Absentia (Le monstre du tunnel)

genre: horreur, épouvante, fantastique (interdit aux - 12 ans)
année: 2011
durée: 1h27

l'histoire: Le mari de Tricia, Daniel, disparaît brutalement. Après de nombreuses recherches, il est déclaré mort. Callie, la petite sœur de Tricia, vient vivre avec elle. Après une promenade, Callie trouve un tunnel à côté de la maison. Elle s'y perd et découvre que ce mystérieux tunnel fait lien avec la disparition de Daniel. 

La critique :

Le nom de Mike Flanagan ne doit pas vous évoquer grand-chose. Pourtant, ce dernier s'est surtout distingué en tant que monteur expérimenté pour des séries télévisées. Passionné à la fois par le cinéma fantastique et horrifique, Mike Flanagan met en boîte (façon de parler...) plusieurs films qui sont restés anonymes, notamment Still Life et Ghost of Hamilton Street.
En l'occurrence, Absentia, qui est sorti directement en dvd en 2011, est une petite production indépendante, réalisée avec les moyens du bord. Modeste production, le budget d'Absentia s'élève à 70 milles dollars.

Inutile alors de préciser que le long-métrage ne mise pas vraiment sur ses effets spéciaux. Mike Flanagan décide de réaliser un film "d'ambiance", qui oscille entre le fantastique, l'épouvante et l'horreur (encore une fois, ses genres de prédilection). Attention, SPOILERS ! Déclaré mort par contumace, le mari de Tricia laisse un énorme vide dans la vie de la jeune femme, qui est néanmoins aidée par sa soeur, Callie.
Cette dernière se retrouve malgré elle attirée par un endroit mystérieux près de la maison et se rend compte que sa future mort pourrait paraître naturelle à l’image de la disparition du mari de Tricia. Ce dernier serait-il encore en vie et souffrirait-il du même mal ?

Au niveau de la distribution, les acteurs sont tous inconnus au bataillon. Katie Parker, Courtney Bell, Dave Levine, Morgan Peter Brown et Justin Gordon complètent le casting. Vous les connaissez ? Non ? Et bien, moi non plus ! Toujours est-il que les interprètes s'en sortent plus qu'honorablement. Au niveau des influences, impossible de ne pas penser à l'univers de Stephen King.
En effet, Mike Flanagan prend son temps pour planter son décor, une petite ville anonyme des Etats-Unis, et pour exposer ses personnages. Autant le dire tout de suite, le rythme d'Absentia est plutôt lent, presque lénifiant, ce qui pourra déconcerter la plupart d'entre vous.

Pourtant, force est de constater que les personnages sont crédibles. Pour une fois qu'un film d'horreur met en scène des personnages "normaux" et non des bimbos ou encore de jeunes étudiantes sorties tout droit d'un magazine de mode, on ne va pas s'en plaindre ! Le scénario d'Absentia se concentre essentiellement sur deux soeurs. L'aînée, Tricia, est une jeune femme épleurée qui a perdu son mari.
Ce dernier est porté disparu depuis plus de sept longues années. L'époux n'a donné aucune trace de vie durant cette longue période. Pourtant, depuis sa disparition, Tricia est irrésistiblement attirée par un tunnel qui se trouve à proximité de son domicile.

Quant à Callie, la soeur de Tricia, elle doit combattre ses démons intérieurs et se drogue pour tenter d'oublier un passé chaotique et douloureux. A partir de là, Absentia glisse peu à peu vers le fantastique. Des disparitions étranges ont lieu depuis plusieurs décennies. Un sentiment d'inquiétude et de paranoïa a envahi la communauté. Certains témoignages parlent d'une sorte d'insecte qui dévore ses proies à l'intérieur d'un tunnel. Evidemment, cette légende laisse les policiers perplexes et dubitatifs.
Mais est-ce vraiment une légende ? Mike Flanagan fait appel à notre imaginaire et à nos fantasmes morbides. Dans Absentia, il n'y a aucun artifice. Encore une fois, le film repose en grande partie sur son climat de terreur.

Le film peut également s'appuyer sur une photographie magnifique. Un grand soin a été apporté à la mise en scène. En l'état, Absentia est loin d'être un mauvais film. Hélas, le long-métrage pâtit de son manque de budget. On aurait aimé voir la créature, et non pas seulement une ombre maléfique s'emparer de ses victimes. Ensuite, le scénario aurait mérité davantage de fluidité et de profondeur.
Mike Flanagan semble assez mal à l'aise lorsqu'il évoque ce mystérieux tunnel, véritable métaphore psychanalytique entre le bien et le mal, la réalité et le monde de nos fantasmes morbides et sexuels. C'est vraiment sur ce dernier point qu'Absentia se loupe presque totalement, à l'image de sa conclusion finale, pour le moins très frustrante.
Mais ne soyons pas trop sévères, faute de moyens, Absentia se démarque par l'intelligence de son scénario et une atmosphère crépusculaire.

Note: 11.5/20

 Alice In Oliver