Jonathan Delay accompagné de son avocat Me Patrice Reviron à leur arrivée au Palais de justice de Rennes I AFP / Damien Meyer
Les charges avaient été retenues contre lui en 2003 à l’issue de l’instruction initiale de l’affaire d’Outreau menée par le juge Fabrice Burgaud mais n’avaient pas encore été jugées. Comme pour les faits supposés commis alors qu’il était majeur et pour lesquels il a été acquitté, ces viols présumés auraient été commis sur les quatre fils de la famille Delay, dont les parents ont reconnu avoir abusé sexuellement. "Je suis serein (...), je suis prêt pour défendre mon honneur", a affirmé Daniel Legrand à l’AFP dont le père décédé en 2012 était aussi l’un des acquittés. "Ça fait beaucoup pour un innocent, trois procès », a-t’il ajouté. "C’est un procès qui n’a absolument aucun sens", a renchéri Me Eric Dupont-Moretti, ajoutant qu'"on ne vient pas ici pour démontrer son innocence, elle est acquise". Pour sa part, Jonathan Delay, témoin crucial de l'affaire, aujourd’hui âgé de 20 ans confie : "Depuis 10 ans je vis avec un puzzle inachevé et seule une belle justice pourra apporter la dernière pièce à ce puzzle. Cette pièce me laissera vivre en paix". Me Patrice Reviron, avocat du jeune homme, reconnait que "Ça va être difficile pour tout le monde. Et si Daniel Legrand est acquitté à la fin d’un débat qui est loyal, ça ne posera pas de difficulté, y compris à Jonathan : il a envie de parler, il a des choses à dire"Le réseau pédophile d’Outreau, a éclaté au mois de février 2001 dans le quartier de la Tour du Renard, non loin de Boulogne sur Mer. Après deux procès, l’un à Saint-Omer (Pas-de-Calais) en 2004, puis en appel à Paris fin 2005, l’affaire a débouché sur l’acquittement de 13 personnes dont 17 mises en examen. Jacques Chirac, alors Président de la République avait obséquieusement présenté ses excuses aux personnes intéressées. Thierry Delay et Myriam Badaoui-Delay ont, eux, été condamnés à 20 et 15 ans de réclusion pour avoir violés leurs enfants avec un couple de voisins. Trois d’entre eux, les plus âgés, Chérif, Dimitri et Jonathan, se sont constitués partie civile pour ce nouveau procès. "Les enfants Delay ont été laissés à la rue, on ne s’est pas beaucoup penché sur la destruction subie", avait expliqué avant le procès Me Léon Lef-Forster, avocat de Chérif et Dimitri Delay. C’est l’association Innocence en danger, venue en aide aux enfants après leur majorité et qui a rappelé au parquet de Douai en 2013 que les charges retenues contre Daniel Legrand fils (mineur) n’avaient pas encore été jugées. Ces mêmes charges risquaient d’être prescrites. L’initiative d’Homayra Sellier, fondatrice de l’association, a permis d’ouvrir ce nouveau procès à Rennes. Me Lef Forster assure néanmoins, en réponse aux attaques de certains défenseurs de Daniel Legrand, qu’il ne s’agit pas d’"essayer d’obtenir des jurés et des magistrats qu’ils considèrent que la décision (d’acquittement) doit être remise en cause". L’un des défenseurs, Hubert Delarue, vraisemblablement inquiet ne mâche pas ses mots : "Derrière tout ça, en réalité, quoi qu’ils disent, il y a toute l’équipe des révisionnistes qui de manière très couarde, passent leur temps à dire que les acquittés étaient coupables". Et si c'était vrai ? Parmi les 43 témoins cités à la barre, les principaux acteurs de l’affaire, comme les "acquittés", mais aussi le juge Fabrice Burgaud ou Myriam Badaoui, seront appelés durant trois semaines à la barre. Âgé de 33 ans, Daniel Legrand présumé violeur d’enfants est au chômage. Il perçoit une allocation d’adulte handicapé. L’homme encourt 20 ans de réclusion criminelle. FG