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Calais Ouverture Humanité : avis de catastrophe imminente

Publié le 02 juin 2015 par Asse @ass69014555
Calais Ouverture Humanité : avis de catastrophe imminenteSéverine Mayer - Calais Ouverture Humanité

Depuis que le projet de " Centre d'Accueil de Jour " a été avancé, nous n'avons cessé de dire que nous avions peur que cette " solution " ne fasse qu'empirer la situation des exilés et donc de Calais. Nous n'avons pas été entendus.

Nous (Calais, Ouverture &Humanité) n'étions pas seuls à dénoncer, d'autres associations qui elles étaient invitées à " discuter " avec les autorités ont mis en avant tous les risques liés au fait de réunir tout le monde sur un même lieu, sans eau, sans WC, sans sécurité. Un lieu éloigné du centre dans lequel les mafias peuvent donc librement s'installer et installer leurs lois. Un lieu qui stigmatise encore, qui est la preuve d'une volonté inavouée de ségrégation sous des airs de " vous avez vu, nous (mairie et gouvernement) gérons la situation "...

Nous avions peur d'un désastre, nous l'avons dit, je l'ai écrit à maintes reprises que ce centre était loin d'être une solution et qu'en quelques mois nous aurions à gérer des catastrophes...

Nous y sommes presque. Nous y avons déjà un pied.

Le centre d'accueil de jour est déjà débordé... 1500 repas ne suffisent pas pour une population qui s'évalue à environ 2500 personnes.

Alors les associations, toutes confondues, apportent tant bien que mal de la nourriture sur les camps. Mais personne n'est en mesure de comprendre la difficulté que ça représente... Trop de monde, des conditions de survie extrêmes, des tensions... Les exilés se ruent sur la nourriture, il n'y en a jamais assez.

Hier, dimanche, une bagarre a éclaté. Ce n'est pas la première, et ce ne sera hélas pas la dernière. Et d'ailleurs, les infos ne sont pas très bien relayées... Pour exemple : dans le récit de la bagarre, la Voix Du Nord dit qu'elle s'est déclenchée du fait du vol d'un portable d'un Soudanais par un Afghan, Nord Littoral parle du vol d'un portable d'un Afghan par un Soudanais...

L'entassement, les conditions de survie indignes et douloureuses, le mélange des communautés, le manque de vivres, de bois, d'abris, de couvertures, de vêtements, de chaussures, tout cela crée des tensions.

Les épiceries de la jungle, parfois financées par des passeurs, font des affaires en or, vu que beaucoup de réfugiés crèvent de faim ! Mais quel autre choix ont-ils étant donné l'éloignement des commerces et le fait que certains commercants ne les laissent pas entrer ou alors au compte-goutte...

Ils ont faim...

Mais ce n'est pas tout. Ils sont trop nombreux, et ça devient ingérable pour tous car RIEN n'est prévu, rien n'est adapté. On construit 2 cabanes quand il en faudrait 10. On donne 30 couvertures quand il en faudrait 100. Les stocks des diverses associations sont quasiment épuisés.

Des gamins dorment encore dehors, sans rien.

Oui, des gamins. Beaucoup de mineurs, toutes les femmes et enfants ne sont pas hébergés par le centre. C'est une catastrophe.

Et quand les conditions de survie sont aussi difficiles et inhumaines, les frustrations, les sentiments d'injustice (légitimes) vont grandissant. La colère gronde.

L'OFPRA a arrangé la situation de 120 Erythréens... Il a fallu moins d'une journée pour boucler la procédure d'asile et leur trouver un hébergement. Formidable pour eux... Mais cette " sélection " mais a créé des tensions supplémentaires, un sentiment d'injustice très fort chez ceux qui n'ont pas été invités à bénéficier de cette opération plus médiatique que productive. Et du coup, beaucoup de nouveaux Erythréens sont arrivés, prévenus par leurs amis que le gouvernement leur donnerait l'asile en moins de 24h... Sauf que non... C'était 120, pas un de plus. Quelle logique ? Aucune ! Avec cette opération éclair, le gouvernement a créé lui-même cet appel d'air dont il a si peur ! Comment expliquer cette mesure aux exilés, aux demandeurs d'asile qui ne sont toujours pas hébergés ?

Les autorités ne savent pas gérer. Elles le démontrent à nouveau, mais ceux qui en font les frais sont :

1/ les exilés

2/ les bénévoles

3/ l'ensemble des Calaisiens.

La préfète avait promis deux nouveaux point d'eau (il n'y en a qu'un pour le moment), des toilettes, et de l'éclairage. L'eau serait pour dans trois semaines (c'était déjà le cas il y a 3 semaines...), mais seulement 1 point d'eau. Les toilettes ? Oublié, trop cher paraît-il... L'éclairage... Disparu des projets ?

Des grilles s'élèvent le long de l'autoroute, tout le monde sait pourtant que ça coûte une fortune et que ça ne sert à rien. Non, ça ne sert à rien, pour preuve le nombre de passages réussis...

Pas d'argent pour des WC, mais de l'argent pour des barbelés. On crée l'insalubrité, on crée des risques sanitaires en prétendant " veiller " à la sécurité des routiers. Quand on reparlera de gale et autres affections contagieuses, les Calaisiens n'auront rien à faire de ces barbelés... Les Calaisiens qui habitent le quartier où se situent les entrées du camp auront raison de crier leur colère. On leur impose un bidonville, des risques sanitaires et on les oublie. On tente de les rassurer par des murs de terre pour qu'ils n'aient pas à voir de trop près ce spectacle affligeant. On enferme Calais dans la stigmatisation, on enferme Calais dans une situation indigne d'un pays civilisé. On enferme les migrants et les Calaisiens dans une situation douloureuse, incompréhensible et injuste pour tous.

La catastrophe arrive.

Faim, insalubrité, ségrégation, ras-le-bol, colère... Les ingrédients sont réunis.

On constate une alcoolisation importante de beaucoup de jeunes. Une agressivité latente. La colère se noie dans l'alcool chez certains, à quel point peut-on noyer sa colère et son désespoir ? Le besoin de l'exprimer grandit.

Quand ils décideront de montrer qu'ils en ont marre d'être traités comme des rats, ils casseront, se battront, et les extrémistes de droite s'en frotteront les mains, parce qu'eux se fichent du pourquoi, ils se contenteront du résultat pour faire leur propagande minable.

Mais ne nous y trompons pas : ce sont les autorités qui sont encore une fois responsables des risques actuels, et qui seront responsables de la catastrophe qui arrive à grands pas.

Les bénévoles sont épuisés. Ils font un travail surhumain. L'état et la mairie se déchargent de leurs responsabilités sur eux. Mais les bénévoles n'ont pas à assumer ces responsabilités et encore moins les conséquences de cette incompétence des autorités à gérer une urgence humanitaire. La maire, la préfète, le ministre de l'Intérieur sont incompétents à gérer cette situation. Ils n'ont pas voulu entendre les bénévoles qui leur disaient de faire autrement... S'ils avaient écouté, ça n'aurait pas coûté plus cher, et la situation serait bien plus facile à gérer pour chacun. Ils s'entêtent. Mais le problème, c'est qu'ils font de la politique, et que seules leur importent les apparences. En apparence, ils ont offert une structure d'accueil aux exilés... En apparence seulement.

Les autorités, avec le centre Jules Ferry on fait preuve de charité...

Pour citer le groupe La canaille dans Redéfinition : "on veut de la justice pas de la charité... "

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Une importante rixe a éclaté dans la " new jungle ", située autour du centre d'accueil Jules-Ferry, opposant deux à trois cents migrants d'origine soudanaise et érythréenne. Les pompiers sur place parlent de plusieurs dizaines de migrants blessés, soignés sur les lieux et transportés au centre hospitalier de Calais. D'importants moyens de police et de secours ont été déployés. Les événements se sont poursuivis jusqu'à l'aube.

Dans la nuit de dimanche à lundi, entre 23 h et 23 h 30, une rixe entre migrants a éclaté dans les camps de la " new jungle ", toléré par l'État et la municipalité, près du centre d'accueil de jour mis en place dans le cadre du plan Cazeneuve (octobre 2014). D'après la préfecture du Pas-de-Calais, les affrontements ont opposé deux à trois cents personnes. Ils se sont poursuivis tout au long de la nuit. D'après les informations récoltées sur place, auprès de migrants vivant dans le camp, les affrontements ont opposé Erythréens et des Soudanais. " Ils se frappent l'un l'autre ", expliquait, sur place, une jeune femme éthiopienne. Les deux camps se sont battus avec des pierres, bâtons et armes blanches. Des campements ont été incendiés.

Les forces de police ont rapidement été mobilisées, les effectifs habituellement présents ont reçu le renfort des policiers de Boulogne et de Saint-Omer. Deux unités de CRS (soit environ une cinquantaine d'hommes) sont intervenues à l'intérieur du camp pour tenter de rétablir l'ordre, tandis que de nombreux cars étaient postés à proximité de la " new jungle ", prêts à intervenir. D'importants secours ont aussi été dépêchés sur place quasiment toute la nuit : les pompiers de Marck, Calais, Ardres, Marquise, Boulogne et Desvres, ainsi que des équipes du SMUR. L'adjoint à la sécurité de la Ville de Calais, Philippe Mignonet, était également présent.

21 blessés dont 14 transportés à l'hôpital

Au fur et à mesure des événements, qui se sont déroulés à distance du cordon de secours et de police (à l'extrémité de la rue des Garennes), on voyait arriver au compte-gouttes des migrants, blessés à la tête, au thorax ou aux jambes. La préfecture relève vingt et un blessés dont quatorze transportés au centre hospitalier de Calais et sept soignés sur place. Dans les faits, l es pompiers, indiquent avoir soigné des dizaines de migrants avec des équipes médicales du SMUR. Certains migrants ont décidé dans la nuit d'aller dormir à un autre endroit.

Cette nuit, les interventions de la police et des pompiers étaient très difficiles de part les conditions d'intervention : manque de voies d'accès et d'éclairage. Les sapeurs, intervenus pour éteindre les feux de tentes, et les CRS ont reçu des projectiles. Ils étaient encore sur place lundi matin pour éteindre des campements en feu.

Lundi en fin de matinée, le calme semblait être revenu dans le camp.

Une rixe y avait déjà éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi, vraisemblablement après qu'un migrant érythréen a été blessé par balle sur l'aire d'autoroute du Beau-Marais. Les tensions entre communautés érythréenne et soudanaise sont fréquentes, notamment en raison de lutte de territoire de passeurs.


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