genre: horreur, gore (interdit aux - 16 ans)
année: 1980
durée: 1h33
l'histoire: Trois jeunes gens tentent de conjurer la malédiction attachée à la mort d'un prêtre, qui, selon une prophétie, précède l'ouverture des portes de l'Enfer.
La critique :
Nous avons déjà évoqué la filmographie de Lucio Fulci lors d'un précédent billet. Plus que jamais, le scénariste et réalisateur italien reste un très bon artisan du cinéma horrifique. Il le prouve encore une fois avec Frayeurs, sorti en 1980. Pour la petite anecdote, le long-métrage est aussi connu sous le nom de City of the Living Dead. Indéniablement, Frayeurs a le mérite de se démarquer totalement dans l'univers des zombies. Par exemple, l'action du film se déroule dans le village de Dunwich.
En l'occurrence, le nom de ce village est fictif, mais fait évidemment référence à l'écrivain américain H.P. Loveraft, dans sa nouvelle L'abomination de Dunwich.
Pourtant, en dehors de son atmosphère d'outretombe, Frayeurs entretient peu de liens avec l'univers d'H.P. Lovecraft. Ici, il est question de satanisme avec une véritable revendication anti-catholique. Attention, cela ne signifie pas que Lucio Fulci soit un sataniste pour autant, loin de là ! Néanmoins, Frayeurs se situe dans la tonalité des productions horrifiques de son époque.
Ce n'est pas pour rien si Lucio Fulci a été surnommé le pape du macabre au début des années 1980. Pourtant, Frayeurs constitue (seulement) le second long-métrage horrifique de Fulci, juste après L'Enfer des Zombies, qui était par ailleurs un film de commande.
Mais visiblement, Lucio Fulci s'est découvert une véritable passion pour le morbide et les ambiances de cathédrale. En l'occurrence, Frayeurs recevra le prix de la critique au festival d'Avoriaz. C'est aussi le film qui va consacrer Lucio Fulci en dehors de ses frontières transalpines. Attention, SPOILERS ! Alors qu'un prêtre se suicide par pendaison dans le cimetière de Dunwich, une jeune femme tombe en profonde catalepsie lors d'une séance de spiritisme.
Considérée comme cliniquement morte on s'apprête à l'enterrer dans un cimetière de New-York. Un reporter intrigué par ce décès pour le moins mystérieux se rend sur place avant son inhumation.
Les cris provenant du cercueil prouvent que la jeune femme est bel et bien vivante. Elle sera secourue in extremis par le journaliste. Après une visite chez la médium organisatrice de la séance de spiritisme, nous apprendrons que la pendaison du prêtre a eu pour effet d'ouvrir les porte de l'enfer et que les créatures issues de ce dernier se déchaîneront sur la terre si les portes (du même enfer) ne sont pas refermées avant la Toussaint. Dès ses premières minutes, Frayeurs a le mérite de présenter les hostilités : une pluie d'asticots dégoulinants, une femme enterrée vivante (mais sauvée encore une fois in extremis par un journaliste), des morts vivants qui sortent de la terre pour dévorer tout ce qui bouge...
Bref, Lucio Fulci a de la suite dans les idées. Dans Frayeurs, il met largement en avant sa vision anticléricale via plusieurs symboles sataniques. Clairement, le cinéaste affiche ici son goût pour la provocation et l'irrévérensce. Au niveau de la distribution, pas grand-chose à signaler. Tous les acteurs sont assez méconnus. Seule Catriona MacColl fait figure d'exception puisque l'actrice sera à nouveau de la partie dans La Maison près du Cimetière et L'Au-Delà, deux autres films réalisés par Lucio Fulci.
Dans Frayeurs, le cinéaste impose un style qui deviendra sa marque de fabrique par la suite. En résumé, le long-métrage se démarque surtout par la qualité de sa mise en scène.
Sur ce dernier point, Frayeurs peut s'appuyer sur un climat à la fois sombre, gothique et mortifère. En l'occurrence, il est question ici d'une malédiction provenant des enfers qui contamine peu à peu les humains. Ces derniers se transforment alors en morts-vivants assoiffés de chair humaine. Fulci leur confère une personnalité étrange, à la fois attirée par le sang, la violence et la folie à l'état pur.
A ce sujet, le film peut également s'appuyer sur des séquences devenues cultes pour les amateurs du genre, notamment ce jeune homme qui est trépané par la perceuse d'un père devenu totalement psychopathe et démoniaque. En vérité, Frayeurs se distingue par son esthétisme à la fois satanique, baroque et mélancolique. Si le scénario n'est pas toujours très clair dans ses intentions et son évolution (c'est presque le seul défaut du film), Frayeurs se rattrape sur le magnétisme malsain qu'il exerce sur le spectateur. Certes, ce n'est pas forcément le meilleur cru de Fulci, mais Frayeurs reste indéniablement un bon film de genre.
Note: 14.5/20
Alice In Oliver