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Guy Birenbaum : cachez-moi cette dépression que je ne saurais voir

Publié le 12 mai 2015 par Ralph

Guy Birenbaum

Guy Birenbaum, 53 ans, intellectuel, éditeur et journaliste, partage son expérience et son analyse dans un livre intitulé, "Vous m'avez manqué: Histoire d'une dépression française", aux éditions les Arènes. Crédits photos : Ladli/Fabrice Morvan

NICE, par Ralph Bechani

Voilà une chance inespérée, aujourd'hui, de braquer notre projecteur sur un personnage médiatique qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui suscite souvent le débat. Le contraire aurait été pour le moins ennuyeux, comme parfois s'agissant d'un auteur.

À force de sillonner le paysage culturel, politique ou artistique, il arrive même que le semblant d'intérêt qui motive notre passion ne soit violemment atteint par une envie irrépressible de tomber là où Guy Birenbaum, journaliste et ancien éditeur français, n'a pas su ou n'a pas pu, à priori, "garder le contrôle".

Un nouveau mal, 2.0, qui vient faucher les habitudes boulimiques d'un intellectuel passionné, pertinent, combatif, pour basculer dans un drame pour le moins obscur et repoussant. Un mal à l'image d'un "burn out", ou plus largement d'une dépression nerveuse, que nul ne saurait voir venir, tant son diagnostic est semblable à un trou noir mais sans l'"horizon d'Hawking".

Car oui, Guy Birenbaum, 53 ans, chroniqueur sur Europe 1 entre 2007 et 2014, puis sur France Info depuis la rentrée, a connu, dans les faits, une dépression nerveuse de "nouvelle génération". Il partage son expérience et son analyse dans un livre intitulé, "Vous m'avez manqué: Histoire d'une dépression française", aux éditions les Arènes.

L'un de ces "tabous" pour lesquels les scientifiques sont partagés s'agissant d’apporter des réponses claires.

En comparaison avec les dernières études sur le Cancer par exemple, il semble qu'il y a autant de dépressions nerveuses qu'il y a de personnes atteintes, par ce mal profondément contemporain.

Vous m'avez manqué

Tout comme avec le sentiment religieux, par exemple, il semblerait que nous héritons d'une forme de symptôme obsessionnel durable qui se noue dans l'espoir et donc dans le désespoir. Là ou nos ancêtres n'avaient pas le temps de s'arrêter: les tâches et la vie de tous les jours étant d'une violence et d'une injustice effroyable.

Cela ne veut pas dire que l’homo-sapiens, apparu il y a 250 000 ans environs, ou ses ancêtres n'ont jamais connu de dépression nerveuse. Mais là où les obligations, la survie et l'exode étaient monnaie courante, l'homme du 20e et du 21e siècle, notamment, est parfois livré à son propre sort dans une solitude singulière, un chômage discriminant, un deuil insupportable, voire des conflits sociaux pesants.

Pour mieux comprendre notre point de vue, il faut jouer d'un certain anachronisme, de quelques amalgames et bousculer les idées reçues en mettant au jour un paradoxe que le livre de Guy Birenbaum nous inspire.

Il semble, ainsi, que dans la mesure ou d'autres civilisations avaient pu avoir accès au savoir dont nous héritons aujourd’hui , il y aurait peu de chance que "Dieu", tel qu'il nous est décrit dans les religions monothéistes - depuis 5 000 à 7 000 ans - ait pu connaître un tel "succès".

Faute d'un savoir partagé par nos générations actuelles, nos ancêtres se sont imprégnés d'un dogmatisme spirituel qui ressemble de près à l'évolution de ces diverses formes de dépressions nerveuses qui surprennent les populations de notre ère.

Pourtant, la Révolution copernicienne - la Renaissance - ou les Lumières, ont paradoxalement contribué au développement d'un certain individualisme synonyme d'une liberté individuelle inaltérable, à priori, et d'un épanouissement personnel, familial, amical, amoureux largement mérité.

Triste constat bien des années après de voir qu'au moindre coup dur, qu'au moindre excès de zèle, nous nous renfermions dans la même ignorance instinctive qu'est la croyance, la foie.

Une sorte de force contraire telle "l’énergie noire": cette énergie emplissant l'univers face à la gravité responsable d'une expansion accélérée de notre Univers et dans laquelle on ne croit plus en rien à défaut de croire en n'importe quoi.

Guy Birenbaum ou l'exemple de ces milliers de femmes à travers le monde, victimes d'un "blues" invraisemblable après la naissance d'un enfant, ou de ces travailleurs acharnés dans tous les domaines parle pour nous aujourd’hui de ce nouveau mal, plus librement, en l'occurrence.

C'est d’ailleurs grâce à ce nouvel élan relayé par les réseaux sociaux, et de nombreux témoignages d’artistes, d'intellectuels que les chercheurs progressent pour tenter de trouver non pas un remède mais au moins une "recette" qui pourrait faciliter un retour à une vie normale pour des millions de personnes.

Remplacer une forme d'addiction, de manque par une autre paraît le meilleur choix, ne serait-ce que pour tenter d'échapper à une cure d’antidépresseurs doublée par des somnifères tout aussi dangereux.

Mais est-ce possible de lever le pied, d'oublier, et de passer à autre chose sans sombrer chaque jour encore. Perdre un être cher, un emploi, un(e) ami(e), sortir d'une addiction 2.0 à l'info via Twitter, Facebook, ou à son PC et son Smartphone ?

Guy Birenbaum

De la manière la plus cynique et avec une pointe de sévérité, à l'image du personnage de la maman du Docteur Hofstadter (Beverly), dans la série "The Big Bang Theory", nous dirions: "du nerf"! Et d'ajouter: "du nerf, poule mouillée!".

Manière à peine voilée de donner un peu de crédit à tous ceux, autour, qui subissent la dépression nerveuse d'un proche en lui rappelant à chaque instant qu'il faut se reprendre, sortir, passer à autre chose. Les horribles conseils que personne, victime de la maladie, quelque soit son degré, n'a envie d'entendre, et pourtant.

Ainsi, le livre de Guy Birenbaum n'a pas la dimension d'un étude scientifique sur la question, ce n'était d'ailleurs pas le but mais il a le mérite de mettre en avant un mal que personne n'ose trop regarder en face.

Une maladie qui touche toutes les couches de la population et désormais dans des domaines inédits comme les jeux, l’information, la communication et les nouvelles technologies. Le syndrome d'un début de 21e siècle en pleine dépression, en somme.

L’insubmersible

Dans un très bel article de nos confrères du magazine M du Monde, paru en mars dernier, par Dominique de Saint Pern, on peut mieux se rendre compte du drame qui s'est joué dans la vie de cette insubmersible bête des médias qu'est Guy Birenbaum.

Notamment au travers de ses collègues qui n'ont rien vu venir de ce changement de vie du critique, alors que chacun pensait assez logiquement qu'une "simple" dépression" ne pourrait le terrasser.

Il faut dire qu'une dépression ne s'explique pas nécessairement là où nous pensons qu'elle se situe. La maladie, perverse s'il en est, fait notamment remonter des sentiments et des douleurs inconscientes refoulées ou ignorées, telles que la violence d'une venue au monde, ou d'une transmission par les gênes de certaines pathologies qui se conjuguent dans des interactions aléatoires.

S'agissant de Guy Birenbaum, ce sont des insultes antisémites sur Internet qui seraient, vraisemblablement, à l'origine de ce coup dur. Selon lui, "jamais avant l'avènement du 2.0 je n'avais fait l'objet d'insultes racistes".

Dans son livre le journaliste est d'ailleurs clairvoyant, toujours aussi déterminé malgré "la chute". Mais tout a changé de manière assez radicale, à l'image d'un personnage sans concession, même quand il s'agit de lui-même... surtout quand il s'agit de lui-même.

A présent, revigoré mais toujours suivi par un psychiatre, ce n'est pas "la psychose médiatique" avec entre autres les attentats de Paris en janvier dernier ou les événements dramatiques de l'actualité qui vont venir le perturber, quelles qu’en soient les raisons.

Prendre le temps de faire les choses, de vivre et d'apprécier des instants longtemps négligés pour simplement retrouver un peu de plénitude... Voilà le constat, ou en tout cas les premières conséquences à courts termes d'une dépression aussi violente que salvatrice.

A la question, votre vie est-elle derrière vous au regard d'un parcours qui ressemble à plusieurs existences qui se confondraient dans une seule et même peau, Guy Birenbaum reste droit dans ses bottes: "ma vie, ma famille, mes enfants, tout est désormais devant moi, plus que jamais".

Quelques chiffres

Selon le Ministère de la santé, "les différentes études réalisées en France révèlent qu’une proportion comprise entre 5 et 15 % de la population seraient touchées par un épisode dépressif au cours de l’année."

L'enquête baromètre santé, comptabilise 3 millions de français "ayant présentés un épisode dépressif majeur (synonyme d’« épisode dépressif caractérisé ») dans les 12 derniers mois."

Ce sont les femmes qui ont deux fois plus de risque que les hommes d’être atteints par un épisode dépressif majeur dans l’année toujours selon le Ministère. "Elles sont également plus exposées aux rechutes et à la chronicisation de la dépression.

L’âge semble également jouer un rôle important. Le risque de dépression est plus élevé chez les 18 – 25 ans dans les deux sexes, chez les 45- 54 ans pour les femmes et chez les 35-44 ans pour les hommes.

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