Une femme, âgée de 27 ans, diagnostiquée à l’âge de 5 ans avec une maladie héréditaire du sang se fait prélever des fragments d’ovaire à l’âge de 13 ans, avant la puberté, avant de subir une greffe de cellules souches dans l’objectif de développer de nouvelles cellules sanguines saines. Une telle transplantation nécessite une immunosuppression, ce qui détruit généralement le fonctionnement des ovaires et entraine la stérilité. 10 années plus tard, la patiente se fait regreffer ses fragments de tissus ovariens. 4 ans plus tard, la jeune femme met au monde un enfant. La mère et l’enfant se portent bien.
Cette patiente était née avec une anémie falciforme (drépanocytose), une maladie héréditaire grave du sang, où les globules rouges, qui transportent l’oxygène dans le corps, se développent anormalement. Son état s’aggravant, les médecins avaient opté pour une transplantation de cellules souches sanguines à stade très précoce, provenant d’un donneur sain, capable de se diviser et se développer en différents types de cellules sanguines saines. Cette procédure, comme toute greffe, nécessite un traitement immunosuppresseur visant à réduire la réaction de défense du système immunitaire. Ce traitement détruit généralement le fonctionnement des ovaires, laissant les patients stériles.
Les médecins l’Université libre de Bruxelles ont donc décidé de prélever des échantillons de tissu ovarien et de les congeler, dans l’espoir de pouvoir y recourir à une date ultérieure et de préserver ainsi une option possible de fertilité pour la mère. L’utilisation de tissu ovarien congelé pour restaurer la fertilité est une pratique encore peu courante mais qui a déjà donné lieu à plusieurs naissances vivantes. Précisément, les chirurgiens ont prélevé et congelé 62 fragments de l’ovaire droit avant la greffe de moelle osseuse. La jeune patiente était alors âgée de 13 ans. La greffe de cellules souches a réussi, apportant une guérison quasiment complète de la drépanocytose.
10 ans après la greffe, la jeune femme souhaite fonder une famille : elle subit alors une auto-greffe de ses tissus ovariens. 4 mois plus tard, son taux d’hormones a atteint un niveau de fertilité, 5 mois plus tard la jeune femme a ses règles, 4 années plus tard, elle met au monde un garçon.
Environ 35 naissances vivantes ont été rapportées après auto-greffe de tissu ovarien cryopréservé chez des patientes adultes, mais c’est la première fois qu’un tel protocole est mené à bien à partir de tissu ovarien prélevé à un âge pré-pubère. C’est la première naissance vivante après autogreffe de tissu ovarien cryopréservé prélevé chez une femme âgée seulement de 14 ans. Si dans ce cas, la cause du prélèvement était la drépanocytose, ce succès peut apporter un grand espoir à d’autres adolescentes dans une situation similaire, en besoin de traitements, néanmoins néfastes pour leur fertilité, comme en cas de leucémie, par exemple.
Source:Human Reproduction June 9 2015 doi: 10.1093/humrep/dev128 Live birth after autograft of ovarian tissue cryopreserved during childhood
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