Mad Men // Saison 7. Episode 14. Person to Person.
SERIES FINALE
Ce qu’il y a de bien avec la fin de Mad Men c’est que je n’avais aucune attente spéciale vis-à-vis de cette fin si ce n’est que j’avais envie de pleurer et d’être émerveillé à la fois. J’avais besoin que Mad Men surpasse mes attentes et bien que certains ont fait leurs petites idées pour la fin de la série, je ne savais pas du tout comment j’avais envie que la série se termine et je crois que cet épisode est le symbole parfait de ce que représente la série depuis ses débuts : la quête d’un homme pour le bonheur et la paix intérieur. La série n’a eu de cesse de planter son personnage dans différents décors sauf qu’à chaque fois, il revenait là où il était au fond le moins heureux. C’est ce que cet épisode vient nous démontrer, que finalement là où il était, il n’était pas heureux. Il y a de magnifiques scènes dans ce dernier épisode, notamment une scène entre Don et Betty au téléphone. Je n’ai pu retenir mes larmes et je crois que cette belle scène symbolise à la perfection tout ce que l’on peut attendre de la part de cette série, une scène sincère entre deux personnages qui se sont aimés. Cet épisode est l’occasion de parler des femmes de la vie de Don et de faire plus ou moins des adieux en bonne et due forme depuis la Californie où il semble passer pour le moment de bons moments loin de tous ses tracas. Chaque coup de téléphone est une occasion pour Don de se rappeler de ce qu’il a laissé derrière lui en quittant New York.
Le premier coup de téléphone est celui qu’il donne à Sally. Elle n’a pas envie d’entendre son père raconter ses dernières aventures en Californie. Sally semble complètement inintéressée par son propre père et ce que ce dernier peut devenir. Elle va donc informer Don de ce qui se passe avec Betty et du cancer de cette dernière. Si Don se sent concerné et tente de dire qu’il a envie d’avoir tout le monde à ses côtés, on sait pertinemment que ce n’est pas du tout ce dont il a envie et encore moins ce à quoi il aspire. Il n’a pas envie de vivre avec son passé, mais de s’en libérer afin de pouvoir enfin vivre en paix. La dernière image de ce dernier épisode est donc de la série est d’ailleurs un symbole de paix et le sourire qu’arbore notre héros est probablement l’une des plus belles choses que Mad Men ait pu faire (et peu importe les autres personnages car chacun va connaître un destin différent). Sally est quelqu’un qui a beaucoup grandi, sans son père, mais qui a grandi et qui s’est forgée une vraie carapace à sa façon. Elle n’attend en tout cas pas de réponse de la part de son propre mère. Côté coup de téléphone, celui-ci est déjà un premier pied dans la marre. Sally est là pour lui dire que personne n’a besoin de lui à la maison. Et Betty va se charger par la suite de dire qu’elle ne veut pas de lui à ses côtés pour les épreuves à suivre de sa maladie.
C’est aussi une revanche de deux femmes de la vie de notre héros, sa fille et son ex femme Betty qui ne veulent finalement plus de celui qui a été de passage dans leur vie (car l’on ne peut pas dire qu’il ait eu une autre place que celle d’un homme de passage). Betty est le coup de téléphone le plus bouleversant de l’épisode et même un véritable symbole. Il y a deux épisodes de ça les deux se retrouvaient afin de parler presque du passé et de faire une sorte de bilan, sauf que maintenant Betty ne veut plus de Don, et ce dernier n’arrive pas forcément à le comprendre (même si au fond de lui, il n’a pas envie d’être auprès de Betty car il n’a pas envie de son passé). Le coup de téléphone est une occasion de rappeler à quel point Betty a aussi souffert avec Don mais qu’elle l’a profondément aimé. L’émotion coule à flot chez le spectateur et personnellement, je ne m’attendais pas forcément à être aussi touché. Cet épisode coule de source dans sa façon d’orchestrer ces coups de téléphone. C’est une mécanique scénaristique étonnante qu’aucune série n’a fait dans son series finale mais qui rappelle ici la distance que veut mettre Don entre lui et son passé. Il ne peut assumer quoi que ce soit en face à face, au téléphone tout est plus facile. C’est la lâcheté du personnage qui parle.
La même lâcheté qui l’a toujours fait fuir face à toutes les responsabilités d’homme auxquelles il a dû faire face : la famille, les enfants, sa/ses femme(s), le boulot, servir son pays, etc. Tout ce qui pouvait le raccrocher à quelque chose. Mad Men insère également un coup de téléphone avec Peggy, l’autre femme de la vie de Don. C’est un personnage qui a eu une influence importante dans la vie de Don et vice versa. On se souvient tous de « The Suitcase » et de bien d’autres épisodes qui ont mis en avant ces deux personnages dans une relation qui dépassait les autres, même celles entre Don et ses (ex) femmes. Peggy tente de rassurer Don, de lui donner envie de revenir sauf que Don a déjà pris sa décision et il ne reviendra pas dessus. Ce coup de téléphone est probablement le plus apaisé de tous, celui qui signe plus ou moins la fin de l’ère Don Draper dans le monde de la communication. Il se refuse de travailler sur Coca Cola, comme s’il avait déjà complètement oublié ce monde qu’il a pourtant apprécié pendant des années et dans lequel il a été vu par beaucoup comme un véritable génie. Les trois coup de téléphone de Don sont très importants et concluent une bonne partie de la série afin de nous conduire à cette dernière image d’un Don qui a complètement changé et qui a enfin trouvé la paix intérieure. Pour autant, cet épisode ne veut pas non plus laisser les autres personnages sans conclusion. L’ambition de Peggy est enfin récompensée, une publicité de Coca Cola pour conclure l’épisode (c’est probablement l’un des plus beaux symboles de toute l’histoire de Mad Men que de dire que finalement elle restera une série avec une partie de l’histoire de la communication et de la publicité américaine). Matthew Weiner impose ici sa fascination pour la publicité et c’est merveilleux.
Cet épisode donne aussi à Richard et Joan d’avoir leur propre occasion de conclure cette partie de la série et d’aller dans une direction complètement différente. Joan reste un personnage important dans l’histoire de Mad Men. Stan a aussi sa petite fin comme les autres personnages importants de la série encore aujourd’hui qui n’ont pas eu de conclusion. C’est l’occasion de revenir sur Pete par exemple, Roger ou encore Marie (d’ailleurs ces deux derniers m’ont fait bien rire dans cet épisode). On sent Mad Men beaucoup plus apaisée dans cet épisode et c’est peut-être cette sérénité qui était cherchée le départ et qui était presque si facile à atteindre.
Note : 10/10. En bref, magnifique fin pour une série qui va me manquer même si elle a très bien vécu.