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Malveillance (Vous allez adorer votre concierge)

Publié le 15 mai 2015 par Olivier Walmacq

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Genre : Thriller, Epouvante-horreur (interdit aux - 12 ans)

Année : 2011

Durée : 1h42

Synopsis : César est un gardien d’immeuble toujours disponible, efficace et discret. Disponible pour s’immiscer dans la vie des habitants jusqu’à les connaître par cœur ; discret quand il emploie ses nuits à détruire leur bonheur ; efficace quand il s’acharne jusqu’à l’obsession sur Clara, une jeune femme insouciante et heureuse…

La critique :

Depuis un petit moment, nous assistons au renouveau du cinéma d'horreur espagnol dont le porte-étendard est détenu par le célèbre Jaume Balagueró, réalisateur de la saga à succès REC, qui a fini par sombrer à partir du 3ème épisode, comme toutes les oeuvres à succès une fois soumises au diktat de l'argent facile et de l'exploitation à outrance. Ainsi donc, REC 3 était une véritable purge vu qu'il n'y avait plus son géniteur derrière, parti s'atteler à un autre projet.
Ce projet s'appelle "Malveillance" et c'est celui-là que je vais vous décortiquer. Après deux très bons épisodes (les seuls de la saga) de REC, bon nombre de fans ont placé leurs espoirs dans ce nouveau personnage, mais Malveillance parviendra-t-il à faire honneur face à son oeuvre passée ? La réponse est oui et même largement. Je ne vais pas vous mentir en vous disant que Malveillance est probablement l'un des thrillers psychologiques les plus tendus et noirs qu'il m'ait été donné de voir. Jaume a réalisé un véritable tour de force en créant un quasi huit clos, un appartement en l'occurence. 

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Mais d'abord revenons-en à l'histoire. ATTENTION SPOILERS : César est un concierge d'appartement classique dont la vie se répète inlassablement chaque jour. Ayant perdu goût à la vie, César commence à plonger dans une solitude de plus en plus difficilement supportable. Perpétuellement rabaissé par un vieillard dédaigneux et rendant visite à une mère pour laquelle il n'éprouve pas la moindre empathie, il ne trouve de réconfort qu'en la personne de Clara, jeune fille belle, angélique et insouciante. Pourtant, ce qui n'était au départ qu'un réconfort va se transformer en obsession et en une sombre machination machiavélique que César aura bien du mal à contrôler. FIN DU SPOILER

Voilà un synopsis qui a le mérite d'être intéressant et qui se concentre sur César, incarné par Luis Tosar, qui magnifie parfaitement bien son personnage. César apparaît ici comme un être froid, cynique et cachant de nombreuses blessures en son for intérieur, mais parallèlement, face à cette image de démon lui collant à la peau et rongé par la solitude, il en devient même attachant.
C'est une grande force pour ce thriller d'avoir droit à un personnage aussi travaillé. En ce sens, on pourrait presque voir César comme une part de chacun de nous lorsque nous sommes confrontés à l'abandon pour finir par se laisser envahir par des idées noires. Il y a ici une très grande dimension psychanalytique, César ne sait pas être heureux car il n'a jamais eu de moments d'amitié et de rire. Cela montre bien que la sociabilité est un facteur déterminant pour le bien-être psychique d'un individu, sans quoi il vascille dans un climat omniprésent de pessimisme, voire ira jusqu'à mettre en avant des pulsions difficilement contrôlables. 

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Et vous l'aurez compris, César va se laisser déborder par ses sentiments le rongeant chaque jour. La femme sur qui il jettera son dévolu se nomme Clara, une très belle femme séjournant dans l'appartement et qui éprouve une profonde amitié et de la compassion pour son concierge. Evidemment, la timidité prend une part importante dans le coeur de César et il choisira une méthode d'un tout autre genre en se faufilant dans l'appartement de Clara avant qu'elle ne rentre pour ensuite s'endormir. 
Le procédé est pour le moins original et Malveillance apparaît donc également comme une oeuvre voyeuriste où nous suivons le parcours d'un homme mentalement perturbé accomplir un acte dérangeant sur une femme innocente. Sincèrement, le procédé est parfaitement bien maîtrisé et on en vient même à glacer d'effroi devant ses sales besognes. Il ne fait aucun doute, l'oeuvre de Jaume Balagueró dérange et se révèle être un cauchemar pour toute femme. 

Evidemment, le procédé ne durera pas éternellement et très vite, des évènements extérieurs et des retournements de situation ponctueront l'oeuvre. César sentira vite le vent tourner et se montrera plus hargneux tout en étant plus discret tandis que la police lancera son investigation dans l'immeuble suite à une plainte pour harcèlement lancée par Clara.
Je ne vous en dirai pas plus, mais Jaume Balaguero garde toujours un tour dans son sac pour maintenir l'attention du spectateur et il faut reconnaître que nous sommes face à une machination maîtrisée de bout en bout, avec un suspens omniprésent et une tension montant crescendo, jusqu'à exploser dans un final tout simplement terrifiant. 

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Ajoutez à cela une ambiance particulièrement austère et sombre à l'image de son personnage principal, et vous obtenez un des thrillers les plus efficaces de ces cinq dernières années. Un travail minutieux a été réalisé et jamais le long-métrage ne s'embarque dans les lamentations amoureuses ou dans une intrigue téléphonée avec son lot de séquences prévisibles.
Le budget n'étant pas faramineux, Jaume fait avec les moyens du bord mais compense un budget simple par un florilège d'idées et un scénario étudié. C'est finement joué et c'est également bien filmé. Les plans ont été étudiés de manière à ce que l'on puisse voir nettement l'action, avec en parallèle des plans où le réalisateur nous laisse imaginer l'horreur se tramant juste sous nos yeux. 
En conclusion, Jaume Balagueró nous pond un petit bijou de tension maîtrisé de A à Z et l'envie me pousse à dire que Malveillance se montre être son oeuvre la plus aboutie jusqu'à présent. Le réalisateur nous plonge dans les méandres torturées d'un homme seul qui ne demande qu'une seule chose, de la compagnie mais à quel prix ? Si vous êtes amateur de tension et de films à l'ambiance torturée et malsaine, alors n'hésitez pas à vous jeter sur cette oeuvre hautement recommandable. 

Note16/20

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