Magazine Côté Femmes

Jil sander : paglialunga, saison 1

Par Aelezig

Article de Marie-Claire - Mars 2015

Retour sur le premier défilé très remarqué de Rodolfo Paglialunga, l'Italien qui succède à la fondatrice de la marque phare du minimalisme. Il nous dévoile, en exclusivité, ses inspirations pour un printemps-été affûté mais plus spontané.

z01

Tout au long du premier défilé Jil Sander par l'Italien Rodolfo Paglialunga, mille et cent bleus sont mixés à des tonalités neutres, des chemises en popeline dépassent ça et là sous des mailles qui twistent, les jupes à panneaux semblent calées à la va-vite sur les hanches à l'aide d'une large ceinture... "D'emblée, j'ai voulu instaurer une idée de silhouettes spontanées, proposer un dressing moins figé et plus accessible tout en demeurant dans le registre du luxe. Le minimalisme cher à cette maison dans les années 1990 doit trouver une nouvelle expression", explique le nouveau directeur créatif de la griffe fondée, en 1973, par Jil Sander, rédactrice de mode originaire de Hambourg. Il poursuit sur un ton presque badin : "J'ai grandi dans un pays un peu plus ensoleillé. Alors, forcément, je suis tenté de réchauffer l'atmosphère ! Mais c'est surtout que la mode, les tendances comme les femmes, ont considérablement changé. Cette marque a d'ailleurs inspiré beaucoup d'enseignes de grande distribution. Sans parler du fait qu'elle a souvent changé de mains."

A trois reprises, entre 2000 et 2013, Jil Sander a effectivement quitté la maison qui porte son nom. Dans les intervalles, des designers lui ont fait prendre de nouvelles directions. "La maison n'a pas d'archives, élude Rodolfo Paglialunga. Voir comment les vêtements étaient construits à l'origine aurait certainement été instructif. Mais je considère que ce vide est un mal pour un bien. On n'évolue jamais en regardant trop le passé. D'autre part, j'ai un souvenir assez précis de la marque à sa grande époque. La mode sortait des 80's, période d'excès en tout genre. On avait besoin de se rincer les yeux, de se nettoyer l'esprit. Jil a insufflé ce grand retour à un style plus sobre, sophistiqué et intime, tourné vers celui qui porte le vêtement. C'était révolutionnaire. Son oeuvre représente énormément pour moi."

A l'époque, ce natif de Tolentino, dans la région des Marches, vient de finir ses études de style à l'Institut Marangoni de Milan. Il débute sa carrière comme assistant du créateur Romeo Gigli. Puis décroche un poste au côté de Miuccia Prada, qu'il secondera pendant plus de dix ans : "Une autre femme qui a considérablement fait avancer la mode contemporaine", lâche celui dont la première collection pour Jil Sander comporte des hommages en filigrane.

z02

L'inspiration "officielle" de cette saison est Annemarie Schwarzenbach, écrivain, journaliste et aventurière suisse qui s'est fait remarquer par ses écrits autant que ses looks dans les années 30. "Elle incarnait une forme de beauté pas conventionnelle et androgyne qui deviendra plus tard un standard", explique Paglialunga, qui parle de "coalition des genres" au sein de sa proposition. Une mixité qui se lit davantage sur le papier que sur le podium. En effet, l'été 2015 de Jil Sander est très féminin, essentiellement composé de jupes ou de bermudas comme drapés sur les hanches. Cette "main couture" rappelant le passage du designer italien, entre 2009 et 2011, chez Vionnet comme directeur artistique. "Imaginer des étoffes exclusives puis les mettre en forme selon la technique parisienne du flou ont été des expériences très enrichissantes. Mais je dois avouer que ma sensibilité personnelle est plus proche de celle de Jil Sander."

Rodolfo Paglialunga est si à son aise dans sa nouvelle maison qu'en janvier 2015, il s'est essayé à la mode masculine pour la toute première fois de sa carrière, et a connu le même succès qu'en mode féminine.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte