De nombreuses études ont porté sur l’association entre exposition aux perturbateurs endocriniens et l’hypospadias, une anomalie congénitale de la verge. Cette étude du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Montpellier confirme le rôle des expositions professionnelles et environnementales aux perturbateurs endocriniens dans l’hypospadias non génétique. Ainsi, les femmes enceintes exposées à différents composés chimiques présents dans les produits ménagers et les pesticides, ont un risque accru de mettre au monde des garçons atteints de malformations génitales selon une étude menée dans plusieurs centres hospitaliers de la région.
L’hypospadias est une affection des voies génitales externes fréquente touchant 3 naissances sur 1.000. Cette anomalie congénitale de la verge du nouveau-né se traduit par l’orifice de l’urètre positionné anormalement, sur la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité. Les facteurs identifiés à ce jour sont multiples et comprennent des facteurs génétiques, les effets secondaires d’un traitement hormonal progestatif au cours de la grossesse, une altération de la synthèse ou des récepteurs de la testostérone. La prise en charge consiste en une reconstruction chirurgicale de l’urètre -et dans certains cas un traitement hormonal.
L’étude a été menée auprès de 408 enfants atteints d’hypospadias et 302 enfants témoins recrutés dans plusieurs établissements du sud de la France. Ces enfants ne présentaient pas les mutations ou facteurs de risque génétique. Les expositions professionnelles des parents aux perturbateurs endocriniens ont été évaluées par questionnaire, les expositions environnementales en fonction du code postal et des sources polluantes à proximité.
· L’exposition du fœtus aux perturbateurs endocriniens autour de la fenêtre de la différenciation génitale (6-7 semaines de grossesse) multiplie par plus de 3 le risque d’hypospadias chez le garçon, (40% vs 17% en l’absence d’exposition).
Les substances incriminées sont principalement :
· des peintures / solvants / adhésifs (16%),
· des détergents (11%),
· des pesticides (9%),
· des cosmétiques (6%),
· et les produits chimiques industriels (4%).
- L’exposition professionnelle à ces perturbateurs est confirmée comme plus fréquente chez les mères de garçons atteints (20% vs 10%) ; parmi les professions relevées : agent d’entretien, coiffeuse, esthéticienne, technicien de laboratoire.
- L’exposition professionnelle à ces perturbateurs est également confirmée chez les pères (40% vs 27%).
- Enfin, l’exposition environnementale est également en cause, avec la présence plus fréquente à proximité du domicile (<3 km) de zones industrielles, incinérateurs, déchetteries.
L’étude suggère fortement que les perturbateurs endocriniens sont un facteur de risque majeur d’hypospadias via l’exposition professionnelle et/ou environnementale. L’association de différents types d’exposition peut augmenter ce risque, concluent les auteurs. Dans un interview, les chercheurs révèlent aussi que la pollution entraîne chez le garçon » un problème de micro-pénis et l’apparition de glande mammaire à la puberté « .
Source: European Urology 23 May 2015 Is Hypospadias Associated with Prenatal Exposure to Endocrine Disruptors? A French Collaborative Controlled Study of a Cohort of 300 Consecutive Children Without Genetic Defect
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