Le 19 septembre 2007à Nantes, le Chef de l'Etat déclarait : "... / ... Nous devons donc refonder une fonction publique où les fonctionnaires n'auront pas le sentiment d'être réduits à l'impuissance, parce qu'ils ne savent pas toujours ce que l'on attend d'eux, parce qu'ils ont trop souvent le sentiment d'être mal aimés, mal considérés, parce qu'ils servent un Etat qui fonctionne mal, qui ne répond pas à ce que nos concitoyens sont en droit d'en attendre, qui perd toute continuité et toute cohérence dans la valse hésitation des réformes qu'on multiplie sans jamais oser les mener jusqu'à leur terme.
Le malaise est partout.
Il est dans l'Etat qui est devenu impécunieux et impuissant en même temps qu'il ne cessait de s'étendre pour devenir tentaculaire.
Il est dans les hôpitaux totalement désorganisé par les 35 heures.
Il est dans la fonction publique territoriale.
Ce malaise ronge les meilleures volontés.
Ce malaise fait obstacle au changement.
Le moment est venu de reconstruire.
... / ... Le service public ne peut pas obéir au critère de la rentabilité financière. Mais le service public a un devoir d'efficacité. Il a le devoir de rendre le meilleur service possible sans gaspiller l'argent public qui est l'argent des Français ... / ... Chacun peut comprendre que dès lors que nul ne peut indéfiniment dépenser plus qu'il ne produit, la hausse non maîtrisée des effectifs de la fonction publique a fatalement pour corollaires la baisse du pouvoir d'achat et le rétrécissement des perspectives de carrière.
Mais, dans mon esprit, la réduction des emplois publics est une conséquence et un moyen de la réforme, non une fin en soi. Je me suis engagé à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Cet engagement, je le tiendrai parce qu'il n'y a aucun autre moyen pour améliorer le pouvoir d'achat des fonctionnaires et retrouver les marges financières qui permettront à l'Etat de ne plus vivre à crédit en finançant par le déficit, non l'investissement mais le fonctionnement ... / ... Ce que je vous propose, c'est une révolution culturelle, une révolution pour changer les mentalités, pour changer les comportements et pas seulement les structures, pas seulement les procédures, pas seulement les moyens ... / ... La haute fonction publique doit bien évidemment se montrer exemplaire à la fois dans le partage de l'effort et dans la modernisation ... / ... "
Le message était clair. Eric WOERTH l'annonçait le 18 mai 2008 : "PARIS (AFP) — Le ministre de la Fonction publique Eric Woerth juge qu'"il n'y a pas de raison de reculer", sur la réduction d'effectifs prévue parmi les fonctionnaires, quand "on a la conviction d'agir pour l'intérêt général", dans une interview au Parisien Dimanche.
"Je ne suis pas un père Fouettard, mais il est impératif de diminuer les effectifs de la Fonction publique", ajoute le ministre, qui veut "les réduire doucement, sans brutalité". "A partir du moment où on a la conviction qu'on agit pour l'intérêt général, il n'y a pas de raison de reculer", explique M. Woerth, qui estime que "reculer, ce serait faire reculer le pays".
"Tous les pays qui sont parvenus à équilibrer leurs finances publiques, ont réduit le nombre de leur fonctionnaires", souligne-t-il. Le ministre juge qu'il serait "irresponsable" de ne pas saisir l'"opportunité" de la démographie qui "fait que beaucoup partent en retraite". ... / ... Le gouvernement a programmé 22.900 suppressions de postes de fonctionnaires dans le Budget 2008 et 35.000 ont été annoncées pour 2009 en application du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) ... / ... "
Le Ministre comme gouvernement et le Président ont d'ailleurs fait savoir qu'aucun mouvement social ne saurait les faire reculer. Lorsqu'on voit une telle détermination, on se dit que dans les cabinets du Président, du Premier Ministre et des Ministres, la plus grande rigueur et surtout l'objectif d'efficacité doivent être la règle !!
Alors, qu'en est-il ?
On compte à ce jour 37 ministres ou secrétaires d'Etat . Même si les secrétaires d'Etat sont sous la tutelle de ministères, on peut globalement dire que tous les aspects de la gestion du pays semblent couverts. Il ne faut en effet pas oublier que chaque ministre ou secrétaire d'Etat dispose d'un cabinet dont le nombre de conseillers peut varier de zéro (Rama YADE) à une trentaine (Roselyne BACHELOT) à 37 (Christine LAGARDE) soit en moyenne une vingtaine de conseillers.
Une visite sur le site de la Présidence de la République à la page "Cabinet de Nicolas SARKOZY" amène à se poser des questions sur la diminution du nombre de fonctionnaires notamment en ce qui concerne le cumul ou doublonnage.
Composition du cabinet de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République
Secrétaire général : M. Claude GUEANT
Chef de l'Etat-major particulier : Amiral Edouard GUILLAUD
Conseiller spécial du Président de la République : M. Henri GUAINO
Conseillers du Président de la République :
M. Raymond SOUBIE
Mme Catherine PEGARD
Conseiller diplomatique et Sherpa : M. Jean-David LEVITTE
Secrétaire général adjoint : M. François PEROL
Directeur du cabinet : Mme Emmanuelle MIGNON
Conseillers à la présidence de la République :
M. Franck LOUVRIER
M. Arnold MUNNICH
M. Patrick OUART
Chef de cabinet : M. Cédric GOUBET
Chef de cabinet adjoint : M. Samuel FRINGANT
Mais enfin, pourrait-on se dire, après tout, le budget de la France peut bien offrir quelques (très chers) collaborateurs au Président. Oui, mais c'est en lisant la deuxième partie de la liste consacrée aux conseillers et conseillers techniques qu'on est partagé entre le sourire et l'abattement.
Conseillers :
M. Dominique ANTOINE, conseiller culture, éducation, jeunesse et sports
M. Bernard BELLOC, conseiller enseignement supérieur et recherche
M. Olivier BIANCARELLI, conseiller parlementaire et Outre-mer
M. Erard CORBIN de MANGOUX, conseiller affaires intérieures
M. Bernard DELPIT, conseiller économique
Mme Cécile FONTAINE, conseiller défense
M. Pierre-Jérôme HENIN, conseiller presse questions internationales
M. Bruno JOUBERT, conseiller diplomatique adjoint
M. Bertrand MARTINOT, conseiller social
M. Jérôme PEYRAT, conseiller politique
M. Fabien RAYNAUD, conseiller affaires européennes
M. Maxime TANDONNET, conseiller immigration et intégration
Conseillers techniques :
M. Boris BOILLON, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé de l’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient
M. Olivier COLOM, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé du G8, des Nations unies, des affaires multilatérales et globales et de la francophonie.
M. Edouard CREPEY, conseiller technique en charge des questions institutionnelles, constitutionnelles et juridiques
Mme Sophie DION, conseiller technique sport
M. Jean-Baptiste de FROMENT, conseiller technique éducation
M. Eric GARANDEAU, conseiller technique culture et communication
M. Christophe INGRAIN, conseiller technique justice
M. Rachid KACI, conseiller technique politique de la ville, diversité
M. Damien LORAS, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé des Amériques, de la Russie, du Caucase, des Balkans et de l’Asie centrale
M. Bertrand LORTHOLARY, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé de l’Asie et de l’Océanie
M. Matthieu LOUVOT, conseiller technique industrie - énergie - transport
M. Christophe MALVEZIN, conseiller technique agriculture et pêche
M. Rémi MARECHAUX, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé de l’Afrique sub-saharienne
M. Raphaël RADANNE, conseiller technique santé
M. Aimeric RAMADIER, conseiller technique fonction publique et jeunesse
M. Boris RAVIGNON, conseiller technique développement durable
M. François RIAHI, conseiller technique réforme de l’Etat
M. François RICHIER, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé des affaires politico-militaires
M. Julien SAMSON, conseiller technique protection sociale
M. Romain SERMAN, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé de l’Afrique sub-saharienne
M. Eric TALLON, conseiller technique à la cellule diplomatique chargé des affaires européennes
M. Julien VAULPRE, conseiller technique opinion
Notre Premier Ministre serait quant à lui plus mal loti ?
Pour mémoire, le cabinet du Premier Ministre se compose de :
1 Directeur du cabinet, 1 Directeur adjoint du cabinet, 1 Conseiller auprès du Premier ministre, 1 Conseillère auprès du Premier ministre pour la communication.
Puis :
Chargés de mission auprès du Premier ministre :
M. Jean de BOISHUE, ancien ministre
M. Daniel-Georges COURTOIS,
Pierre DAVID
Jean-Marc MONTEIL
1 Chef du cabinet
1 Chef du cabinet militaire
1 Chef adjoint du cabinet
1 Conseillère, chef du secrétariat particulier :
1 Conseiller Europe :
1 Conseillère pour les affaires économiques et financières :
1 Conseiller social :
1 Conseiller pour les affaires intérieures
1 Conseillère pour la justice :
1 Conseiller parlementaire :
1 Conseiller pour la réforme de l’Etat et la fonction publique :
1 Conseiller pour le budget :
1 Conseiller pour l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche :
1 Conseiller pour l’industrie, la recherche et l’énergie :
1 Conseiller diplomatique :
1 Conseiller pour le développement durable
et Arno KLARSFELD (aucune précision)
5 conseillers au service de presse
Conseillers techniques :
1 Affaires diplomatiques
1 Fiscalité et prélèvement obligatoires
1 dossiers culturels et discours
1 Affaires diplomatiques et coopération franco-allemande
1 Relations avec le Sénat et les associations d’élus
1 Education
1 Financement des entreprises, services, artisanat, concurrence, consommation et tourisme
1 Politique de la ville, intégration et lutte contre l’exclusion :
1 Relations avec l’Assemblée nationale et l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et de l’UEO
1 Enseignement supérieur et recherche
1 Santé
1 Ecologie et urbanisme
1 Discours
1 Sécurité
1 Stratégies industrielles, PME-PMI, technologies et société de l’information
1 Administration territoriale, collectivités locales et outre-mer
1 Sports, jeunesse et vie associative
1 Libertés publiques
1 Finances sociales
1 Affaires stratégiques
1 Affaires locales
1 Energie, politique industrielle et sûreté nucléaire
1 Discours
1 Travail et formation professionnelle
1 Affaires économiques internationales
1 Espace, industries de défense, recherche et innovation
1 Climat, transport et règles de construction
1 Macro-économie et emploi
1 Culture et communication
1 Agriculture, pêche et forêt
Chargés de mission
1 Aménagement et logement
1 Relations avec élus
1 Education
1 Prévisions économiques
1 Relations avec l’Assemblée nationale et le Parlement européen
En regardant de plus près les deux (impressionnantes) listes, on constate non seulement que l'Elysée et Matignon possèdent dans leurs cabinets respectifs des équivalents ou doublons et qu'ils couvrent la totalité des sujets ou dossiers gérés par les minsitères ou Secrétariats d'Etat. Muni de ces informations, on est légitimement en droit de se poser une question : Comment est-il possible d'obtenir la moindre efficacité dans l'action ?
Une question nous vient immédiatement à l'esprit : La réduction du nombre de fonctionnaire dont Eric WOERTH se gaussait il y a peu de temps va t-elle s'appliquer aux ministères, à Matignon ou au cabinet Elyséen au nom de l'efficacité et de la gestion sérieuse ? Car, enfin, les émoluments des fonctionnaires présents dans les cabinets n'on rien à voir avec celui des simples salariés de la fonction publique ou territoriale.
Une question pour laquelle, probablement, nous risquons d'avoir du mal pour trouver un interlocuteur ... pour y répondre.
Libellés : budget, fonction publique, politique