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Ferme des 1000 vaches : un ex-salarié révèle la maltraitance des animaux

Publié le 10 juin 2015 par Bioaddict @bioaddict
Le journal Reporterre a publié le témoignage accablant d'un ex-salarié de la ferme dite des "Mille vaches", située près d'Abbeville dans la Somme : " Ils m'ont traité comme un chien et ils maltraitent les vaches. C'est pour cela qu'aujourd'hui je parle. " Dans cette usine, les vaches ne verront, de leur vie, ni un pré ni un brin d'herbe. Ici, on exploite l'animal comme une machine.

Sous couvert d'anonymat, un ex-salarié de la ferme-usine a accepté de se confier au journal Reporterre. " Ils m'ont traité comme un chien et ils maltraitent les vaches. C'est pour cela qu'aujourd'hui je parle " explique-t-il.

L'association de défense des animaux L214 a pu se procurer l'intégralité du témoignage, qui a été révélé dans un communiqué de presse et dont voici des extraits :

" Ce qui frappe d'abord, c'est l'état des vaches : épuisées, elles tombent de fatigue, elles sont amorphes, comme mortes, sans réaction. Elles ne réagissent pas aux gestes qu'on fait près d'elles et auxquels elles réagissent normalement. On doit utiliser un pince hanche pour les relever quand elles ne le peuvent plus ; au moins deux vaches tombent par semaine. On utilise aussi ces pinces quand elles se trouvent coincées dans leur logette et ne peuvent plus en sortir. "

" La nourriture vient de partout, en grande quantité, de France et de Belgique. Les 5 à 10% qui sont la quantité normalement refusée par les vaches, et qui devraient être jetés car gâtés, sont systématiquement collectés, remélangés et reproposés aux animaux, cela fait de la nourriture avariée, avec des boulettes de pourri. Le silo de stockage de maïs n'est pas régulièrement nettoyé et récemment on en a sorti deux remorques de nourriture pourrie. "

" On compte une mortalité d'environ 2 à 3 vaches et 5 veaux par semaine. Un associé de Ramery, Christophe Deneux (le seul qui ait été vu comme travaillant à la ferme) a déclaré que la moitié de son troupeau de départ - pourtant des Montbéliardes résistantes - était morte, soit 30 vaches sur les 60 qu'il a ramenées. "

" Les vaches sont très sales, beaucoup dans les logettes n'arrivent pas à se relever, trop faibles. "

" Sur le troupeau on compte au moins 300 boiteries. Les pattes souffrent beaucoup à cause du sol en béton. Le béton qui est partout est l'ennemi de la vache. "

" La cause première de la mortalité est le manque de suivi. Les vaches sont malades et ne sont pas toujours soignées. Ce manque de suivi animal est évident et alarmant. La souffrance animale est importante. "

" Les vaches vivent dans leurs excréments de façon permanente. On peut dire qu'elles souffrent toutes. Les logettes devraient être paillées tous les 2 jours, c'est fait tous les 15 jours ! "

" Si une visite des Services Vétérinaires correcte était faite, cette ferme serait fermée. Les vaches ont sans doute la paratube, maladie contagieuse pour elles. "

" Pour l'abreuvement aussi, le personnel doit utiliser le moins d'eau possible. Par exemple, les abreuvoirs sont noirs : ils devraient être nettoyés chaque jour, ils le sont tous les 15 jours, irrégulièrement, et sont donc très sales, car les vaches ont de la nourriture sur le museau et cet ensilage pourrit dans l'eau. "

L214 porte plainte pour maltraitance auprès du tribunal d'Amiens

"Une inspection menée en urgence par la Direction Départementale de Protection des Populations (DDPP) vient de confirmer la présence surnuméraire de 294 vaches" précise de plus l'association L214 qui a décidé de porter plainte pour maltraitance.

"L214 a décidé de déposer une plainte pour mauvais traitements auprès du Procureur de la République d'Amiens. Devant l'incapacité des exploitants à s'occuper correctement des animaux et à se plier au respect de la réglementation (permis de construire, nombre d'animaux, ...), L214 demande aux autorités d'agir pour que la fermeture de cette usine intervienne au plus vite" précise l'association dans son communiqué.

Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214, a également déclaré : " La réalité dépasse la fiction ! Vaches épuisées, nourriture moisie, boiteries généralisées, surmortalités, vaches non soignées et en souffrance, l'élevage des 1000 vaches fait la démonstration grandeur nature de ce que représente un élevage industriel pour les animaux. CQFD ! Le dépassement du seuil maximum de 500 vaches à 794 est l'ultime provocation. Nous demandons aux autorités d'agir au plus vite et d'ordonner la fermeture de cet élevage qui n'aurait jamais dû voir le jour. "

Par ailleurs, il faut savoir que le tribunal administratif d'Amiens est sur le point de rendre son jugement sur le recours déposé, entre autres, par les associations Novissen, L214 et la Confédération paysanne contre les permis de construire et d'exploiter.

"L'agriculture est en train de se crasher dans le mur de l'industrialisation à outrance. Mais que veulent les citoyens ? Que veulent les paysans ? Que veulent les élus ? Des fermes ou des usines ? Doit-on " fabriquer " l'alimentation comme on multiplie les pièces de voiture ? Non, non et non !" s'indignait déjà Laurent Pinatel, Porte-parole de la Confédération paysanne, en octobre 2014.

Les Français sont de plus en plus nombreux à se mobiliser contre les fermes-usines. Selon un sondage Odoxa publié le 22 février 2015 dans le journal Le Parisien, une écrasante majorité de Français (87%) souhaitent que la politique agricole favorise les "petites exploitations qui privilégient la qualité des produits". Une pétition nationale a ainsi été lancée par l'association de mobilisation citoyenne "Agir pour l"environnement". Face à ces révélations accablantes et à la mobilisation des Français, espérons maintenant que la justice prenne les bonnes décisions.

Stella Giani


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