Sandy Powell, née à Londres le 7 avril 1960, est une costumière britannique, qui a reçu trois Oscars à ce jour : en 1999 pour Shakespeare in Love, en 2005 pour Aviator et en 2010 pour Victoria : Les Jeunes Années d'une reine.
Article de Grazia - Février 2015
Elle porte un nom d'héroïne du 7e art. Mais c'est en coulisse qu'elle oeuvre en imaginant les costumes les plus spectaculaires d'Hollywood. Dernier séisme visuel : Cendrillon.
On lui doit le costume lamé argent de Jonathan Rhys-Meyers dans Velvet Goldmine (1998), la robe paon de Judi Dench, reine Elizabeth de Shakespeare in love la même année, le haut-de-forme et le pantalon à carreaux de Daniel Day-Lewis dans Gangs of New York (2002) et, plus récemment, les costards amples à revers larges de Leonardo DiCaprio dans Le loup de Wall Street. A 54 ans, Sandy Powell est LA chef costumière britannique que les réalisateurs d'Hollywood s'arrachent depuis vingt-cinq ans, Martin Scorsese en tête.
Shakespeare in love
10.000 cristaux pour une robe
Quand elle pénètre dans la suite berlinoise où nous l'attendons, hyperlookée, flamboyants cheveux rouges ("un hommage à Bowie"), son sourire assumé laisse présager un entretien chaleureux. La veille, Cendrillon a reçu les faveurs du public lors de son avant-première mondiale, à la Berlinale. "Cendrillon est le film le plus scintillant sur lequel j'ai été appelée. 10.000 cristaux Swarovski ornent la robe de bal bleue. Mon équipe et moi avons mis trois mois à la penser. Vingt personnes ont travaillé ensuite sur sa confection, qui a requis 250 mètres de tissu et 500 heures de travail", nous confie-t-elle.
Une créatrice au fait des nouvelles technologies : pour la robe de la fée marraine, incarnée par Helena Bonham Carter, elle a collaboré avec le groupe Philips : "400 ampoules LED sont cachées sous son jupon. Un technicien suivait Helena partout pendant le tournage car elle devait être reliée à une prise électrique en permanence", s'amuse Sandy.
Elle a consacré au film un temps de travail proche de celui qu'elle a fourni pour Shakespeare in love, qui lui valut, en 1999, le premier de ses trois oscars (elle rafle le deuxième en 2005 pour Aviator de Martin Scorsese et le troisième en 2009 pour Victoria, les jeunes années d'une reine de Jean-Marc Vallée).
Victoria, les jeunes années d'une reine
Mais son plus gros défi fut Gangs of New York, sa première collaboration avec Martin Scorsese, qui "adore parler sape et toucher les costumes dès qu'il arrive sur un tournage, ce qui me plaît énormément". Sandy s'est attelée à la tâche un an avant le début du tournage : "C'est sans doute mon plus gros travail en termes de recherches et du nombre de costumes. Nous en avons créé mille."
Cet amour du costume, Sandy l'éprouve très tôt. "Petite, je créais des robes pour mes poupées." Classique. Mais le déclic se produit à 14 ans, devant un spectacle du chorégraphe Lindsay Kemp, prof de David Bowie, dont l'univers mêle danse, mime, burlesque et travestissement. Quand elle le rencontre quelques années plus tard, elle laisse tomber ses études de scénographie pour travailler à ses côtés. Puis, début 1980, elle téléphone au réalisateur Derek Jarman pour lui dire l'admiration qu'elle voue à son film Jubilee. Un coup de fil inspiré : peu de temps après, le cinéaste l'embauche sur Caravaggio. Sandy a 26 ans. Pour l'inspirer, Jarman lui offre Gypsies, un livre de photos de Josef Koudelka, de l'agence Magnum.
C'est ce même ouvrage qu'elle ressort des années plus tard, pour Gangs of New York, et dont l'un des protagonistes a inspiré le personnage d'Amsterdam Vallon, incarné par Leonardo DiCaprio. "Leo ? C'est plus facile de travailler avec lui maintenant", lâche-t-elle, énigmatique. Avant de conclure : "Je ne collabore pas avec les réalisateurs que je n'aime pas. Je pense que c'est important de bien s'entendre sur un tournage, sinon vous vivez un enfer."
Aviator
Pour Cendrillon, la costumière a reçu une enveloppe "énorme" de Disney. Nous n'en saurons pas davantage, son attachée de presse rattrape de justesse le montant que Sandy s'apprêtait à nous dévoiler. On est loin de Velvet Goldmine. Le budget de Sandy était si serré que la femme de Roger Daltrey, le chanteur des Who, lui avait prêté ses manteaux de fourrure.