Au centre de cette étude, une protéine déjà documentée, l’alpha-synucléine, qui va former des agrégats dans le cerveau, dans la maladie de Parkinson et d’autres troubles neurodégénératifs. Cette équipe du CNRS (Institut des neurosciences Paris Saclay) identifie 2 formes spécifiques des fibres formées par la molécule, dites en forme de » linguines » et de » spaghettis » et parvient à les attribuer à deux maladies bien précises la maladie de Parkinson, et l’atrophie multi-systématisée (AMS). Des conclusions présentées dans la revue Nature le 10 juin 2015, importantes alors que jusqu’à 30% des patients peuvent être diagnostiqués de la maladie de Parkinson, à tort.
Le diagnostic de la maladie de Parkinson repose aujourd’hui sur l’étude des antécédents médicaux, des symptômes, d’un examen neurologique et physique, et par exclusion d’autres conditions. Cependant, jusqu’à 30% des diagnostics de Parkinson sont erronés. De plus, lorsque la maladie progresse, la quantité de dopamine produite dans le cerveau diminue, ce qui entraine une incapacité de contrôle du mouvement. Le besoin d’un test de détection efficace et précoce est donc important. D’autant qu’il n’existe actuellement aucun traitement définitif. Des scientifiques britanniques avaient déjà identifié la protéine alpha-synucléine phosphorylée chez les patients ayant la maladie de Parkinson et avaient proposé un processus pour identifier sa présence dans le sang, pouvant mener à un test sanguin simple. Une autre équipe de de la Mount Sinai School s’était attachée à identifier des signatures d’ARN en corrélation avec des mutations génétiques pathogènes chez les patients parkinsoniens. Enfin, citons cette recherche de la Mayo Clinic qui identifie la présence de protéines anormales associées à la maladie dans les glandes salivaires sous-maxillaires et qui suggère de tirer parti de ces données mais sur le patient vivant, pour développer un test salivaire.
Si la fonction exacte de l’alpha-synucléine pour le système nerveux reste mal connue, on sait que la protéine s’agrège sous forme de fibres dans le cerveau. Elle constitue alors des agrégats anormaux à l’intérieur des cellules nerveuses, appelés corps de Lewy. Ces agrégats sont retrouvés dans plusieurs maladies comme Parkinson, mais également dans l’atrophie multi-systématisée ou la démence à corps de Lewy.
En isolant d’abord 5 types de fibres d’alpha-synucléine différents, en les injectés séparément dans le cerveau et le sang de rats, les chercheurs ont pu étudier le processus de formation de nouveaux agrégats, leur passage du sang à travers la barrière hématoencéphalique et enfin, leur développement le long des axones des neurones.
· Mais, surtout, ils constatent que l’animal développe 2 formes distinctes de maladies selon la fibre inoculée : la maladie de Parkinson et l’atrophie multi-systématisée. Cela prouve bien que des maladies distinctes proviennent de fibres distinctes d’alpha-synucléine.
Cette correspondance entre 2 types de fibres et 2 maladies distinctes pourrait permettre, dans un premier temps de mieux diagnostiquer Parkinson, mais à terme et plus largement, de développer de nouveaux modes de diagnostic pour l’ensemble des troubles neurodégénératifs caractérisés par des agrégats d’alpha-synucléine.
Source: Nature 10 juin 2015. DOI : 10.1038/nature14547 α-Synuclein strains cause distinct synucleinopathies after local and systemic administration (Visuel© © Ronald Melki, CNRS » Cellule en culture ayant fixé des fibres d’alpha-synucléine. Le cytoplasme de la cellule est marqué en vert, les fibres fixées sont en rouge. La cellule est observée à travers un microscope à fluorescence « )
Plus de 50 étudessur la Maladie de Parkinson
Lire aussi : PARKINSON: Diagnostiquer plus tôt avec un nouveau test sanguin –
PARKINSON: Vers un test de diagnostic sur la glande salivaire –
PARKINSON: Un simple test sanguin pour détecter la maladie –