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Pourquoi les Étas-Unis doivent renoncer à la guère terrestre contre l’État Islamique (EIIL)

Publié le 12 mai 2015 par Unmondelibre
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Les appels des conservateurs à une intervention plus musclée pour détruire l’État Islamique d’Irak et du Levant (EIIL) se font de plus en plus pressants et ne feront que croître à l’approche de la campagne de la prochaine présidentielle. Bien que le public américain ait identifié le groupe militant islamique comme une menace importante et exige que des mesures soient prises, une autre guerre terrestre menée par les États-Unis serait une mauvaise réponse. La guerre est inutile, désastreuse, coûteuse et contre-productive.

L'argument le plus commun avancé par les faucons, partisans de l'engagement militaire des États-Unis, est de prévenir le terrorisme parrainé par l'État islamique contre le territoire américain. Notre expérience en matière de sécurité intérieure depuis le 11 septembre révèle pourtant qu'une guerre terrestre est inutile. Sur les 13 années avant le 11 septembre, les groupes islamistes avaient lancé cinq attaques sur le sol américain. Dans la même période, depuis le 11 septembre, seulement quatre attaques ont été menées aux États-Unis malgré la hausse rapide de la mobilisation islamiste et la croissance du terrorisme mondial. De 2000 à 2013, le nombre de groupes terroristes d'inspiration islamique sur la liste du Département d'État des organisations terroristes étrangères a augmenté de 185%, tandis que le nombre estimé de combattants islamistes a augmenté de 243%. De toute évidence, le succès des États-Unis à prévenir les attaques sur son sol a été le résultat non pas de la destruction des groupes terroristes à l'étranger, de meilleurs renseignements et d'autres efforts axés sur la sécurité intérieure.

D'autres ont appelé à la guerre pour stabiliser le Moyen-Orient ou protéger les divers intérêts américains dans la région. Au centre de cette stratégie se trouve la capacité de vaincre l’État islamique et de créer des conditions plus favorables sur le terrain que celles qui existent aujourd'hui. Sur ce point, cependant, l'histoire plaide plus haut et plus fort contre les faucons.

Tout d'abord, le bilan des grandes nations ayant décidé de réprimer des insurrections est très décevant. La guerre du Vietnam, malgré les différences évidentes avec la situation actuelle, a présenté des caractéristiques très analogues suite auxquelles les États-Unis se sont trouvés face à des forces locales capables de lui faire subir des pertes brutales tout en échappant à sa force de frappe, grâce à un engagement de qualité supérieure, une parfaite connaissance du terrain, et au fait que les États-Unis n’étaient tout simplement pas prêts à endurer assez de victimes ou de s’investir suffisamment pour obtenir la victoire.

Par ailleurs, les faucons ne sont pas en phase avec les leçons militaires tirées des 14 dernières années de lutte contre les insurgés. Les anciens commandants en Afghanistan et en Irak ont fait valoir que : « nous ne pouvons pas nous contenter de tuer pour sortir de ce bourbier ». Le général McChrystal, ancien commandant de l’unité des opérations spéciales des US, a mis en garde contre le fait que tuer les insurgés peut générer des résultats contre-productifs. Aujourd’hui, la meilleure stratégie militaire des États-Unis serait de choisir une confrontation indirecte, à travers ses alliés dans la région.

Pire encore, dans leur zèle, le camp des pro-guerre a commodément oublié la phase la plus difficile d'une telle guerre: la suite. Les faucons ne peuvent pas ignorer que l’État islamique doit son existence à la suite chaotique de la guerre de 2003. Il n'y avait pas d'État islamique avant que les États-Unis n’envahissent l'Irak en 2003. Sa formation et son expansion ont été rendues possible parce que les États-Unis ont fourni des munitions remarquablement efficaces pour des idéologues extrémistes. Enfin, les faucons ont également passé sous silence les coûts inévitables d’une guerre prolongée.

Les États-Unis devront travailler pour aider ses alliés dans la région afin de trouver une stratégie qui conduise à une solution plus viable que des frappes aériennes ou une autre guerre terrestre qui pourrait se révéler coûteuse et contre-productive.

A. Trevor Thrall est professeur associé à l’Université Georges Masson, Erik Goepner est retraité de l'armée de l'air, ayant commandée des unités en Irak et en Afghanistan. Article initialement publié par le Cato Institut - Traduction réalisée par Libre Afrique - Le 13 mai 2015.


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