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Hier je suis tombé sans trop me faire de mal sur un article intéressant du Los Angeles Time qui, s'il n'avait pas été en anglais, se serait certainement vu marqué d'un superlatif gracieusement accordé par mon esprit très franco-français. Ce dernier traitait d'un phénomène initié par la fertilité du terreau anglo-saxon dont j'ignorais encore il y a peu l'existence et qui semble toucher de nombreuses grandes métropoles à travers le monde.
Forme nouvelle de "rébellion écologique", la guérilla du jardinage ( Guerilla Gardening) ainsi auto-proclamée par l'intermédiaire de son site web est un ensemble de jardiniers en herbe et d'amateurs de verdure qui se retrouvent autour d'un bon gros lopin de terre, armés de plantes ornementales et de fleurs sauvages.
Du jardinage entre potes, tout ce qu'il y a de plus normal me direz-vous... Et bien pas vraiment.
A la différence du "jardinage légal", les membres de Guerilla Gardening aiment à faire pousser le fruit de leur travail sur des terrains qui ne leur appartiennent pas.
Londres, Miami, Los Angeles,... partout ou fleurissent la négligence de l'espace public, les herbes folles et ou noircissent les sols, on retrouve la guérilla du jardinage, ces free-range qui arrachent, bêchent, creusent puis plantent. Seuls ou en groupes, ces nouveaux adeptes du Flower Power, venus de tous horizons sociaux, ratissent les rues des mégapoles nocturnes à la recherche de terrains vagues ou de massifs floraux publics décrépis par la chaleur et le manque d'entretien dans lesquels ils pourraient jeter leurs semences.
Véritable phénomène dans le monde anglo-saxon, ce dernier bénéficie, en plus de l'attention apportée ces temps-ci à l'écologie, de relais internet importants. Visité par plus de 45000 internautes par mois, le site GuerillaGardening.org offre un aperçu des travaux réalisés par l'équipe de petites mains bénévoles, notamment par l'intermédiaire de clichés qui rendent compte de l'état de certains massifs avant leur passage puis une fois les plantations réalisées.
Proche du mouvement freegan dont nous parlions il y a peu, ces agriculteurs urbains s'emparent de leur milieu pour le transformer et lui donner de nouvelles orientations. Si les membres de Guerilla Gardening voit avant tout dans leurs actions une manière d'embellir leur cadre de vie citadin, d'autres plus "radicaux" vont jusqu'à pratiquer la culture vivrière sur trottoir.
Haricots verts, petits pois, légumes en tous genres, certains n'hésitent pas à combler l'absence de verdure, et tout ce qu'il estime comme un gaspillage d'espace fertile par la création de jardins potagers, à l'image de Homegrown Evolution, le blog d'un couple "rebelle" de Los Angeles.
photos: homegrownevolution.com
Pour la plupart de ces néo-agriculteurs, la pratique d'un tel jardinage est une réponse à la diminution des espaces verts en ville mais est également un moyen de gagner en autonomie alimentaire, en devenant une alternative à la consommation des légumes industriels dont on ne sait pas toujours quels traitements ces derniers peuvent subir au cours de leur courte croissance.
Si ces jardins sont la plupart du temps le fruit d'initiatives individuelles, ils arrivent dans de nombreux cas qu'ils se muent en potagers collectifs, profitant à plusieurs habitations, à une rue ou bien encore à un immeuble. Chacun donne alors un peu de son temps et participe de différentes manières à la culture du jardin jusqu'à la future récolte...
Souvent tolérée voire appréciée ( à l'heure ou la plupart des grandes villes diminuent leurs budgets voués aux aménagements paysagers), cette nouvelle forme de jardinage apparaît d'abord pour le citadin comme un moyen de socialisation, de partage ainsi que pour les municipalités, comme l'expression d'une réappropriation souvent bénéfique de l'espace public, par l'individu qui en devient, force des choses, un acteur essentiel.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 16 février à 20:55
Et la guérilla gardening est en route en france !
LE SITE
guérilleusement, gabeu