La tension sur le terrain dans le jurd du Qaa et de Ras Baalbeck est montée d'un cran mardi quand les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), présents dans la zone, ont lancé une offensive, avant de se heurter à l'armée libanaise et au Hezbollah, rapportent des médias locaux.
Selon la chaîne LBCI, le parti chiite a détruit en matinée cinq véhicules appartenant aux jihadistes de l'EI à Zoueitiné et Jeb al-Jarad, ainsi qu'un site de lancement de roquettes à Qornet al-Kaf. La chaîne du Hezbollah, al-Manar, faisait état pour sa part de violents combats durant lesquels le parti chiite a repoussé des assauts des combattants de l'EI dans le jurd du Qaa et celui de Ras Baalbeck, deux zones chrétiennes de la Békaa-nord, à la frontière avec la Syrie. Les combattants chiites ont par la suite pourchassé les éléments de l'EI sur les hauteurs entourant les deux localités. Les combats auraient fait plusieurs tués et blessés dans les rangs des jihadistes, selon al-Manar.
Plus tard en cours de journée, l'aviation de l'armée libanaise est entrée en scène. Selon la LBCI, les hélicoptères de la troupe ont bombardé les jihadistes dans le jurd de Ras Baalbeck. Les militaires se sont également déployés en masse dans la ville de Qaa jusqu'au jurd de Ras Baalbeck. Ce n'est pas la première fois que la troupe cible les éléments armés dans la zone. En mars dernier, elle avait mené plusieurs opérations afin de repousser les combattants islamistes loin des deux villages.
"Seule l'institution militaire peut nous protéger"
Face à ce regain de tension, les habitants de Qaa et Ras Baalbeck se disent inquiets, mais semblent réconfortés par la présence de l'armée.
"Depuis ce matin nous pouvons entendre les bruits des combats et des détonations qui ont lieu dans le jurd de Qaa", raconte à L'Orient-Le Jour le père Elian Nasrallah, qui réside dans cette bourgade. Il explique toutefois ne pas percevoir le lieu exact des affrontements, en raison des collines qui séparent le jurd de la ville. "L'armée a renforcé sa présence à l'intérieur de Qaa et dans les environs, sans toutefois dresser des barrages, ajoute-t-il. Il y a beaucoup d'engins blindés sur place, et cela nous rassure. Nous sommes plus sereins depuis le déploiement massif de l'armée dans la zone, il y a un mois et demi déjà". Le père Nasrallah explique par ailleurs que les éléments du Hezbollah ne se trouvent pas dans la ville de Qaa et assure qu'"ils sont positionnés dans le jurd environnant seulement".
Dans cette bourgade, la vie suit son cours, poursuit le prêtre : "Les habitants vaquent à leurs occupations dans la ville, mais évitent de se rendre à l'extérieur".
A Ras Baableck, même son de cloche de la part d'un habitant qui a préféré garder l'anonymat. "Tout est normal, les examens du brevet ont eu lieu aujourd'hui, moi-même j'ai assisté à des funérailles dans l'église du village, et les commerces sont ouverts, explique cet homme. Mais nous pouvons entendre les bruits des obus qui s’abattent sur le côté est du jurd de la ville". Il confirme également un renforcement des positions de l'armée dans la zone. "Seule l’institution militaire peut nous protéger et nous sommes confiants en ses capacités, assure-t-il. De toute manière, nous n'avons pas vraiment le choix. Il s'agit de nos terres, et nous y resterons. Soit nous resterons dans nos maisons, soit nous finirons au cimetière du village", lâche-t-il.
Parallèlement, dans le jurd de Ersal, le Hezbollah a affirmé avoir ciblé un rassemblement de militants de l'EI. Selon la chaîne du parti chiite, l'un des dirigeants du groupe extrémiste au Qalamoun, présenté comme étant un ressortissant saoudien dénommé Walid Abdel Mohsen al-Omari, aurait été éliminé dans l'attaque.
La formation chiite livre depuis plusieurs semaines une guerre aux jihadistes sunnites dans le jurd de Ersal, dans la Békaa, mais également dans le Qalamoun syrien, à la frontière libanaise.
Source : lorientlejour