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La Suisse est-elle encore attractive pour les investisseurs internationaux ?

Publié le 14 mai 2015 par David Talerman

Dans son étude annuelle « Foreign Direct Investment (FDI) » qui propose un classement des pays les plus attractifs pour les investisseurs internationaux, le cabinet A.T.Kearney nous permet de voir comment les différents pays du monde se positionnent les uns par rapport aux autres d’un point de vue de l’attractivité économique. Les investissements représentent un facteur économique d’importance puisqu’ils rentrent directement dans la composition du PIB, c’est à dire la richesse créée par le pays. Habitué à voir la Suisse truster les 1ère places des classements, quelle ne fut pas ma surprise de voir une Suisse en 14ème position (pas si mal mais pas top non plus), et surtout, une Suisse bien loin derrière la France (8ème position). La Suisse ne serait-elle plus « bankable » aux yeux des investisseurs étrangers ? Voici quelques explications.

Limitation de la rémunération des dirigeants, affaire Swissleaks, limitation de l’immigration, franc fort, augmentation de l’impôt des holding : un cocktail explosif pour l’économie suisse

Si on prend un peu de hauteur et qu’on liste froidement les différents événements récents qui, selon les spécialistes, ont eu un impact négatif sur l’attractivité économique de la Suisse, on trouve quand même :

  • L’affaire Swissleaks qui a révélé un mécanisme de défiscalisation à grande échelle menée par la banque HSBC à Genève. L’affaire ayant touché de nombreuses personnalités du monde entier, elle a fait grand bruit et n’a clairement pas donné une image positive de la Suisse, même s’il se passe des choses équivalentes au Luxembourg, en Belgique, au Royaume Uni, aux Etats-Unis, en France, en Irlande (je continue la liste ou ça vous va ?)
  • L’impôts sur les sociétés suisses : en Suisse, les holding possèdent un statut spécial qui leurs permet de payer un impôts très faible. Dans la ligne de mire de la communauté internationale depuis plusieurs années, les avantages fiscaux de ces holding vont probablement disparaitre (avec toutefois un avantage pour l’impôt sur les sociétés des autres entreprises, j’y reviendrai). Je vous invite à consulter cet excellent article du Temps qui explique parfaitement tout ceci.
  • La limitation de l’immigration : avec l’acceptation de l’initiative sur la limitation de l’immigration du 9 février 2014, la Suisse a donné un signal plutôt négatif à la communauté internationale. D’un point de vue des investisseurs étrangers, c’est un problème important car une entreprise étrangère qui veut s’implanter en Suisse doit pouvoir s’assurer qu’elle pourra trouver localement la main d’oeuvre qualifiée, ou qu’elle pourra la faire venir de l’étranger.
  • Autre résultat d’une initiative qui a un impact sur la volonté des investisseurs de s’implanter en Suisse : a mise en place de l’initiative Minder qui limite potentiellement de manière significative la rémunération des dirigeants et qui forcément ne va pas dans le sens d’une implantation en Suisse.
  • L’augmentation du franc suisse début 2015 : le franc suisse s’est chargé début 2015 de finir de décourager les derniers investisseurs. Avec une forte augmentation du franc suisse par rapport à l’euro notamment, le ticket d’entrée en Suisse est à présent plus cher pour un investisseur venant de la zone euro. Quand les investissements se comptent en centaines de milliers d’euros, voire de de millions, ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle (même si ce n’est pas forcément le critère le plus important), sans compter que les analystes ont estimé que cette augmentation du franc suisse allait faire perdre au pays environ 1 point de PIB (par rapport à ce qui était prévu). Quand même.

Il faut une économie particulièrement solide pour que la Suisse soit encore debout après tout ça

Soyons réalistes : peu d’économies dans le monde peuvent absorber de tels événements et conserver une croissance du PIB. Ce sera a priori le cas de la Suisse, qui prouve encore une fois que si vous avez de bons fondamentaux (un tissu économique solide, et des consommateurs encore au rendez-vous car confiants en l’avenir), l’effet d’éventuelles crises peut être considérablement atténué. Si on prend le cas de la France par exemple, qui a annoncé récemment de meilleurs chiffres que prévu, on constate que cette croissance est due principalement à des facteurs extérieurs au pays…

Mais le plus étonnant, c’est que tout ceci ne semble pas avoir entamé l’enthousiasme des investisseurs étrangers, qui gardent pour la Suisse un intérêt marqué par rapport à l’année précédente.Au final, la Suisse conserve donc la 14ème place qu’elle avait l’an passé. On remarque toutefois que la progression de la Suisse dans le classement a subi un coup d’arrêt cette année, car le pays était à la 22ème place en 2012, à la 18ème en 2013, et 14ème en 2014. Selon les analystes de l’étude, les investisseurs étrangers reconnaissent la très grande qualité des infrastructures suisses et un environnement d’affaires compétitif qui rend le pays attractif.

Le classement

PaysClassement 2015Classement 2014

Etats-Unis11

Chine22

Royaume Uni34

Canada43

Allemagne56

Brésil65

Japon719

France810

Mexique912

Australie108

Inde117

Italie1220

Pays-Bas1322

Suisse1414

Singapour159

Corée du Sud16-

Espagne1718

Suède1816

Belgique1921

Danemark2023

Autriche21-

Turquie2224

Pologne23-

Norvège24-

Finlande25-

On constate que beaucoup de pays de la zone euro ont repris de nombreuses places dans le classement, ce qui s’explique très probablement par un euro faible. Singapour, une des places en compétition avec la Suisse sur le plan mondial, semble perdre du terrain par rapport à l’année précédente.

Source : étude Kearney

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