Cette étude génétique révèle l’influence des saisons sur l’activité du système immunitaire et identifie une augmentation des niveaux de l’inflammation pendant l’hiver, associée à une meilleure protection contre l’infection, mais aussi à une grande vulnérabilité à d’autres maladies chroniques. Les conclusions, présentées dans la revue Nature Communications, contribuent à expliquer notamment l’aggravation de certaines maladies auto-immunes pendant l’hiver, comme la polyarthrite rhumatoïde.
Les chercheurs de l’Université de Cambridge et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine (UK), des Universités de Munich et de Dresde (Allemagne) ont regardé, en combinant plusieurs études observationnelles, l’expression des gènes –ou leur propension à fabriquer une protéine- dans des échantillons de sang prélevés sur 1.315 enfants et adultes à différents mois de l’année dans plusieurs pays. Les scientifiques ont regardé précisément les variations saisonnières dans
· l’expression des gènes de protéines inflammatoires et associées aux maladies auto-immunes comme l’interleukine-6 (IL-6) et la protéine C-réactive,
· le nombre de chaque type de globules blancs dans le sang (chaque type répondant à des types spécifiques d’infections).
L’analyse des différentes séries de données révèle que,
· 23% des gènes montrent une variation saisonnière d’expression dans les globules blancs évalués. Certains gènes sont plus actifs en été, d’autres en hiver.
· 147 gènes (sur les échantillons analysés) présentent la même variation saisonnière,
· les gènes sont » équipés » d’une protéine de codage qui contrôle la production des protéines anti-inflammatoires et qui, généralement est plus active durant les mois d’été.
· D’autres gènes impliqués dans l’inflammation sont plus actifs en hiver.
· Les niveaux des différents types de globules blancs varient également selon les saisons. Ainsi, les lymphocytes, qui luttent contre les infections virales sont plus élevés en octobre et moins en mars. Les éosinophiles, aux multiples fonctions immunitaires, impliqués notamment dans les réactions allergiques sont plus élevés en été.
· En Gambie, par exemple, tous les types de globules blancs augmentent au cours de la saison des pluies.
· Enfin, certains gènes montrent des variations saisonnières dans les cellules adipeuses.
L’étude confirme la complexité du système immunitaire avec différents profils d’expression saisonniers pour différents gènes et selon les régions du monde. Si cette saisonnalité du système immunitaire n’est pas sur le fond surprenante, car finalement adaptée au fil de l’évolution aux conditions environnementales, elle permet d’expliquer l’aggravation ou l’apparition de certaines maladies auto-immunes, comme le diabète de type 1 ou la polyarthrite rhumatoïde pendant l’hiver.
Source:Nature Communications May 12 2015 doi:10.1038/ncomms8000Widespread seasonal gene expression reveals annual differences in human immunity and physiology (Visuel NHS)
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