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Airbus Group enfourche le « Make in India »

Publié le 18 mai 2015 par Toulouseweb

Il l’avait dit et il le fait. En recevant en avril dernier ΰ Toulouse le premier ministre indien Narendra Modi, Tom Enders le patron d’Airbus Group, avait affichι son souhait d’accompagner l’Inde dans sa volontι de s’industrialiser plus largement au grι de ses achats d’armement. Car parallθlement ΰ sa quκte d’industrialisation, le gouvernement indien doit se battre sur un autre front, celui de la dιfense de ses frontiθres non seulement du cτtι du Pakistan avec toujours ces discordes frontaliθres au niveau du Cashmere, mais aussi du cτtι de la Chine le long de l’Himalaya.
Toujours est-il qu’au niveau de l’industrialisation du pays, l’Inde met la barre haute ΰ ses fournisseurs. Si haute que certaines limites sont jugιes inacceptables par les industriels dont Dassault Aviation a rιcemment fait les frais. N’arrivant pas ΰ se mettre d’accord sur les termes de l’accord final d’acquisition de 126 Rafales dont 108 devaient κtre fabriquιs en Inde, Narendra Modi a dϋ trancher face au besoin urgent de modernisation de ses flottes d’avions. Certes il a fait un pas en arriθre quant ΰ la fabrication nationale des Rafales, mais il n’en a acquis que 36 aux termes d’un contrat de gouvernement ΰ gouvernement qui demande encore ΰ κtre nιgociι par un comitι ad hoc.
Lors de sa visite en France, on avait ιtι dιηu que Narendra Modi n’ai pas annoncι de contrats avec Airbus Group que ce soit dans le domaine des avions commerciaux, des hιlicoptθres militaires (il y a plusieurs annιes on se rappellera que l’Inde avait aussi remisι un contrat que l’hιlicoptιriste europιen avait pourtant remportι face ΰ une concurrence acharnιe), voire mκme dans le domaine des avions militaires.
L’engagement pris par Tom Enders d’aller dans le sens du Make in India constitue bien une stratιgie gagnante si l’on en croξt le contrat de vente de 56 avions de transport C295 entιrinι par le ministre de la Dιfense indienne le 13 mai dernier mais qui a demandι ΰ Airbus de faire quelques concessions dont il semble qu’elles ne soient pas encore toutes validιes. Car le contrat est signι mais il faudra encore le ratifier aprθs que toutes les clauses aient ιtι nιgociιes avec acharnement de la part des deux parties. Le contrat global pour ces 56 avions de transport militaire C295 est ιvaluι ΰ 1,6 Md€.
Airbus Defense & Space -la division d’Airbus Group qui produit cet appareil dans ses usines espagnoles- livrera 16 premiers C295 assemblιs en Espagne. Cela devrait laisser le temps ΰ son partenaire local, le rιputι groupe Tata, de mettre en place une ligne d’assemblage ΰ Hyderabad et d’intιgrer les mιthodes industrielles de l’avionneur europιen afin d’assembler les 40 autres appareils.
Pourquoi un tel partenariat ? Non seulement il est nιcessaire que les industriels locaux intθgrent les mιthodes industrielles occidentales pour assurer un niveau de qualitι, fiabilitι et performance qui permettra ΰ l’avionneur « parent » de qualifier la production nationale, mais le fait d’acquιrir 16 appareils sur ιtagθre donne une capacitι rapide et moderne d’intervention de l’Inde qui doit rιnover une flotte d’appareils particuliθrement vieillissante.
Les industriels europιens sinon franηais ne sont pas les seuls ΰ devoir fabriquer en Inde pour remporter des contrats. Ainsi l’acquisition des C295 s’accompagne de commandes de matιriels militaires divers pour un montant d’environ 875 M$ dont 197 hιlicoptθres russes Kamov. Lΰ encore le contrat a ιtι signι de gouvernement ΰ gouvernement, Vladimir Poutine n’ayant pas boudι son plaisir ΰ nιgocier lui-mκme ce contrat.
Tout est psychologie. Et lΰ encore la conclusion de ce contrat est conditionnιe ΰ la fabrication nationale de ces biturbines lιgers Ka-226T russes certes, mais motorisιs par des Arrius 2G1 fabriquιs par notre constructeur national Turbomeca (Safran). Pas de ventes d’hιlicoptθres franηais en Inde, mais des moteurs. La vente de ces Kamov passera donc par la constitution d’une entreprise commune entre l’hιlicoptιriste russe et le groupe aιronautique HAL qui devrait assembler les appareils. Pour attirer ces industriels ιtrangers et leur permettre de garder une certaine maξtrise de leur production mκme sur des chaξnes en Inde, le gouvernement Modi n’a pas hιsitι ΰ modifier certaines rιglementations. La plus notable est celle qui permet ΰ un groupe ιtranger de porter sa participation dans un groupe indien de dιfense ΰ 49 % alors qu’elle ιtait plafonnιe auparavant ΰ 26 %.
Ainsi que l’affirme le cabinet DS Avocats spιcialiste en droit international, « Investir en Inde n’est pas aisι. Il convient donc de s’armer de patience, de s’entourer dθs la genθse du projet de conseillers … intιgrant une vision ΰ moyen ou long terme. » Et de conclure : « Les comportements court-termistes (Ndlr : en Inde) sont vouιs ΰ l’ιchec. » Mais ηa les industriels aιronautiques l’ont, j’estime, intιgrι depuis longtemps.
Nicole Beauclair pour AeroMorning

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