Aujourd'hui, pas un sifflement, pas un coup de canon.
Le came singulier qui règne sur la ville depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, donne lieu aux suppositions les plus bizarres. Il est de nos concitoyens qui ne sont pas éloignés de croire que les Allemands ont pu modifier leurs positions et sont partis des hauteurs qu'ils occupaient depuis si longtemps devant Reims. D'autres moins crédules, ne prennent pas leurs désirs pour des réalités ; ils s'attendent encore à percevoir à tout moment, les sifflements de nouveaux obus et certains mêmes, ne se décident pas à dormir ailleurs que dans les caves.
Ce calme dont on ne peut jouir pleinement, permet tout de même de passer de meilleurs nuits, après une période de huit mois vécue le plus souvent, en ne dormant que d'un oeil ou pas du tout.
Paul Hess dansReims pendant la guerre de 1914-1918, éd. Anthropos