Mad Men // Saison 7. Episode 13. The Milk and Honey Route.
Avant dernier épisode de l’histoire de Mad Men et sincèrement, je crois que la série a atteint avec cet épisode le point qu’il fallait pour me séduire pleinement et me dire que la saison 7 est réussie. L’ouverture de cet épisode est déjà un symbole du chemin parcouru par la série et au fond, cet épisode, au travers du voyage de Don, parvient à nous rappeler tout ce que Don Draper a vécu. C’est là qu’un policier dans son rêve vient l’arrêter sur le bas côté et Don sait de toute façon qu’à un moment de sa vie les autorités peuvent lui tomber dessus pour avoir déserté son devoir en Corée. Mais ce qui est assez intéressant là dedans c’est que le voyage de Don sort le personnage de New York et le transforme alors en une sorte de fugitif. C’est probablement ce lui qui a permis de faire ce semblant de cauchemar. La série continue d’explorer les problèmes du héros et sa désertion est l’un de ces problèmes. Mais à chaque fois le passé le rattrape, simplement car il pense à quelque chose qui pourrait l’embarquer et le mettre derrière des barreaux. Ce qu’il a fait est horrible mais il ne peut plus revenir en arrière, il le sait pertinemment et c’est aussi pour cela qu’il est aussi torturé. Cet épisode veut nous dire à quel point le passé de Don est finalement l’une des dominantes de ce qui l’a rendu comme il est aujourd’hui et cette lâcheté dont il a fait preuve le suit. Il aime fuir, il a fuit ses responsabilité de mari plusieurs fois, et il n’a que son boulot (même si à certains moments il a voulu fuir aussi).
Mais cet épisode rappelle tout un tas d’autres éléments du passé de notre héros et il y a bien évidemment cet hôtel et la façon dont la caméra vient sillonner le corps de cette magnifique femme qui est en train de bronzer légèrement. C’est assez drôle que Americana, le motel dans lequel reste Don dans cet épisode, est aussi une façon de rappeler ses addictions (notamment celle aux femmes). Cet épisode rappelle aussi que la magie du personnage est de pouvoir faire des choses que d’autres n’arrivent pas forcément à faire. Il a réussi à McCann et c’est ce qui lui a permis de continuer son aventure et c’est aussi pour cela qu’il reste quelqu’un de demandé dans le milieu dans lequel il travaille et là, quand il répare une machine à Coca, on lui propose de rester une nuit de plus. C’est une nouvelle métaphore de la vie de Don et de son chemin parcouru. En semant tout un tas de références de ce genre là tout au long de l’épisode, Mad Men vient nous rappeler que la vie de Don est un parcours, semé d’embuche, mais que ces embuches ne sont pas forcément que les siennes mais aussi les nôtres. Sauf que l’on gère peut-être différemment notre vie, guidée parfois par le courage (ce que Don n’a pas) et la lâcheté (ce qui fait le caractère de Don et l’intérêt que l’on peut lui porter).
L’envie de s’évader chez Don est très importante et c’est ce qui fait le caractère le plus intrinsèque de cet épisode. On ne peut pas passer à côté de son envie de partir sauf qu’à chaque fois qu’il part, il se rend compte que son passé est toujours là et qu’il vient le hanter. On a déjà pu voir cela aussi par le passé dans la série et malgré toutes ses envies de s’évader, il revient toujours au bercail, à New York. La rencontre avec Floyd est une autre façon de lui rappeler ce qu’il n’a jamais été et accessoirement son passé de militaire déserteur. C’est très minutieux et les dialogues sont succulents. Don commence à raconter son histoire en Corée mais le parallèle est très différent de ce que l’on pourrait imaginer. Cet épisode permet aussi à Don de faire face à Andy. L’occasion est en or de parler une fois de plus du passé du héros, de ce qui est en train de ronger et de le détruire petit à petit. On m’a proposé l’an dernier comme hypothèse que l’issue de la série ce serait le générique de Mad Men et je me demande si l’on ne se dirige pas vers le suicide pur et simple de notre héros car sa seule façon de pouvoir échapper à son destin c’est finalement de s’en éloigner le plus possible et le suicide est la seule façon d’oublier.
L’épisode a d’autres intrigues comme le cancer de Betty. Je ne m’attendais pas du tout à quelque chose d’aussi horrible pour ce personnage, mais je suis ravi de voir que finalement la fin heureuse n’est pas nécessairement possible et que tout ce que Don a touché est empoisonné. La façon dont l’image est mise en scène est assez brillante. En effet, on a une Betty avec le regard fixe au premier plan et en arrière plan le médecin qui parle à son mari. L’image au second plan est légèrement floutée car ce n’est pas ce qu’il y a de plus important. Le plus important c’est Betty et la façon dont elle est en train de se rendre compte que sa vie bascule. L’histoire de Betty était heureuse jusqu’à cette découverte et ce cancer est en train de prouver qu’au fond on peut avoir tenté de vivre une bonne et belle vie, on peut aussi finir par avoir un cancer ou quelque chose du même acabit. C’est sans oublier Sally. Sa façon de se couvrir les oreilles est un signe, celui qu’elle ne veut pas entendre ce que Henry a à lui dire. Mad Men n’a de cesse de nous rappeler que finalement la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais qu’il s’agit d’un parcours semé d’embuches.
Note : 10/10. En bref, aussi terrible que magnifique.