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SANTÉ > L' inquiétante recrudescence des repas de Perlimpinpin

Publié le 02 juin 2015 par Fab @fabrice_gil
Ça ne ressemble à rien. Ça n’a pas de goût. Ça n’a même pas d’odeur. Et pourtant ! La nourriture en poudre, qui permet de se préparer vite fait des repas liquides censés faire gagner du temps au travail, conquiert les informaticiens de la Silicon Valley, aux États-Unis.

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Photo ©Soylent.me

Dans la Silicon Valley, où sont implantées la plupart des grandes firmes du high-tech, l’alimentation en poudre se développe. Sortir son sachet de poudre, un peu d’huile, de l’eau… Mélanger le tout dans un shaker. Pas besoin de fourchette ni de couteau. Votre repas/gloubiboulga est prêt. C’est le concept du repas liquide à base de poudre. Cette façon de se nourrir se répand… comme une traînée de poudre au royaume des informaticiens, à la Silicon Valley. Pain, poulet, fruits, légumes : tout est remplacé par de la poudre, qui contient tous les apports alimentaires nécessaires pour vivre. Les avantages revendiqués par leurs concepteurs : le gain de temps, d’argent et une soi-disant meilleure santé. L’idée a d’abord germé dans la tête de Rob Rhinehart, ingénieur logiciel de 26 ans. Nous le savons tous, la cuisine est une histoire de code… non ? Occupé à saisir des lignes (de codes) toute la journée, l’homme considère sa pause repas comme une contrainte. Pour lui, manger n’est qu’un besoin physique. Et le temps qu’il perd à manger, c’est de l’argent. Il imagine donc une formule qui couvre ses besoins énergétiques quotidiens. L’avantage : tous ces éléments, farine (pour les glucides), céréales (pour les fibres), huile (pour les lipides)… peuvent se procurer en gros -donc pour pas cher- sur le web. Et l’idée séduit, de façon inquiétante : grâce à Internet, il lève $3 millions et lance sa start-up : Soylent. Un clin d’œil provocateur au film d’anticipation "Soylent Green" (Soleil Vert en français), dans lequel l’humanité est condamnée à manger des aliments de synthèse. Rob Rhinehart révélera dans un entretien vouloir nourrir le tiers-monde grâce à des robinets à Soylent. Mais oui.

- … un Schmoylent et un verre de Schmilk s’il vous plaît ! Rob Rhinehart a testé la formule sur lui durant deux ans. Seul bémol : un excès de potassium, causant une arythmie cardiaque. La recette a depuis été changée. Dès le lancement du produit, les commandes pleuvent sur le site internet de Soylent. La start-up ne parvient pas à toutes les honorer. Plusieurs entreprises lui ont alors emboîté le pas, comme l’Américain Custom Body Fuel et le Néerlandais Joylent. Le slogan de Custom Body Fuel : "Libérez votre corps, libérez votre vie"… Rien que ça. Joylent propose de customiser sa formule et de choisir ses arômes préférés. Il existe même une poudre qui se mélange avec du lait. Son petit nom ? Schmilk… pour Schreck ? L’autre argument fort de ces "poudres magiques" est leur prix : de $55 à 70 dollars (€65) le paquet pour une semaine. Soit moins de €3 le gloubilboulga. Mais peut-on se nourrir ainsi toute une vie ? "Il vaut mieux que ces repas restent occasionnels", considère Annie Desclos, nutritionniste à la polyclinique Saint-Laurent, à Rennes. "Sur les apports nutritionnels, ça peut marcher. Mais la digestion commence dans la bouche. Il faut un temps de mastication minimum durant les repas. Sinon cela peut créer, à terme, des troubles digestifs." Se nourrir de Soylent ou Joylent peut aussi entraîner des troubles du comportement alimentaire, observe le médecin. "Le cerveau n’enregistre pas totalement la sécrétion des sucs digestifs. L’organisme est trompé. On peut développer ensuite des troubles du comportement comme la boulimie ou d’autres addictions."
Le dit régime a pourtant été adopté plusieurs jours par des "Youtubeurs" de tous poils, se dévoilant sur internet dans des vidéos "Soylent challenge". Des journalistes ont également tenté l’expérience. Parfois jusqu’à un mois. Leur verdict ? Sensiblement le même : oui, la faim est coupée, mais, non, la plupart ne pourraient pas continuer. La cause : la cruelle absence du plaisir. "Notre équilibre psychique dépend aussi de notre alimentation", remarque Annie Desclos. "Et le plaisir physiologique lié à l’alimentation disparaît ici." Cela n’arrête pas la dynamique des fabricants : Soylent a déjà récolté plus de $20 millions auprès d’investisseurs. Casimir peut aller se rhabiller.FG

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