude la plus totale.
C'est probablement pour cette raison qu'Andrey Iskanov a choisi de ne pas s'attarder sur la psychologie de ses protagonistes, comme si les prisonniers n'étaient plus que de vulgaires objets consommables, voués à la mort et à la putréfaction. 

Ainsi, le cinéaste transforme le Camp 731 en une gigantesque entreprise de la mort, ce qui n'est pas rappeler le cas d'Auschwitz durant l'Allemagne nazie. L'horreur est ici renforcée par la musique lancinante d'Alexander Schevchenko, le compositeur fétiche d'Iskanov. Au-delà de ses tortures et de ce qu'il dénonce, POAK reste avant tout un film coup de poing, destiné à marquer le spectateur au fer rouge.
POAK est un film qui alimente le débat sur la Toile. D'un côté, il y a ceux qui détestent clairement le film et se demandent quel est l'intérêt réel d'une telle pellicule. De l'autre, il y a ceux qui le défendent comme une oeuvre courageuse, à la fois très gore et expérimentale. Avec POAK , Andrey Iskanov réalise probablement le film d'horreur le plus polémique, le plus scandaleux et le plus outrancier de ces dix dernières années.

Note: ?

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