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Baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion : Vallaud-Belkacem, une ministre qui clive

Publié le 27 mai 2015 par Délis

En cette fin du mois de mai, Jean Daniel Lévy revient en exclusivité sur les derniers chiffres du baromètre Harris Interactive / Délits d’Opinion. Hollande, Jean-Yves Le Drian , Claude Bartolone ou Najat Vallaud-Belkacem : les politiques qui font l’actualité sont passés au crible de l’opinion.

La cote de popularité de François Hollande semble se stabiliser autour de 30% depuis le mois de janvier 2015. Cette stabilité dissimule-t-elle des amplitudes ? Et auprès de quelles catégories le Président a-t-il regagné du terrain depuis le début d’année ?

Jean-Daniel Lévy : Notons, déjà, la stabilité de François Hollande depuis – à peu de choses près – les attentats de janvier dernier. La confiance exprimée dans le Président de la République ne peut donc être analysée comme reposant uniquement sur ces événements. D’ailleurs, celle-ci avait crû dès la fin de l’année 2014.

Remarquons que, sur le moyen terme, la confiance exprimée à l’égard du Président de la République a augmenté chez les catégories supérieures et s’avère être un peu plus importante qu’au sein des catégories populaires.

On peut également observer que le net décrochage de François Hollande identifié chez les sympathisants socialistes à l’automne est jugulé. Avec 80% de proches de cette formation politique qui déclarent lui faire confiance – quand bien même, en proportion, moins de Français se positionnant de la sorte – la distance apparait moindre que par le passé.


 2. La ministre de l’Education Nationale pâtit-elle de son projet de loi controversé sur le collège ? Et depuis un an, comment évolue sa cote de popularité ?

Jean-Daniel Lévy : En septembre 2014, soit après son arrivée au Ministère, Najat Vallaud-Belkacem recueillait la confiance de 31% des Français. Aujourd’hui de 30%. Ce qui est certain, c’est que la confiance exprimée à son égard souffre de clivages forts : générationnels (40% des moins de 35 ans, 27% des personnes âgées de 35 ans et plus), sociaux (34% des CSP +, 26% des CSP -), et politiques (63% à Gauche dont 69% au PS ; 14% à Droite dont 6% à l’UMP). En termes d’évolutions, remarquons notamment qu’au début de ses fonctions la Ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche bénéficiait d’une confiance de la part des catégories supérieures qui s’est étiolée. Pour le reste, on relève peu de fortes modifications de structures d’opinion. Il est certain que la Ministre, comme Christiane Taubira, focalisent les regards critiques à leur égard de la part des sympathisants UMP et FN. Observons ainsi, à titre de comparaison, que Stéphane Le Foll pourtant porte-parole du gouvernement, recueille la confiance de 22% des sympathisants de Droite et 15% de ceux de l’UMP.

Jean-Yves Le Drian et Laurent Fabius sont souvent cités comme potentiellement sur le départ. Quelle est leur image aux yeux des Français ?

Jean-Daniel Lévy : En France, on apprécie les responsables politiques portant les valeurs de la République et ses idéaux par-delà nos frontières. Jean-Yves Le Drian comme Laurent Fabius parviennent, aux yeux d’une personne sur deux, à relever ces défis. Laurent Fabius (comme en son temps Alain Juppé) parviennent à faire en sorte que le jugement sur leur exercice ministériel dépasse l’image qu’ils véhiculaient précédemment à leurs prises de fonctions. On se rappelle que le terme « sang contaminé » était systématiquement accolé à l’ancien plus jeune Premier ministre de la France. Et que Laurent Fabius n’était pas parvenu à recueillir de nombreux suffrages lors de la primaire de 2006. Aujourd’hui, le Ministre des Affaires Etrangères bénéficie de la confiance de 49% des Français, sans véritable rupture générationnelle, plus sociale (57% des CSP+, 41% des CSP-), et avec une appréciation forte à Droite (48%) sans pour autant être critiqué à Gauche (73% de confiance). Il en va de même pour le Ministre de la Défense : un soutien un peu plus important chez les personnes âgées de 65 ans et plus (63%, mais 44% chez les moins de 35 ans), les CSP + (58% contre 34% des CSP-). Politiquement, il recueille la confiance de 55% des sympathisants de Droite et de 64% de ceux de Gauche.

Il s’agit donc de deux personnalités qui sont parvenues à dépasser les stricts contours des soutiens traditionnels des ministres de Gauche. En incarnant la France, dans ses valeurs à défaut de son efficacité, ils arrivent à bénéficier d’un regard bienveillant de franges de populations distantes voire critiques à l’égard du gouvernement.

Avec une cote de confiance de 22%, Claude Bartolone est-il aujourd’hui un bon candidat pour la Gauche en Ile-de-France ?

Jean-Daniel Lévy : On ne peut considérer les jugements nationaux comme constitutifs des regards locaux. Si l’on se penche sur la réaction des Français habitant en Ile-de-France on peut voir, dans cette enquête, que la confiance à l’égard du candidat socialiste aux élections régionales est de 28% alors que celle à l’égard de Valérie Pécresse s’établit à 20%. Sachant que confiance ne veut pas dire vote.

Ajoutons que Claude Bartolone progresse d’un point au niveau national depuis son entrée en campagne. Et qu’aujourd’hui 53% des sympathisants socialistes et 47% de l’ensemble de la Gauche indiquent lui faire confiance. En regard, Valérie Pécresse – toujours au niveau national – recueille la confiance de 48% des sympathisants de l’UMP et 37% des proches de la Droite.

Son entrée en campagne ne s’est donc pas traduite par une baisse de la confiance exprimée à l’égard du Président de l’Assemblée Nationale. On mesure une petite progression.

Jean-François Copé envisage son retour au premier plan en 2016 : son image s’est-elle améliorée depuis sa cure d’abstinence médiatique ?

Pour l’ancien Président de l’UMP, on peut remarquer que depuis décembre 2014, au moins 10% des Français lui font confiance. Cela ne constitue pas une proportion très élevée mais nous semblons nous éloigner de la période où la frange de population relevée se comptait en chiffres et non pas en nombres. Reste, qu’à Droite, l’ancien ministre est devancé par toutes les personnalités se situant sur cette frange de l’échiquier politique et ne devance que de deux points Jean-Christophe Lagarde (ce dernier disposant d’une notoriété moindre). Si l’on s’intéresse aux sympathisants de l’UMP aujourd’hui un tiers lui fait confiance, ils étaient un quart en janvier dernier. Donc, oui, son image progresse un peu au sein de cette frange de population. Doucement. Sans s’étendre au reste de la Droite ou, a fortiori, à Gauche (6% chez les sympathisants socialistes).

Enquête réalisée en ligne du 19 au 21 mai 2015. Echantillon de 1020 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l’access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).


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