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je suis l’auteur de L’insurrection qui vient. Mais moi, j’ai des preuves.

Publié le 12 juin 2015 par Mister Gdec

Le parquet du tribunal de grande instance de Paris vient de demander le renvoi en correctionnelle de huit personnes, dont trois pour actes de terrorisme, dans l'affaire dite " de Tarnac ". Une affaire lancée voilà sept ans par une opération à grand spectacle qui avait vu les forces de l'ordre cagoulées se déployer autour d'une " épicerie tapie dans l'ombre ". La défense pugnace des mis en cause et quelques enquêtes sérieuses ont permis depuis longtemps à tout un chacun de comprendre qu'il s'agissait d'une opération de communication du pouvoir sarkoziste de l'époque. Une opération que, par esprit de corps, la police et la magistrature, avec l'appui du personnel politique au pouvoir aujourd'hui, n'ont pas voulu démentir. Et quel pouvoir peut-il, de nos jours, se passer de l'antiterrorisme, ne fût-ce que pour remonter brièvement dans les sondages ?

Dans le récent réquisitoire, un acte de sabotage présumé, qui ne pouvait en aucun cas entraîner de dégâts humains, qualifié d'ordinaire comme " acte de malveillance " est devenu un acte cherchant à imposer une idéologie " par l'intimidation et la terreur ". Pour effectuer cette transmutation, le parquet s'appuie sur un livre : L'insurrection qui vient, ouvrage dont, tout en reconnaissant qu'il est le fruit d'un travail collectif, l'accusation décide arbitrairement que Julien Coupat est " la plume principale ". Et cela, contre les déclarations réitérées de l'intéressé. L'enjeu, pour les magistrats, est de créer une figure de chef, tant il leur est difficile d'imaginer une pratique politique qui s'en passerait.

Que des juges s'attribuent ainsi la compétence d'entrer dans le délicat travail de l'écriture ne peut laisser indifférent ni un auteur ni un lecteur de livres. Cela laisse d'autant moins indifférent quand on considère que l'intimidation des populations est la politique réellement poursuivie par tous ceux qui pratiquent le chantage au chômage pour imposer la paix sociale, et que la dénonciation de la " terreur " cache de plus en plus mal les pratiques proprement terrifiantes des forces armées " démocratiques " dans nombre de théâtres d'opérations extérieurs.

L'insurrection qui vient est avant tout un ouvrage, discutable et discuté, critiquant la société capitaliste. La liberté d'expression ne saurait se limiter au " droit au blasphème " : qu'un livre politique devienne la pièce centrale d'un procès où de lourdes peines de prison sont encourues, prouve de manière irréfutable qu'il s'agit bien d'un procès politique.

Nous avons le droit de dire qu'il faut transformer le monde. Nous avons également le droit de dire que, comme souvent par le passé, à l'instar de ce que rappelle l'Histoire, cela ne se fera probablement pas dans le strict respect de ses lois et règlements. Traiter en " terroriste " ce qui a trait à la révolution, ou du moins à sa possibilité, est de très mauvais augure. D'ailleurs, cela n'a pas porté chance à un Ben Ali ou un Moubarak.

L'insurrection qui vient est une expression parmi bien d'autres d'un courant de critique de la civilisation capitaliste. Si ses positions sont discutables, c'est toujours du point de vue de cette entreprise multiforme de critique du vieux monde dans laquelle je me reconnais et qui n'appartient à personne.

C'est pourquoi il me semble important de passer enfin aux aveux : le véritable auteur de L'Insurrection qui vient, c'est moi.


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