En tombant sur cet article dans Le Monde, je n'en ai pas cru mes yeux. Tant de violence et de haine, venant d'un parti dont le représentant fraichement élu prétend abusivement, avec le cynisme et l'hypocrisie qui le caractérise, rassembler la gauche, voilà qui m'a laissé plus que perplexe. Mais en y réfléchissant un peu, malgré ma naïveté, rien d'étonnant. Le Ps actuel a tout intérêt en effet à marginaliser Mélenchon ( et donc le front de gauche, avec la complicité d'Eric Laurent, au jeu trouble) pour qui c'est un danger, comme l'a avoué ouvertement le premier secrétaire du parti dit socialiste, en disant toute l'inquiétude qui était la sienne à propos de mouvements aussi populaires que Podemos. Il est vrai que ce genre de mouvements populaires risquent fortement de perturber la quiétude de l'establishment bi-partiste qui, de droite comme du PS, se partage les places au chaud...On sait bien sur ce point quelle est la stratégie de Mélenchon qui, notamment avec le M6R, tente d'impulser un mouvement populaire en France afin de contrer la logique libérale austéritaire trans-partisane partagée si volontiers à la fois par le PS et l'UMP. Et donc, pour tenter de l'isoler, et dans la lignée de la position indigne de Cécile Duflot, d'EELV, qui crie au nationalisme délirant, l'ancien sénateur de Seine Maritime et actuel député européen Henri Weber, manifestement en service commandé, instruit un procès entièrement à charge contre Mélenchon :
Jean-Luc Mélenchon file un mauvais coton, celui du nationalisme agressif. Dans son dernier livre Le Hareng de Bismarck (Plon, 150 pages, 10 euros) il désigne à la vindicte des Français un nouveau bouc émissaire, source de tous nos maux : les Allemands, en général, ceux de droite comme ceux de gauche (Verts inclus), les bourgeois comme les prolétaires. En période de crise, un populisme xénophobe est toujours d'un meilleur rendement politique et électoral qu'un populisme humaniste.
Malgré la distance que j'ai préféré prendre depuis quelque temps avec Mélenchon, dont j'ai pourtant soutenu très activement la campagne présidentielle, je ne supporte pas ce genre de procédé et me sens donc obligé de réagir, malgré mon départ il y a plus d'un an du Parti De Gauche. Car cette infâme polémique prend des proportions qui me sont insupportables moralement. Juste une question d'honnêteté et de cohérence intellectuelle. Car je suis attentivement depuis bien des années le cheminement politique de Mélenchon, et je sais quels sont ses liens avec l'homologue politique du parti de gauche, Die Linke. je connais également les nombreux contacts officiels qu'il prend avec la gauche anti-libérale allemande. Ce procès d'intention m'apparait donc, malgré mes réserves personnelles envers le comportement de l'individu Mélenchon, totalement infondé et ignoble. On ne peut en effet taxer de xénophobie Mélenchon quand on connait sa situation personnelle, et ses engagements de toute une vie, y compris dans son environnement proche. C'est une insulte à tous ceux qui se battent contre le racisme dans notre pays. Et je suspecte tant Henri Weber que Cécile Duflot de très bien savoir que je dis vrai, et que le dernier opuscule de Mélenchon qui a nourri cette polémique détestable, bien que publié à un moment pour le moins inadéquat, ne contient rien de tel, et certainement pas une haine du peuple allemand ni un nationalisme béat que son engagement internationaliste patent dément fortement. Ce qui m'est apparu dans un premier temps comme une grotesque guerre des chefs au sein du parti de Gauche, qui s 'est déportée ensuite sur EELV, pour de mesquines considérations stratégiques, devient une guerre idéologique entre le PS et tous ceux qui, à gauche du PS, ne supportent plus l'orientation anti-populaire et anti-sociale du PS. Et je me devais donc de prendre parti, malgré mon positionnement différent, puisque je suis à présent membre d' Ensemble, donc plus à l'écart de ce genre de considérations politiciennes de bas étage qui dégoûtent tous ceux qui à gauche, partagent mes convictions profondes et authentiques. Ce n'est pas en procédant à de telles tentatives de déstabilisation si humainement détestables qu'on parviendra à recréer un climat de confiance entre les différents partis de gauche de nature à nous permettre de retrouver le chemin du peuple. Nous sommes nombreux dans ce pays à refuser dès à présent de voter pour un parti qui s 'abaisse à de telles ignominies, et l'affaiblissement du vote pour le PS lors des dernières élections, d même que la baisse du nombre d'adhérents à ce parti de plus en plus droitier ne s'explique pas autrement. A force de tant de traitrises, de coups bas de ce type, de non respect des promesses de campagne hollandaise, et d'un tel écart entre les décisions gouvernementales et les valeurs socialistes, et plus largement de gauche, on ne pourra en effet que récolter ce que l'on a semé : des cendres.
Tiens, c'est pour dire ! Malgré ma méfiance envers Sapir, je me suis pourtant senti sur ce coup là une forte convergence envers l'article qu'il vient d'écrire sur Russe Europe, c'est pour dire !