La réutilisation des eaux ménagères recyclées présente des risques pour la santé

Même après traitement, l'utilisation des eaux " grises " provenant des douches, baignoires, lavabos, lave linge, et de la cuisine peut présenter des dangers pour la santé, estime l'Agence de sécurité sanitaire.

Pour économiser l'eau il est tentant de vouloir réutiliser les eaux " grises " domestiques provenant des douches, baignoires, lavabos, lave-linge, et éventuellement de la cuisine, après traitement. De nombreuses entreprises se sont d'ailleurs lancées sur ce créneau et proposent des appareils pour les traiter. Et depuis quelques années certains pays comme l'Australie, les États-Unis, Israël et le Japon se sont tournés vers ces ressources en eaux complémentaires.

Cependant l'Agence de Sécurité sanitaire (ANSES) vient d'annoncer dans un rapport publié ce 29 avril 2015 qu'elle estimait que " la pratique de réutilisation des eaux grises dans l'habitat ne doit être envisagée que pour des usages strictement limités, dans des environnements géographiques affectés durablement et de façon répétée par des pénuries d'eau ". Et que " en cas de réutilisation, la population (résidents, utilisateurs occasionnels, professionnels) doit être informée et formée aux conditions d'utilisations nécessaires pour minimiser les risques associés à la présence d'un réseau d'eau non potable dans le bâtiment ".

Bien qu'à ce jour ils ne soient pas encore précisément définis, les risques sanitaires liés aux différents usages des eaux " grises " sont en effet potentiellement graves car ces eaux contiennent des matières particulaires et organiques, et sont contaminées par des micro-organismes dont des agents pathogènes et des contaminants physico-chimiques issus notamment du lavage des mains, des produits d'hygiène corporelle et cosmétiques, des produits d'entretien de la maison, du lavage des surfaces et du lavage du linge.

Les recommandations de l'Agence

L'Anses estime ainsi qu'en attendant les résultats des études en cours, la réutilisation de ces eaux dans l'habitat ne doit être envisagée que pour des usages strictement limités. Et elle recommande, sous réserve de la mise en oeuvre d'un traitement et de mesures de gestion du risque appropriées, de n'utiliser les eaux grises traitées en milieu domestique que pour trois usages :

- l'alimentation de la chasse d'eau des toilettes,
- l'arrosage des espaces verts (excluant potagers et usages agricoles),
- et le lavage des surfaces extérieures sans génération d'aérosols (sans utilisation de nettoyeur à haute pression).

Et concernant les immeubles équipés de réseaux d'eaux grises, l'ANSES demande à ce que les résidents, professionnels et utilisateurs occasionnels, soient informés de leur existence et formés aux conditions d'utilisations nécessaires pour minimiser les risques sanitaires.

Hervé de Malières