L'histoire du sport est-elle soluble dans le professionnalisme ? Faut-il sacrifier son âme, ses traditions, sur l'autel du tout-économique ? Dans notre société où, plus que jamais, tout s'achète et tout se vend, la question peut sembler dépassée. En réalité le choix auquel se trouvent confrontés l'Aviron bayonnais et le Biarritz olympique est avant tout moral : fusionner par réalisme économique pour espérer briller à nouveau au sommet du rugby français - mais sans certitude aucune…- ou rester fidèle à ses racines, son histoire, son maillot, quitte à accepter de revoir durablement ses ambitions à la baisse. Le rugby des terroirs, des rivalités locales serait à notre siècle ce que le téléphone à cadran en bakélite est au smartphone. Inadapté, dépassé, obsolète. Surtout lorsque cohabitent deux crocodiles dans un même marigot ! Mieux vaut sacrifier les deux sauriens pour laisser place nette à un Godzilla de l'Ovalie gavé de biffetons. La théorie de l'évolution version sport business du XXIe siècle. N'étant supporter ni de l'Aviron ni du BO, mon âme d'aficionado du XV s'interroge tout de même : qu'est-ce-qui me rendrait le plus heureux ? Assister, si la décadence est certaine, à un derby en Fédérale 1 plein de passion et de chaleur, ou à un match de coupe d'Europe entre une hypothétique équipe basque fusionnée et une province irlandaise ? J'entends déjà les défenseurs d'un pragmatisme sonnant et trébuchant me traiter d'odieux conservateur, de hiérarque voire de fossile ! Certes. Mais quand tout a la même saveur, les mets peuvent bien être servis à profusion, l'appétit n'y est plus…
Un petit souvenir pour finir, celui du premier derby AB/BO en Top 14, c'était il y a un peu moins d'onze ans, le 18 septembre 2014.
100éme derby Biarritz-Bayonne: retour sur le... par France3euskalherri