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Impressions de perigrinations par el bigotes : toros y toros

Publié le 01 juin 2015 par Jeanmi64

TOROS Y TOROS

  De Jerez de la Frontera  à Vic Fezensac,

Que le lecteur me  pardonne ce compte rendu tardif de mes pérégrinations de Jerez  de la Frontera à Vic- Fezensac, en passant par Nîmes et toujours sous le signe du toro.

Mais de quel toro parle-t-on ?

Mardi 12 mai,  dans la finca de feu le Marquis d’Albaserrada  pour  s’arrêter,  écouter et comprendre la passion du mayoral, Fabrice Torrito  pour  ses toros. L’empirisme de son travail, la méticulosité de son investissement et la qualité de sa passion pour ce qu’il estime être le feu sacré de la corrida.
Ces toros de lidia au port souverain, aux cornes astifinas, à la force tranquille, qui vous donnent la certitude que la corrida pour exister doit rester un combat où aucun des adversaires n’est un prétexte.

Partager une visite de finca traditionnelle est un moment fort pour approcher le  toro de combat dans son milieu naturel et par voie de conséquence s’ouvrir à la corrida.

Je ne veux convaincre personne mais après  cinquante années à parcourir l’Espagne,  ses grandes propriétés d’un siècle passé, ses arènes de toutes catégories et la France du sud-est au sud-ouest, je me dois de constater que seul le toro donne à la corrida son véritable sens et ses lettres de noblesse.

Ce mois de mai m’a confirmé dans mes certitudes.

Jerez de la Frontera jeudi 14 mai, au matin, visite, avec la pena Ponce de Dax, de la Real Escuela Andaluza del Arte Equestre et l’après-midi à 18 heures corrida équestre lors de la feria del caballo pour la despedida de  Fermin Bohorquez. Mano à mano avec Pablo Hermoso de Mendoza.

Le matin, exercice théorique d’une grande qualité où les cavaliers et  chevaux andalous  ne font guère regretter  l’école militaire du Cadre Noir de Saumur ou encore celle de Vienne. La guitare flamenca ensorcelle cheval et cavalier pour  les faire danser à la corde musicale.

L’après-midi, exercice pratique dans l’arène où deux écoles vont s’affronter : Fermin Bohorquez de bleu vêtu  en traje de campo et sa tauromachie classique, puissance et  gloire,  Pablo Hermoso de Mendoza avec sa tauromachie fluide, légère et enivrante, la délicatesse et la beauté fragile d’une poésie équestre.

Les chevaux dressés à la perfection, les figures les plus osées, les figures  les plus folles, la dentelle des passes ciselées par un maestro  chef d’orchestre et quand un fandango jaillit des gradins, la messe taurine se chante a capella.

Les courses de toros  doivent se regarder avec une attention soutenue. Il y a toujours un détail, une métaphore qui se cachent derrière le temps qui s’écoule.
A son premier toro, Pablo Hermoso de  Mendoza, après la mise à mort, descend de cheval pour accompagner le toro mais  le toro charge le cheval. Pour se défendre, ce dernier de face s’en va mordre le toro pour le faire renoncer. Instant  étonnant que de retrouver le cheval féroce dans la douleur d’une toile de Picasso. Guernica n’est pas loin.

Mais L’ivresse  serait complète si le toro pouvait être autre chose qu’un prétexte.
Cornes épointées, courses interminables, que reste-t-il de cet animal sauvage et indompté, sinon un leurre de cirque dont l’homme se joue.

Loin de moi l’idée de déception. Ce sont des artistes, leur art doit être reconnu et salué, mais il ne leur manque  pour rejoindre les cieux que des toros sérieux. 

Vendredi 15 mai, toros de Nunez del Cuvillo pour Padilla, Morante de la Puebla et Manzanares hijo.

Bel après-midi où le public retrouva son enfant chéri à la recherche du temps perdu. Padilla plus padillesque que jamais nous a conté devant des toros de misère son goût pour l’extravagance sans jamais  retenir dans sa muleta une passe sincère.

Morante de la Puebla est un tout autre magicien qui sait au détour d’une passe  de capote ou de muleta nous donner le frisson d’une symphonie jamais achevée.

Un fandango loue le seigneur des arènes, sa mère qui l’a fait naitre, mais ne peut lui donner des adversaires à la hauteur de sa tauromachie.

Il a  les adversaires qu’il veut. Jamais parfaits mais toujours accommodants.

Mazanares quant à lui dans son somptueux habit de deuil aux lumières éteintes est torero et prestidigitateur.
Il nous montre ce qu’est la tauromachie aux mouvements perpétuels sans jamais retenir les règles élémentaires comme se croiser, comme peser sur le toro pour le dominer. Il nous emmène  dans sa logorrhée  et nous avons pour lui les yeux de Chimène.
Tout est lisse, tout est parfait, tout est beau et pourtant tout est suspect.

Bel ensorceleur que n’as-tu comme adversaire un toro  brave et noble qui te fasse  comprendre que le combat ne peut être féerique et que la mort ne peut être  domptée qu’avec sincérité ?

L’air du temps est à la danse, l’air du temps est à l’aseptisé. Il faut des corridas pour tous les goûts certes, mais de quelle corrida parle-t-on ?

Vendredi  22 mai Nîmes, ouverture de la féria.
Pour le festin un mano à mano El Juli, Morante.
Me reviennent les souvenirs d’un mano à mano identique à Malaga où chacun des toreros est venu avec ses toros.

La fête a été gâchée par manque de toros.
A Nîmes le Journal le Midi Libre a présenté tous les toros de la feria. Seuls manquaient à l’appel ceux du mano à mano de ce vendredi.

Le journal avait-il des raisons pour ne pas  les montrer ?

Samedi, Dimanche et lundi Vic Fezensac.

Les arènes ne furent jamais pleines, toujours un bon trois quart mais dans le ruedo, sortis tout droit des campos, des toros braves qui, en France, ne  fréquentent  que ces arènes ou celles d’Aignan ou de Céret pour le sud ouest ou Alès et Saint Martin de Crau à l’est.

Samedi, Toros  de Don José Cebada Gago pour Escribano, Perez Mota et Thomas Dufau.
Que retenir ?

La pose de banderilles d’Escribano, avec le quiebro al dentro près des planches, la bonne volonté de Perez Mota mal récompensée par un public un peu froid et l’excellente prestation de Thomas Dufau face à Desgrenado son premier toro.

Thomas Dufau, le régional de l’étape, professionnel par excellence, torero consciencieux et valeureux. Le seul, qui a réussi à ma connaissance à couper deux oreilles à Nîmes, à la féria des vendanges le 18 septembre 2011, après avoir toréé en dernier à la suite de José Tomas.

Le dimanche matin, ganaderia Valdellan,

Toros d’un autre âge, corrida  où le tercio de piques de la cuadra d’Alain Bonijol a fait se lever les arènes et la musique au diapason.

Tercio essentiel pour la lidia ?
Ivan Garcia Muragan et Tito  Sandoval ont fait mugir l’arène. Cesar Valencia au courage suicidaire coupa une et une oreille dont la dernière portée, après une blessure, par un de ses peones.

Paulita fut plus sage et déçut. Quant à Mehdi Savalli, ne retenir qu’un tercio de banderilles approximatives serait déjà ne pas l’oublier.

L’après-midi, toro de Don José Escolar Gil,

Aucun des toréros ne coupa la moindre oreille. Les toros déçurent.
Fernando Robleno a été le seul à se croiser,  Alberto Aguilar est passé comme une fusée et Raphael Cerro était trop vert pour ce type de toros.

Lundi toros de Dona Dolores Aguirre Ybarra, de présentation parfaite.

Rafaelillo, maître  en passes sonores, ne put rien. Toujours sur le voyage, jamais à la hauteur de ses deux toros.

Sanchez Vara, poseur de banderilles, ne sut enflammer les arènes.

Et puis vint, recousu depuis sa blessure d’Alès, Alberto Lamelas.
La conscience tauromachique, le combat de verdad.
Même diminué, il nous montra que les toros difficiles peuvent être toréés et qu’enchaîner une, voire deux séries de passes est à la portée de celui qui veut peser sur le toro et qui accepte de se croiser.

José Pedro Prados Martin dit el Fundi, dans les arènes depuis samedi, a peut-être trouvé son successeur
Trahi par l’épée Alberto Lamelas fit une vuelta d’honneur lors de laquelle on put voir une auréole sur sa cuisse droite,  sa blessure d’Alès pas encore cicatrisée s’était à nouveau   ouverte.

Chapeau Maestro.

Alors de ce pèlerinage que va-t-il rester ?

L’amour pour ces toros, pour ces éleveurs, pour ces toreros de l’impossible et aussi cette certitude de courir  à Istres et peut être de souffrir de n’y trouver des toros point.

AR

Alias El Bigotes

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Pic et garrocha à Vic par l'auteur

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